Mauvaise nouvelle pour les ménages les plus modestes. Ceux qui sont obligés de se déplacer pour travailler. Dans une logique environnementale (améliorer la qualité de l’air), plusieurs métropoles françaises n’autorisent plus la circulation des véhicules classés Crit’Air 3 depuis le 1er janvier 2025, dans le cadre de leur Zone à faible émission (ZFE). Montpellier en fait partie. Toulouse, Nîmes et Perpignan sont également concernées.
Qu’ils l’approuvent ou pas, les élus des métropoles françaises sont bien obligés de mettre en place la fameuse Zone à faible émission-mobilités (ZFE-m). “Si cela s’entend du point de vue de de la lutte contre la pollution, c’est au niveau des
modalités d’application que cela pose problème, en particulier dans de plus petites
agglomérations comme la nôtre” souligne-t-on à la mairie de Perpignan.
Car, précise-t-on : “L’une des singularités de notre département est d’être un territoire peu urbain, dans la mesure où il existe une seule commune de plus de 15 000 habitants. Perpignan bénéficie d’une forme de “centralité exclusive” (…) Perpignan centralise plusieurs infrastructures et services à la population essentiels : aéroport, gare routière, hôpital, université… Même réduite à la surface de Perpignan, la ZFE sera donc excluante“.
Montpellier à la pointe des restrictions de circulation
La Métropole de Montpellier-Méditerranée est quant à elle bien impliquée dans ces zones, en pointe avec Paris, Lyon, Strasbourg et Grenoble dans le renforcement des restrictions de circulation sur les vignettes Crit’Air 3 (les voitures diesel immatriculées avant 2011 et celles à essence datant d’avant 2006).
Couplé avec ce renforcement de la ZFE, l’augmentation des tarifs de transports en commun pour les non-résidents, à Montpellier, ne lasse pas d’interroger sur les choix de la seconde ville d’Occitanie en matière d’accueil et de mobilités pour ceux qui sont dans l’obligation de se déplacer.
Comme le soulignait récemment Alenka Doulain (présidente du groupe MUPES au conseil métropolitain) “la gratuité des transports ne profite qu’aux habitants du coeur de la Métropole, laissant ceux des territoires voisins, souvent travailleurs ici, payer des tarifs de plus en plus élevés surtout que la plupart paye le versement mobilité dans leur entreprise, pour eux c’est la double peine. Cette mesure envoie un message de rejet et de mépris à ces travailleurs, tout en ne proposant aucune alternative viable à la voiture.”
A Toulouse “les sanctions, ce n’est pas pour demain”
C’est un autre son de cloche à Toulouse, dont la municipalité avait suspendu l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 dans sa ZFE depuis octobre 2023. La “fracture sociale”, c’est également ce qui est mis en avant par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Dans un entretien à nos confrères de La Dépêche-du-Midi, l’élu déclarait ce 2 janvier : “La transition vers des véhicules moins polluants est une excellente chose (…) Je n’ai pas critiqué la mesure sur le fond, mais la manière dont elle a été imposée”, rappelant que pour lui “cette transition énergétique était trop brutale, trop rapide.” Et soulignant enfin que “les sanctions ne sont pas pour demain”.
Nîmes consulte et prévoit des dérogations
Dans le Gard, la ville de Nîmes a ouvert, au mois d’octobre 2024, une consultation à ses habitants via sa nouvelle plateforme de participation citoyenne en ligne. “Au-delà de l’instauration obligatoire de ce dispositif, nous sommes déjà convaincus qu’il faut préserver et même améliorer la qualité de l’air pour la santé des habitants”, indiquait alors Claude de Girardi, adjointe déléguée à la Mobilité, à la Circulation et au Stationnement : “A Nîmes, la mise en place de la ZFE-m et de ses contraintes se fera de manière progressive, en prenant en considération les réalités sociales et les besoins d’ajustement de cette mesure nationale.”
Depuis le 1er janvier 2025, à Nîmes, seuls les véhicules qui relèvent des normes antipollution les moins strictes, dits “non-classés”, sont concernés par les restrictions de circulation (ils représentent moins de 3 % des voitures du parc roulant nîmois et 12 % des poids lourds).
Si le périmètre de la ZFE-m comprend l’ensemble du territoire nîmois, selon les limites communales, “plusieurs itinéraires sont dérogatoires : réseau autoroutier (A9, A 54), routes nationales (N106, N113), axes de desserte des zones industrielles de Grézan (D999) et de Saint-Césaire (D40, D613), ce qui permet d’accéder au CHU notamment, et axes départementaux permettant de conserver une continuité d’itinéraire hors ZFE.”
En outre, des dérogations sont possibles pour les véhicules d’intérêt général ou de transport en commun, ainsi que pour les “petits rouleurs” qui parcourent moins de 8 000 km par an.
Ici comme ailleurs, comme souvent, ce n’est pas le principe mais la méthode imposée par l’Etat qui interroge. Même l’Allemagne, pays précurseur dans la mise en place des ZFE, a modéré ses contraintes en la matière. De plus en plus d’élus s’interrogent. Affaire à suivre.
Philippe MOURET
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Aller plus loin :
Gouvernement : https://mieuxrespirerenville.gouv.fr/fiches-thematique/se-deplacer/zfe-francaises
Pétition contre les ZFE : https://mobilisation.40millionsdautomobilistes.com/petition-zfe-zones-a-faibles-emissions
Le site officiel de la vignette Crit’Air (certificat qualité de l’air) : https://www.certificat-air.gouv.fr/
On en a parlé :
Transports : ZFE, dis-moi ton “Crit’Air” et je te dirai qui tu es
Humeur / Mobilités : ZFE, ou l’art de “mettre la charrue avant les boeufs”