Mobilités : La fronde se poursuit contre les Zones à faibles émissions (ZFE)

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Déjà en janvier 2023, une proposition de loi (RN) visant à supprimer les Zones à faibles émissions (ZFE) avait suscité de vifs débats à l’Assemblée Nationale, avant d’être rejetée par 109 parlementaires, contre 94 voix en sa faveur. En ce mois de janvier 2025, bis repetita, alors que 30 nouvelles zones ont été mises en place au 1er janvier…

Une nouvelle proposition de loi “visant à supprimer les zones à faibles émissions – mobilités” a été déposée le mardi 4 février. Nouvelle étape dans un débat qui ne cesse de diviser les français.

Diviser ? Rappelons tout de même que la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat avait organisé (du 17 avril au 14 mai 2023) une consultation ayant recueilli un nombre record de 51 346 réponses, de particuliers ou d’entreprises. Et ceux ci se montraient “respectivement opposés à 86% et 79% à la mise en place de ces zones.” Pas si divisés que cela, donc.

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Des mobilisations et des recours

Et pourtant, si elles n’étaient que douze en 2024, leur nombre est passé à 43 en 2025, concernant désormais en Occitanie des villes telles que Nîmes et Perpignan. C’est cependant l’agglomération de Montpellier qui focalise l’attention pour sa zone concernant également les communes de Castelnau-le-Lez, Clapiers, Grabels, Jacou, Juvignac, Lattes, Le Crès, Pérols, Saint-Jean-de-Védas et Villeneuve-lès-Maguelone.

En effet, Montpellier et Grenoble sont en pointe avec l’interdiction (dont elles étaient jusque là exemptées) des véhicules Crit’Air 3. Ce qui faisait dire à l’avocat Me David Guyon, dans les colonnes de nos confrères de Midi Libre “on ne trie pas des véhicules, on trie des gens.” Un recours a été déposé contre la ZFE par cet avocat représentant l’Association des libertés fondamentales.

L’aspect “antisocial” des ZFE, c’est aussi l’argument de l’écrivain Alexandre Jardin, lui aussi  vent debout contre cette nouvelle “discrimination”, avec une mobilisation en ligne qui appelle à contacter les maires concernés : “Faites vous entendre, restez dignes et gardez votre liberté de rouler. Les centres-villes sont pour tout le monde !”

Deux avocats du barreau de Paris, Séverine Manna et Rémy Philippot, entendent également mener une action de justice collective contre ces dispositifs qu’ils jugent “injustes et inadaptés.” Ils expliquent sur le site AutoPlus que “les restrictions imposées par les ZFE affectent particulièrement les ménages les plus modestes, qui n’ont pas toujours les moyens de remplacer leur véhicule. Ces mesures ont été gravement sous-évaluées, et nous estimons qu’elles portent atteinte à la liberté de circulation et aux droits fondamentaux des citoyens.”

La France Insoumise dénonce une verbalisation des pauvres

Sur l’échiquier politique, La France Insoumise (LFI) est également mobilisée. Le parti réclame “un moratoire (…) et donc la suspension des interdictions de circulation prévues à cette date, la suspension des amendes et l’arrêt du projet de mise en place de radars.”

Les ZFE reviennent à exclure une partie de la population, c’est totalement injuste !” affirme ainsi la députée LFI Anaïs Belouassa Cherifi. “Comment améliorer la qualité de l’air ? En verbalisant les pauvres, vraiment ? Les gens qui rouleraient en voiture de 2011 le feraient par choix ?” interroge L’Insoumission.

Déjà, la consultation du Sénat révélait que “dans toutes les catégories socioprofessionnelles, le coût trop élevé des véhicules “propres” est le premier obstacle rencontré par les ZFE-m.”

Philippe MOURET

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