Grâce aux budgets participatifs de la Région Occitanie, l’association montpelliéraine a pu démarrer son action qui s’inscrit dans une longue lignée de projets contre cette pollution insidieuse. Et qui s’attèle à récupérer le plastique de ces restes de cigarettes.

“La cigarette tue, le mégot pollue… Et si le problème de la santé peut être un problème individuel, les déchets nous concernent tous. Particulièrement dans notre région et sur nos plages, sensibles également aux départs de feux. Bravo pour votre initiative et celles de toutes les autres associations Clope !” Le remerciement spontané émane d’un dénommé “Oxford” réagissant à la présentation du projet Clope (Collecte Locale Organisées Pour l’Environnement) lauréat des budgets participatifs de la Région Occitanie en 2019, dans son volet Votre solution pour le climat ; mis quelque peu en sommeil depuis pour cause de crise sanitaire, par la force des choses, et qui repart de plus belle.

“Un mégot, c’est : 2 500 composés chimiques rejetés dans la nature, 500 litres d’eau polluée…”

L’initiative était, à l’origine, celle d’étudiants en sciences politiques de Montpellier qui ont mis en pratique un devoir de fac : créer une association utile et celle-ci, face à l’évidence, a perduré. Cette utilité est claire : “Regardez autour de vous, par terre, le nombre de mégots de cigarettes est spectaculaire. Un simple geste et pourtant, des impacts considérables pour notre planète. Le saviez-vous ? Un mégot, c’est : 2 500 composés chimiques rejetés dans la nature, 500 litres d’eau polluée, pollution de l’eau que l’on boit (nappes phréatiques), et pollution des poissons que l’on consomme. Mais pour y remédier, nous pouvons collecter et surtout recycler vos mégots, donnons-leur une nouvelle vie plutôt que d’en détruire d’autres !”

Quelque 240 000 mégots ramassés

“Notre solution, expliquait l’association dans son acte de candidature, consiste à étendre la collecte locale des mégots à tous les particuliers, c’est-à-dire les habitants de Montpellier. Ainsi, ces mégots seront ensuite envoyés à la seule entreprise en France chargée de recycler ces mégots…” C’est ce qu’elle s’apprête à faire. “Notre bilan c’est déjà quelque 240 000 mégots ramassés et 1 600 personnes sensibilisées, grâce aux 4 000 € d’aide de la Région en 2019.” Désormais, la petite association voit grand et prévoit de passer de 1 300 € de budget à 100 000 € en 2023 grâce à l’apport de fondations privées et de la Métropole de Montpellier pour, entre autres, “installer des cendriers dans des endroits stratégiques”.

“Peu de personnes connaissent l’impact environnemental”

Le trésorier de l’association, Florestan Fournier, 30 ans, qui se destinait au métier de kinésithérapeute et qui devrait être salarié de l’association (qui revendique 20 bénévoles actifs et 55 adhérents), rappelle que l’idée est née du fait que “le mégot est partout dans notre environnement. En ville, en campagne, les parcs… Mais peu de personnes connaissent son impact environnemental. Notre action première est la sensibilisation à ces mégots de cigarettes”.

Objectif : après la collecte, le recyclage

Le second objectif, à terme, est de “collecter” ces bouts de cigarettes pour les envoyer en recyclage dans une entreprise spécialisée, EcoMegot, située près de Bordeaux. “Le mégot de cigarette est fabriqué avec de l’acétate de cellulose qui est un dérivé de plastique mais qui n’est malheureusement pas biodégradage. Il suffit de le dépolluer de toutes les substances chimiques qu’il contient pour en faire de la fibre de plastique réutilisable. On peut ensuite se’en servir pour en faire du mobilier urbain, tables, bancs, chaises… Ou des panneaux de sensibilisation.”

Local de stockage, vélo cargo avec remorque…

Il ajoute : “On a eu un engouement à la rentrée de septembre où pas mal d’étudiants nous ont rejoint. Pour l’instant, je suis bénévole mais, vu l’activité que nous avons eue cette année, des salariés en insertion vont travailler avec nous dès l’année prochaine pour ramasser les mégots, notamment. Il faudra créer d’autres postes, notamment d’encadrement. Sans doute moi-même.” 

L’association espère pouvoir utiliser un local, grâce à l’aide attendue de la Région Occitanie, pour stocker les mégots qui le sont actuellement “dans nos locaux que nous louons en coworking, ce qui n’est pas l’idéal…” La Clope va acquérir, là aussi avec des subventions, un vélo cargo avec remorque pour mieux collecter les mégots dans la ville.

De nombreuses initiatives anti-mégots

De nombreuses initiatives se font jour pour lutter contre la pollution des mégots. Cet été, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI alors que les incendies faisaient rage, il y eut une opération de distribution gratuite de cendriers de poche de la Confédération nationale des buralistes. En partenariat avec les sapeurs-pompiers, quelque 100 000 cendriers ont été distribués dans vingt départements ciblés, dont l’Hérault, avec Sète comme site pilote avec 5 000 de ces objets préventifs. Le but : prévenir les feux et éviter de polluer la Méditerranée. Par ailleurs, l’association Projet Rescue Ocean devait distribuer elle aussi 5 000 cendriers de plage, tout comme la ville de Sète qui en prévoyait, elle, 6 000 unités.

Challenge #Fillthebottle en 2019

Ou encore, en 2020, les plages du Gard qui luttaient contre ce fléau, comme Dis-Leur l’a relaté ICI. Et qui n’a pas entendu parler du challenge #FillTheBottle durant l’été 2019, en France ? Il s’agissait de nettoyer sa ville ou son lieu de vacances, a rencontré un vaste écho, ainsi que Dis-Leur ! vous l’a narré ICI. Au Grau-du-Roi (Gard), la municipalité avait décidé de faire la chasse aux mégots sur l’une de ses plages. La rédaction s’est lancé un défi, parcourir une grande allée de Nîmes et découvrir en combien de temps notre bouteille – vide – se remplira de ces mégots. Montpellier, Toulouse… La guerre au mégots est lancée en Occitanie. Certains recyclent mêmes les restes de cigarettes !

Olivier SCHLAMA

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