Écrans : L’Occitanie, décor rêvé pour le ciné-tourisme !

Sur le tournage de ITC (Ici tout commence). Photo : BIM/QUET Dominique

Ce tourisme-là, en croissance, permet de “vivre une expérience particulière en s’immergeant dans le cadre de ses séries préférées ou de films coups de cœur”, affirme le Centre national du cinéma, sondage à l’appui. Sète et l’Occitanie figurent en haut de l’affiche.

La Graine et le Mulet de Kechiche ; César et Rosalie de Claude Sautet ; la Pointe-courte d’Agnès Varda… Et bien d’autres. Sète et le 7e art, c’est un scénario validé depuis des décennies. Pour les séries du petit écran aussi, de Candice Renoir à Demain nous Appartient.  Le ciné et les lieux de tournage sont parfois mythiques. A Sète ou plus au Nord. Un Homme et une Femme (1966), qui a consacré la station joliment grise du Calvados. Ah, la Mustang blanche conduite par un homme, les planches de Deauville, la plage à marée basse, une femme… Ou le champion toutes catégories : Bienvenue chez les Cht’is (2008)…

“La France est le plus beau décor de cinéma”

Le documentaire de Sam Caro, qui a arpenté les villes rendues populaires par des films, souvent cultes, parfois mythiques, où ils ont été tournés en parle très bien qui vise à prouver que “la France est le plus beau décor de cinéma”. La plate-forme Netflix lance même avec Atout France un guide touristique qui fait la promotion des lieux de tournage des séries ou des films qu’elle produit. Et attirer des touristes en France. Avec même un film, publicitaire celui-là, imaginé avec le concours du service de du service d’information du gourvernement !

Carole Delga : “Objectif clair : être la première région européenne audiovisuelle…”

Sur le tournage de ITC (Ici tout commence). Photo : BIM/QUET Dominique

On le sait donc tous intuitivement depuis longtemps mais désormais une tendance perce. Encore émergent ces dernières années, le ciné-tourisme, qui consiste à choisir ses destinations de vacances en fonction des lieux de tournage des productions audiovisuelles, prend de l’ampleur. C’est le Centre national du cinéma (CNC) qui l’affirme, sondage de l’Ifop à l’appui. Notamment en Occitanie. Comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. En mai dernier, la ministre de la Culture avait même annoncé la liste des lauréats de La Grande Fabrique de l’Image doté de 350 M€. Onze des 68 projets retenus sont de la région Occitanie en tête des régions françaises. Carole Delga, présidente de la région Occitanie qui investit beaucoup, s’en était félicitée avec un “objectif clair : être la première région européenne audiovisuelle…”

“Huit touristes étrangers sur dix déclarent que films ou séries françaises leur ont donné envie de venir en France”

Ce tourisme-là, au grand dam des autochtones, parfois, “permet de vivre une expérience particulière en s’immergeant dans le cadre de ses séries préférées ou de films coups de cœur, décrypte le CNC. Les films et séries, en mettant en lumière une ville, une région, un mode de vie, des paysages, des traditions culturelles, constituent des outils efficaces de valorisation des territoires qui gagnent ainsi en visibilité et en attractivité”, est-il expliqué. Et cette tendance est telle qu’elle sous-tend des offres commerciales touristiques”.

Tournages à Villefranche de Rouergue. Le 10 octobre 2023, sur le film Olympe de Gouges incarnée par Julie Gayet. Ph. : Delpoux Dominique/Région Occitanie.

Ainsi, “près de 80% des touristes étrangers en visite en France déclarent avoir regardé au moins un de ces films français dans leur pays, les plus vus étant Intouchables et le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain”, tourné à Montmartre. Et : “Huit touristes étrangers sur dix déclarent que les films ou séries françaises qu’ils ont vus leur ont donné envie de venir en France, et plus d’un tiers très envie. Un pouvoir incitatif important quelle que soit la nationalité, tout particulièrement auprès des Espagnols, Chinois et Américains (fort % de très envie).”

Deux-tiers des Français déclarent que les oeuvres vues leur ont donné “envie de visiter les lieux de tournage”

Quant à l’impact du cinéma et de la fiction TV sur le tourisme en France, “près de neuf Français sur dix déclarent avoir vu au moins un de ces films français tournés dans une région ou une ville française identifiée” : de Bienvenue chez les Ch’tis (Nord-Pas-de- Calais), nettement en tête du classement, à Mascarade (Côte d’Azur) en passant par Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan (Saint Malo-Paris).

