Méditerranée : Depuis Sète, Corsica Ferries lance deux lignes vers la Corse et Les Baléares

Ph. Corsica Ferries.

La compagnie low cost ouvre des traversées hebdomadaires vers Majorque et l’Île Rousse au départ de Sète. Un test de quelques semaines qui pourrait se transformer en liaisons pérennes. Le point avec le patron de la compagnie.

Après les ports français de Nice et Toulon, Corsica Ferries ouvre deux nouvelles lignes au départ de Sète (Hérault). “Sète, c’est un port de départ stratégique pour les habitants du Sud-Ouest à la Bretagne afin de gagner plus rapidement la Corse et les Baléares”, explique Pierre Mattei, le président. La première ligne ouvre le 10 avril vers Alcudia à Majorque, en Espagne. Une seconde ligne maritime reliant Sète à l’Ile Rousse en Corse (“Pour participer au regain touristique vers l’Île de Beauté”), sera mise en place le 1er juillet prochain. Sans aide publique sur l’activité de transport, sauf une, pour le “branchement à quai, à Sète, de la Région Sud pour les investissements à bord du bateau”, confie-t-il. Un bateau qui, aux dires de Pierre Mattei, fonctionnera à l’électricité quand il sera amarré à quai. “Le plan d’investissement est en cours”, confie-t-il.

Séduire des clients d’Occitanie et s’affirmer face à des concurrents

Pierre Mattei, P.-D.G. de Corsica Ferries. Ph. C.F.

“Première compagnie maritime à rallier la France aux Baléares en 2018”, Corsica Ferries, qui réalise “plus de 300 M€ de chiffre d’affaires”, élargit donc son offre composée de trente lignes maritimes dont la liaison est assurée par 14 navires vers la Corse, donc mais aussi vers les Baléares (Minorque, Majorque), la Sardaigne, l’Île d’Elbe. La compagnie, qui opère jusqu’à 45 traversées par jour, ce qui lui a permis de transporter 3,6 millions de passagers et 1,3 million de véhicules en 2022, espère faire mieux et séduire des clients d’Occitanie et même jusqu’à la Bretagne et de s’affirmer  ainsi face à des concurrents, comme Corsica Linéa (ex-SNCM), La Méridionale ou l’italienne Moby Lines. Elle le fait depuis Nice ou Toulon en servant Ajaccio, Bastia, l’Île Rousse ou Porto Vecchio.

L’électrification du port de Sète a été un argument

“Le port de Sète est idéal pour rapprocher l’Ouest de la France et les îles méditerranéennes. En pleine saison, il est facilement accessible au départ de la région parisienne grâce à la A 75 qui est gratuite et évite les bouchons de l’A7. Un gain en temps et en émission de CO2.” Il y aussi le fait, avance Pierre Mattei, “que l’électrification des quais du port de Sète soit déjà opérationnelle et que tous nos navires de la classe Méga soient déjà ou en cours d’équipement pour des escales zéro émission a aussi été décisive dans le choix de ce nouveau port”.

L’électrification du port et son effort pour être écolo, Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Et d’ajouter : “Pour offrir une expérience confortable et agréable aux chiens, en évitant les stress liés à la séparation, au voyage et à la chaleur dans les chenils, ils sont accueillis dans les espaces publics à bord ainsi que dans des cabines spécialement conçues pour leur bien-être.”

“On s’est dit qu’il pouvait y avoir des avantages d’ouvrir à Sète”

Reste que l’initiative de lancer deux nouvelles lignes dont une vers les Baléares s’était, par le passé, soldé par des échecs. Pourquoi Pierre Mattei croit au port sétois ? “Déjà, on est la seule ligne France continentale-Baléares avec Toulon. Et elle fonctionne bien depuis plusieurs années. On est très contents de sa réussite commerciale. On est, par ailleurs, ceux qui ont réussi des lignes internationales au départ des Baléares. On fait aussi Minorque et Majorque. On s’est dit qu’il pouvait y avoir des avantages d’ouvrir à Sète. De se rapprocher géographiquement des Baléares pour les clients français. Et de se rapprocher des autoroutes du Sud de la France et des Toulousains. Sète offre également une électrification de ses quais intéressante pour nous qui avons une politique dans ce sens pour toute la flotte. D’où l’essai en 2024.” Et embarquer à Sète, via l’A 75, notamment c’est aussi avoir “moins d’embouteillages” que depuis Toulon via la Vallée du Rhône.

Ph corsica Ferries.

D’autres projets de lignes ? “On y réfléchit”

Et si le test est concluant, si les réservations répondent bien, Corsica Ferries pérennisera ces deux liaisons. “Avec notre politique de “hubbing”, d’utilisation de plusieurs des ports sur plusieurs destinations à la fois, cela nous permet de tester des destination”, en dépensant moins de budget que si une ligne maritime était créée ex nihilo. L’expérience, si elle est transformée, pourrait déboucher sur d’autres projets de lignes. “On verra. On y réfléchit. C’est dans les cartons. On est toujours en trains de réfléchir pour s’adapter à la demande”, dit-il.

En Italie, les règles sociales sont identiques à celles de la France

Navigant sous pavillon italien, “mais avec des règles de navigation françaises”, Corsica Ferries emploie essentiellement des marins italiens. Mais ce n’est pas pour du dumping social, certifie Pierre Mattei : “La société s’est constituée au départ en Italie où l’on a commencé à travailler pendant 40 ans. On est restés dans cet écosystème-là. Et les règles sociales y sont identiques à celles de la France. Ce n’est pas parce que c’est plus avantageux. Les règles qui ont libéralisé le cabotage national, qui permettait à des pavillons européens d’opérer en France ou en Italie, ou en Grèce a permis aux Etats d’imposer leurs propres règles socialesLa France impose donc ses propres règles sociales. A la différence de ce qui se passait en Manche où il n’y a pas de réglementation nationale.” Comment fait Corsica Ferries pour proposer des prix aussi bas ? “On est performant”, répond Pierre Mattei. “Il y a des supermarchés qui sont moins chers que d’autres ; des hôtels qui sont moins chers que d’autres…”

Olivier SCHLAMA

  • Offre spéciale : “Les 777 premières réservations sur la ligne Sète-Alcudia bénéficient d’un tarif exceptionnel de 7 € TTC pour un aller simple vers Majorque par passager. Hors véhicule et cabine.”
  • Majorque. Dès le 10 avril 2024, chaque mercredi à 18 heures jusqu’à fin juin un navire quittera Sète pour rejoindre le port d’Alcudia, à Majorque, dans l’archipel des Baléares vers 9 heures. Pour le retour, départ à 18 heures pour une arrivée à 8 heures à Sète. A partir de 99 € TTC l’aller/retour par personne (sur la base de deux adultes, deux enfants et un véhicule cat B 4-5m).
  • Île Rousse. Les lundis 1er, 8 et 15 juillet un navire va relier le port de Sète à celui de l’Île Rousse, départ à 23 heures pour une arrivée prévue à 6h30. Pour le retour, départ à 10 heures pour une arrivée dans la soirée vers 21h00 à Sète. A partir de 99€ TTC l’aller-retour par personne (sur la base de deux adultes, deux enfants et un véhicule cat B 4-5m).

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