À Castelnau-de-Guers, dans l’Hérault, une association, Fête des Devoirs, construit avec des enfants un moyen de transport à pédales. Grâce à une aide financière de 50 000 € de la Région Occitanie, le premier vélo-bus pourrait rouler dès la rentrée prochaine.
Tout le monde connaît les fameuses “Rosalies” ; ces vrais-faux moyens de transports qui, depuis des décennies, se proposent à la location pour une balade sur le littoral. Ces brise-mollets, vélocipède à plusieurs places, à pédales, dont le tout premier modèle date de l’Exposition universelle de 1853, à New York, emplissent de joie musclée le vacancier en mal de défoulement… Pas de freinage, ou si peu, poids dinosaurien, pédalier piégeux… Bref, que du “ludique”.
“Devant l’école, chaque jour, c’est 60 voitures qui s’y garent pour 80 enfants scolarisés”
Dans l’Hérault, un habitant de Castelnau-de-Guers a trouvé l’idée ingénieuse pour peu que l’on en fasse un véritable moyen de transport. “Devant l’école, chaque jour, c’est 60 voitures qui s’y garent pour 80 enfants scolarisés”, dit Yves Gruffaz.
L’homme a le débit rapide et la positivité communicatrice. Déjà à la tête d’une association, Fête des Devoirs, qui aide les écoliers dans leur progression scolaire, Yves Gruffaz est un globe trotter écolo qui n’en fait pas tout un plat. Son idée : créer un “écolo-bus”. Une Rosalie améliorée, fiable et facile d’utilisation. C’est bon pour la mise en route cardiaque et intellectuelle des enfants ; pour les parents qui peuvent se relayer pour emmener sept gamins en même temps devant l’école. C’est bon aussi pour la planète. Et c’est même, espérons-le, ludique. Moins de pollution et d’accidents. Tout bénéf’, donc. Et même avec un volet pédagogique !
50 000 € de la part de la région Occitanie
Sept places enfants plus une huitième pour un adulte. Avec pédaliers indépendants : n’importe peut s’arrêter de pédaler “sans craindre de prendre des “coups de manivelle” dans le mollet… Taraudages compris, montages… tout est réalisé par des enfants de sept à onze ans.”
Le but est principalement de transporter les enfants de l’école primaire le matin et de les ramener chez eux le soir. “Certains ont essayé d’utiliser les fameuses Rosalies mais c’est absolument impossible. A cause de leur poids, très lourd, on ne peut pas monter le moindre dénivelé.” Et surtout il n’y a que quatre pédaliers même s’il y a le double de personne dessus…
Tellement séduisante, l’idée de l’écolo-bus qu’il a eue il y a une dizaine d’années a permis à Yves Gruffaz de récolter une aide de 50 000 € de la région Occitanie, après qu’il a participé, en 2019, aux budgets participatifs de la Région Occitanie, Ma solution pour le Climat. Le projet faisait état de l’achat aux Pays-Bas, de trois “vélo-bus” à assistance électrique avec toit amovible pour près de 50 000 €. “Un exemple pour le village et ceux alentours qui nous questionnent”, note Yves Gruffaz. Sauf que…
Homologué aux Pays-Bas mais pas en France
“Sauf qu’il a été impossible d’importer les véhicules pour différentes raisons, notamment parce que ce n’est pas homologué en France à cause sans doute de directives européennes (au niveau des dimensions, de la puissance…) qui sont adoptées aux Pays-Bas et pas en France… Ou alors ils bénéficient de dérogations”, émet-il comme hypothèse. “Du coup, au lieu d’importer, on a décidé de concevoir et fabriquer nous-mêmes.” Ce qui prend du temps.
Pour l’instant, il n’a pas réalisé la version définitive. “Il manque des choses importantes comme les freins, la direction qui n’est pas au point. C’est en très bonne voie mais il y a encore du travail. J’ai trouvé des sous-traitants pour des parties que je ne pouvais pas réaliser moi-même…” Il ajoute : “On a des demandes de communes alentours pour des vélo-bus…” Homologation demandée aux services de l’Etat en juin prochain pour une mise en service espérée du vélo-bus en septembre. Il y croit même “si une entreprise est en train de vouloir fabriquer et commercialiser notre idée”.
Périple jusqu’au Cap Nord en fauteuil tout-terrain !
Né en Haute-Savoie, à côté d’Annecy, Yves Gruffaz, 65 ans, ne se lance pas dans cette entreprise parce qu’il a un enfant en âge d’aller à l’école. Mais ça fait trente-cinq ans que ce prof de karaté et animateur de centres de loisirs, encadre des enfants et connaît leurs besoins. “Cela a toujours été une passion à côté de mon travail”, certifie-t-il. “J’ai beaucoup bougé dans ma vie ; j’ai eu une formation commerciale ; j’ai ensuite fait d’autres métiers notamment dans le bâtiment, notamment dans la rénovation et la décoration intérieure ; j’ai toujours eu des projets qui sortaient de l’ordinaire.”
Ce n’est pas tout. “J’ai passé, par exemple, quinze ans sur des voiliers et en retaper. En 2013, j’ai contracté une maladie très rare et très grave, le syndrome de Guillain-Barré avec sept mois sans bouger et dix-huit mois d’hospitalisation. Je m’en suis sorti mais avec un handicap. Je n’ai quasiment plus de muscles et du coup, très peu de force. Pas d’équilibre ; mes pieds ne répondent quasiment pas ; je marche donc peu. J’ai été en fauteuil, je ne le suis plus.” Yves Gruffaz a d’ailleurs réalisé, en 2015, un périple de 15 000 km jusqu’au Cap Nord en fauteuil électrique tout-terrain, sorte de petit quad” !
Depuis ce 1er décembre, on peut voter à nouveau pour l’un des projets déposés sur la plateforme de la Région Occitanie dédiée aux budgets participatifs. Pas moins de 2,3 M€ y seront consacrés. L’élu régional Olivier Roméro-Gayo en avait expliqué sur Dis-Leur ! les raisons d’un succès qui sera complet quand tous les publics, notamment dans le monde rural ou les quartiers politique de la ville, y seront sensibilisés.
Olivier SCHLAMA
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