Sur le tournage de ITC (Ici tout commence). Photo : BIM/QUET Dominique

Mieux, le “niveau d’exposition aux séries françaises très important : près de neuf Français sur dix déclarent en avoir vu au moins une parmi la liste proposée. HPI (Lille) étant la plus vue, suivie de près par Plus belle la vie (Sète)”. Que ce soient des films ou des séries : même réponse : Les deux-tiers des Français interrogés déclarent que les films ou séries vus leur ont donné “envie de visiter les lieux de tournage”. Et “près d’un quart des Français ont pris la décision de visiter un lieu de tournage suite au visionnage d’un film ou d’une série en particulier. Les moins de 35 ans, CSP- et Parisiens sont les profils ayant le plus franchi le pas”.

Forte exposition aux films et fictions locales nourrit l’envie de visiter la région où elles ont été tournées

Enfin, l’enquête menée auprès de touristes français et étrangers en région livre des enseignements intéressants basé sur un échantillon de 516 touristes recrutés de façon aléatoire, âgés de 18 ans et plus – 260 touristes français et 256 touristes étrangers parmi les nationalités les plus représentées en région : Américains, Anglais, Allemands, Belges, Chinois, Espagnols – (1) dans quatre villes, lieux de tournage importants : Marseille (132 interviewes), Sète (130 interviewes), Tours-Amboise (130 interviewes) et Nice (124 interviewes) les plus représentées en régions.

Tournage France Télévision, Palavas-les-Flots (Hérault), mars 2023
Ph. Boutonnet Laurent/Région Occitanie

Les touristes français – le phénomène touche moins les touristes étrangers – ont largement regardé les films et séries tournés dans nos régions. Ils sont en effet 80 % à se souvenir d’avoir vu au moins un film ou une série tournés dans la région de visite, dont plus de la moitié spontanément. “La moitié des touristes regardent des œuvres françaises tous les mois, et ce principalement à la télévision. Une fréquence de visionnage élevée qui témoigne d’un attachement culturel et d’un intérêt prononcé pour la production audiovisuelle nationale”, indique l’étude. Cette forte exposition aux œuvres cinématographiques et fictionnelles locales nourrit l’envie de venir visiter la région où elles ont été tournées.

Une image positive des régions

Pour 83 % des touristes français exposés, les contenus visuels locaux sont synonymes d’image positive des régions ; 65 % déclarent que films ou séries qu’ils ont vus leur ont donné envie de visiter la région où ces oeuvres ont été tournées. Pour le CNC, le ciné-tourisme permet donc “de vivre une expérience particulière en s’immergeant dans le cadre de ses séries préférées ou de films coups de coeur”. À condition de ne pas être trompés par la “marchandise”. Et que le contexte de la fiction corresponde à une certaine réalité de la ville où l’oeuvre a été tournée. Attention, en effet au syndrome d’Emily in Paris, une série US où la capitale était totalement romancée. Voire fantasmée…

18 % des touristes français interrogés ont décidé de venir visiter Sète, loin devant la seconde ville, Nice, 9 %

Au petit jeu du palmarès, on apprend que 90 % des sondés ont eu envie de visiter Nice et la Côte d’Azur après avoir visionné des films conçus sur place, contre 67 % pour Sète et sa région, 59 % pour Tours et ses châteaux de la Loire et 54 % pour Marseille et ses environs. Et quand on présente une liste de films ou série, 27 % des sondés interrogés à Sète – où “les séries ont eu plus de visibilité que les films” – évoquent Candice Renoir, suivie de Demain Nous Appartient et la Graine et le Mulet. Tous sondés confondus et toutes villes confondues, 18 % des touristes français interrogés ont décidé de venir visiter Sète, loin devant la seconde ville, Nice, 9 %.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Réalisation d’une étude quantitative, en face-à-face sur tablette : entretien mené par l’enquêteur en français ou en anglais si le répondant parle l’une de ces langues. Questionnaire auto-administré sur tablette si le répondant parle une autre langue (avec choix parmi 4 langues). Les répondants ont été sollicités entre le 23 et 28 octobre 2023.

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