Confinement : Natation, marche, longe-côte sont tolérés, mais…

Les surfeurs s'en sont donné à coeur joie ce week-end. Même si c'est interdit. Photo : Olivier SCHLAMA Archives.

Si vous avez une attestation et que vous habitez à moins d’un kilomètre de la côte, vous pouvez aller piquer une tête en mer ou dans l’étang. Cela reste toutefois pour l’instant une tolérance dans un contexte d’une autre vague, très forte, celle de la pandémie.

L’appel de la mer a été plus fort. Ce week end, les surfeurs à Sète ou la Grande Motte se sont affranchis des règles du confinement pour aller chevaucher les vagues de leur passion. La natation fait pourtant partie des sports interdits en ces temps de disette sportive. À moins d’être un sportif de haut niveau, éducateur sportif ou le patient d’un médecin, compatissant, qui vous délivre une prescription médicale qui reste un sésame rare.

“La pratique de la natation en mer dans les 300 mètres est de la compétence des communes…”

C’est dans ce contexte que la préfecture maritime, compétente au-delà de la limite des 300 mètres du rivage, interdit “la pratique des loisirs nautiques de plaisance tels que le kite-surf, la planche à voile, le kayak ou le paddle, la plongée en apnée, la plongée en bouteille en loisir, etc.”, est-il écrit dans son arrêté du 2 novembre qui ne mentionne pourtant pas la natation. Peut-elle être pratiquée entre la rive et les 300 mètres ? La patate chaude revient aux maires : “La pratique de la natation en mer dans la limite des 300 mètres est de la compétence des communes”, complète un officier de la préfecture maritime, à Toulon. En lien bien sûr avec les préfectures départementales.

Nous n’avons dressé aucun PV ; on est dans la prévention”

Jean-Michel Weiss, responsable de la FAPM
Contrairement au panneau, la plage est désormais surveillée de près… Photo : Olivier SCHLAMA

Alors, peut-on, sans risque d’un PV de 135 €, aller nager ou marcher dans l’eau si tentante et dont les effets bénéfiques ne sont pas à démontrer ? Où, l’hiver, il n’est pas possible d’y rester longtemps et où l’on ne peut pas non plus rester bronzer, forcément. “Le maître-mot, c’est confinement”, tient à rappeler Jean-Michel Weiss, responsable de la police municipale de la Grande-Motte et de Fédération autonome de la police municipale Hérault-Gard, principal syndicat de la profession dont il est aussi secrétaire national.

L’appel d’un kite-surfeur de Vergèze…

“Dans ce cadre-là, ajoute-t-il, si on a son attestation pour aller se baigner une heure maximum et que l’on habite à moins d’un kilomètre, natation et longe-côte sont tolérées. Le principe général c’est que l’on est dans la prévention. Un exemple : vendredi, j’ai eu un appel d’un kite-surfeur qui était sur la route pour venir de Vergèze (Gard) pratiquer à la Grande-Motte… Ça ce n’est pas possible… Pareil pour quelqu’un qui resterait plus d’une heure dans l’eau.” À noter que la limite d’un kilomètre crée d’ailleurs une discrimination de fait. Il eût été préférable de permettre à tout un chacun de profiter de l’environnement public le plus proche de son domicile.

Aucun PV ni à la Grande-Motte ni à Sète

À cette heure, aucun PV n’a été dressé ni à la Grande-Motte ni à Sète, par exemple. “Toutes les polices municipales du littoral sont sur cette même longueur d’onde.” En effet : “A Sète, nous privilégions la prévention. Dans la mesure où les baigneurs sont en règle avec leur attestation, on tolère. Après, si les baigneurs restent trop longtemps ou si leur attestation n’est pas valable…”, confie Eric Peyriguez, le responsable de la PM en île Singulière.

Pourquoi donc, n’a pas été organisée une “plage dynamique” avec des sens de circulation et interdiction de poser sa serviette comme au printemps lors du déconfinement ? Plusieurs responsables avouent qu’avec la menace terroriste et le plan Vigipirate renforcé et la future loi Sécurité globale qui donnera davantage de prérogatives aux polices municipales, “on ne peut pas forcément avoir les personnels suffisants pour organiser tout ça”. Ne pourrait-on pas dans ce cas faire appel aux associations, comme dans certains pays… ?

Tout le monde avance une bonne raison pour déroger aux règles du confinement… Ce qu’il ne faudrait pas c’est de voir arriver les clubs et que les sorties s’organisent à plusieurs…”

Au-delà des 300 mètres toute activité de loisir est interdite. Photo : Olivier SCHLAMA

“C’est compliqué… Tout le monde avance une bonne raison pour déroger aux règles du confinement… Ce qu’il ne faudrait pas c’est de voir arriver les clubs et que les sorties s’organisent à plusieurs. Des études ont été faites, notamment à partir d’opérateurs téléphonique : eh bien, on constate qu’il y a trois à quatre fois plus de mouvements que lors du premier confinement. Or, ce que veut le gouvernement, c’est qu’il y en ait moins, tout simplement. On le constate tous : il y a toujours des bouchons sur l’autoroute !” Car les coups de canif dans le confinement sont nombreux.

On a des patrouilles qui croisent les mêmes personnes du matin au soir avec une attestation de sortie différente : pour faire de l’exercice, pour sortir le chien, faire les courses…”

Tout le monde a de bons “arguments”... “Prenons un salarié d’une société de BTP, autorisé à travailler, reprend Jean-Michel Weiss. On le contrôle ; il nous dit : je travaille. Mais en réalité il est en RTT mais on n’a pas les moyens de le savoir… Impossible à contrôler.” Idem pour le quidam. “On a des patrouilles qui croisent les mêmes personnes du matin au soir avec une attestation de sortie différente : pour faire de l’exercice, pour sortir le chien, faire les courses…”

Il ajoute : “Je me suis rendu dans le un golf dans le Gard eh bien sur deux cents personnes présentes, la moitié n’avaient pas de masque… On voit aussi qu’il y a beaucoup de mouvements au nombre d’hospitalisations pour infections au covid… Et je ne parle même pas de ceux qui multiplient leurs attestations, en changeant juste l’heure, y compris depuis leur smartphone. C’est un jeu d’enfant… Nous sommes dans un état d’esprit de prévention mais le préfet, lui, veut de la répression…”

Intransigeance sur la côte Atlantique

C’est déjà le cas sur la côte Atlantique. À Biarritz, des baigneurs ont été verbalisés pour s’être juste baignés. Comme le rapportent nos confrères du Huffington post, Cette intransigeance sur les activités nautiques est déplorée par certains médecins qui militent pour le sport sur ordonnance. “De toute ma carrière de médecin généraliste, je n’ai jamais vu une telle hécatombe au niveau psychiatrique. Nous avons vraiment des patients en détresse”, déplore Guillaume Barucq, à la fois médecin, surfeur et élu d’opposition au conseil municipal de Biarritz. C’est lui qui fut à l’origine d’un vente de contestation lors du déconfinement et qui avait fait partie des personnalités qui avaient réussi à obtenir une plage dynamique, comme Dis-Leur vous l’avait expliqué.

Olivier SCHLAMA

Plage, Méditerranée… C’est Dis-Leur !