Climat : Un plan pour sauver la filière viticole du Lot, victime du gel

Image d'illustration par chrismfritz de Pixabay

La répétition des évènements extrêmes depuis près de dix ans place les agriculteurs et leurs familles dans une grande fragilité et menace l’économie du département, comme ses paysages et son identité. Après le gel en 2017, 2019 et 2021, la sécheresse en 2022, le mildiou en 2023 puis encore le gel en 2024 (! ) l’urgence d’adapter l’agriculture aux effets du changement climatique est devenue indiscutable. “Sans action ambitieuse, de nombreux exploitants seront contraints d’abandonner leur métier et le travail de la terre.” Face à cette situation, un fonds d’adaptation agricole au changement climatique a été voté par le Conseil départemental du Lot (*).

Le mois d’avril a été marqué par des nuits de gel qui ont fait des dégâts dans plusieurs régions. Les viticulteurs et producteurs de fruits ont tenté par tous les moyens de limiter l’ampleur des dégâts. On a notamment vu des bougies allumées dans les vignes de Chassagne-Montrachet en Côte d’Or ! Le gel a aussi frappé en Occitanie, en particulier dans le Lot où un pourcentage très important des vignobles ont été touchés. Jusqu’à faire craindre une possible disparition de la filière viticole de ce département !

L’Assemblée départementale a “examiné le diagnostic des vulnérabilités du territoire face au changement climatique. Ce diagnostic cite expressément la vulnérabilité du Lot face au double phénomène de précocité de la reprise de végétation et d’évolution des périodes de gel.” Les enseignements de ce diagnostic sont à l’origine du plan d’action qui vient d’être voté…

En quelques jours, tous les espoirs sont anéantis

“Il y a dix jours, nos vignerons y croyaient encore : cette fois, ça va être la bonne. Cette fois la récolte sera au rendez-vous et on va enfin se refaire. En quelques jours et pour certains quelques heures, cet espoir a été anéanti. Dans le vignoble de Cahors comme dans celui de Glanes ou des coteaux du Quercy, mais aussi dans les noyers de la vallée de la Dordogne, comme dans les pruniers du Quercy blanc, malgré tous les efforts et l’énergie déployés, le gel a frappé” a commenté Rémi Branco ( vice-président du Département en charge de l’Agriculture et de l’Aménagement solidaire des territoires).

Appel aux banques et assurances pour “faire preuve d’humanité”

L’élu a rappelé “la grande détresse de ceux pour qui c’est la fois de trop. 600 hectares de vignes étaient déjà promis à l’arrachage, ce sera sûrement davantage. Il va falloir un accompagnement humain et financier sans faille. Tout le monde doit jouer le jeu, en particulier les banques, les assurances et la MSA qui doivent faire preuve d’une grande compréhension, d’une grande humanité dans cette période.”

C’est donc lui qui a dévoilé le plan de la collectivité : “Nous vous proposons de poser un premier jalon de notre futur plan d’actions en créant un fonds d’adaptation au changement climatique à destination des producteurs viticoles et des filières de fruit à pépin ou noyau. Ce fonds sera destiné à financer des équipements de lutte contre les évènements climatiques extrêmes et des programmes de recherche appliquée. Ce plan d’adaptation devra être défini en concertation avec les filières concernées, en mettant sur la table l’ensemble des solutions techniques envisageables et en étudiant leur impact financier comme environnemental.”

Le message est clair : “On s’engage pour sécuriser, pour pérenniser au plus vite la production. Pour ne plus que des vignerons ou arboriculteurs se réveillent tous les matins d’avril la boule au ventre (…) Ce million d’euros est (…) un signal fort (…) Oui ces filières ont de l’avenir, oui elles vont se redresser et on va les y aider !”

Philippe MOURET

(*) “Pour rester en conformité avec le cadre législatif interdisant toute aide directe du Département aux producteurs, ce fonds interviendra à parité de l’intervention de la Région Occitanie que nous appelons de nos vœux. Nous attendons également que l’Etat mobilise les moyens de FranceAgriMer pour accompagner les producteurs lotois au-delà des aides nécessaires à la restructuration et la reconversion du vignoble”, précisent les élus du Conseil départemental.

Préparer le Lot au changement climatique

Conduit par le Département, en partenariat avec le Centres d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Crema), le diagnostic des vulnérabilités du Lot au changement climatique va définir les enjeux d’adaptation auxquels le Lot et ses habitants seront confrontés demain. Alimentation, logement, santé, éducation, conditions de travail, mobilité, aménagement du territoire, agriculture, industrie, tourisme, etc. : tous ces enjeux seront affectés par le changement climatique et ses conséquences en cascade. Les politiques publiques se doivent de les anticiper et de mettre en place des mesures de protection.

Après avoir identifié les enjeux du territoire, diagnostiqué le climat actuel et futur du Lot, analysé les impacts, le Département du Lot mobilisera les acteurs locaux afin d’enrichir ce premier diagnostic et commencer à hiérarchiser les défis qui se posent : https://lot.fr/changement-climatique

Afin de partager le plus largement ces enjeux, tous les Lotois seront invités à participer à des ateliers, organisés par le Département, au mois de juin, sur la “Fresque des vulnérabilités du Lot”jeudi 13 juin à 18 heures, à Castelnau-Montratier, salle de la mairie; mardi 18 juin à 18 heures, à Cahors, aux Docksmercredi 19 juin à 18 heures, à Gourdon, salle des Pargueminiersjeudi 20 juin à 18 heures, à Saint-Céré, au Théâtre de l’Usinelundi 24 juin à 18 heures, à Figeac, salle Roger-Laval.

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