(Mis à jour le 7 avril 2021). La Jeune chambre économique de Montpellier concrétise un projet unique en France : des composteurs-nichoirs pour oiseaux en ville. Un coup de pouce intéressant pour la biodiversité associant la LPO, les Compagnons du Devoir et l’association Compostons.
Les pépiements d’oiseaux embellissaient nos journées évidées du confinement. Presque méditatives. La nature reprenait doucement ses droits. La cohabitation était sereine. La Jeune chambre économique (JCE) de Montpellier pourrait nous donner l’occasion de profiter davantage de leurs chants si reposants. Comment ? En mettant en route un projet unique en France qui vient de naître à Montpellier (lire aussi ci-dessous).
C’est un ensemble monumental de plusieurs mètres de haut avec un composteur – qui attire les insectes essentiels à la nutrition des oiseaux – surmonté d’un nichoir pour oiseaux. Notamment pour hirondelles – des oiseaux protégés – qui peuvent en croquer, chacune, 3 000 par jour.
Le gîte et le couvert sur place, en somme. Il pourrait également être complété de panneaux photovoltaïques et d’autres équipements. Une fois ce site pilote financé (il en coûterait 20 000 €) et validé, il pourrait ensuite faire florès ailleurs dans la région et en France. C’est le souhait de ces jeunes entrepreneurs qui ont compris qu’il est important de conserver toute la chaîne de biodiversité. Pour le monde du vivant dans son ensemble et donc l’homme.
La population d’hirondelles de fenêtre a diminué de 33% et la population d’hirondelles rustiques a diminué de 43 %”
Ce projet a été joliment baptisé le Printemps des hirondelles. L’hirondelle c’est le symbole du printemps, du renouveau... Mais les populations de cet oiseau sont au plus bas, comme l’explique la LPO, partenaire de l’opération, s’appuyant sur les chiffres de 2015 du STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). la population de martinet noir en France a diminué de 39 % sur les dix dernières années (2005-2015). Parallèlement, la population d’hirondelles de fenêtre a diminué de 33% et la population d’hirondelles rustiques a diminué de 43 %.”
Vice-président de la JCE de Montpellier, Anthony Gontier confie avoir pensé à cet îlot à oiseaux que les Compagnons du devoir de Baillargues pourraient construire. “J’ai eu cette idée il y a plus de deux ans, dit-il. J’ai pris conscience qu’il y avait nettement moins d’oiseaux à Montpellier qu’à Frontignan, par exemple. Quand on ajoute à cela qu’il y a une perte de biodiversité de 60 % dans le monde, à cause de la pollution, les activités humaines, le secteur du bâtiment n’y fait pas toujours attention, les campagnes de démoustication nous ont débarrassé des moustiques dont se nourrissent justement… les hirondelles qui ne se nourrissent que d’insectes volants. Les population d’hirondelles ont chuté de 70 %.”
L’ensemble-pilote fait cinq mètres mètres ; nous le mettrons à disposition des riverains. L’association nichoir-composteur sur un même objet est unique. Nous cherchons des partenaires pour le déployer ailleurs”
Anthony Gontier, de la JCE
Anthony Gontier ajoute avoir d’abord imaginé un plan de formation auprès des acteurs du bâtiments pour qu’ils ne détruisent pas les nids lors d’une réfection ou d’une reconstruction.
Mais, finalement, “on a préféré une action concrète : ce composteur-nichoir avec une tour pour que les hirondelles puissent s’envoler. L’ensemble-pilote fera entre cinq mètres et sept mètres ; nous le mettrons à disposition des riverains. L’association nichoir-composteur sur un même objet est véritablement unique. Nous cherchons des partenaires pour le déployer ailleurs. Nous sommes en relation avec la mairie de Montpellier, des promoteurs, la SERM de Montpellier, la LPO et, entre autres, mais aussi avec l’association Compostons et un constructeur de mobilier urbain” qui pourrait d’ailleurs se servir de cet engagement pour se distinguer de la concurrence.
Avec le concours des Compagnons du Devoir
“Nous souhaitons que ce ne soit pas un assemblage de quatre palettes mais que l’objet soit utile et esthétique, réalisé en essences locales de bois biosourcé. C’est pour cela que nous faisons appel aux Compagnons du devoir ; ce sera également pour eux une belle mise en valeur de leur savoir-faire…” Une fois les premiers composteurs-nichoirs installés, la JCE passera la main au profit des acteurs de terrains pour une diffusion à plus grande échelle. Ce Printemps des Hirondelles a obtenu le Grand prix d’action académie de la Jeune chambre économique française (1).
C’est une espèce totalement liée à l’homme depuis des millénaires ; si elles ne peuvent plus cohabiter, on va les perdre”
Valérian Tabard, de la LPO
Interrogé, Florian Gardel, le prévôt (responsable) des Compagnons du Devoir de Baillargues, souligne que ce projet est “en adéquation avec nos valeurs. Nous vivons de ce que la terre nous offre. Il faut la respecter…” Du côté de la LPO de l’Hérault, Valérian Tabard, chargé de la vie associative, souligne que “plusieurs espèces d’oiseaux sont en déclin. Nous accompagnons toutes les initiatives”
Et d’ajouter : “Nous avons même fondé le club U2B (Urbanisme Bâti Biodiversité) destiné à aider les entreprises, notamment du bâtiment à prendre en compte les oiseaux”. Quant aux hirondelles, elles sont le “symbole d’une diversité en ville y compris parce qu’elles sont depuis des millénaires totalement liées à l’homme. Elles ne font leurs nids qu’au-dessus de nos fenêtres et sur les façades pour l’espèce dite rustique. Si elles ne peuvent plus cohabiter, on va les perdre. Avec ce projet de la JCE, on peut imaginer ajouter un abri pour chauve-souris, moineaux, bergeronnettes, etc. Pour beaucoup d’oiseaux.”
La LPO est bien sûr très active dans la protection des oiseaux. Son action va jusqu’à intervenir au plus près du terrain. Par exemple, précise Valérian Tabard, “on a suivi ce que l’on appelle la mise en place d’une compensation pendant le chantier d’isolation du collège de Lattes : une tour et un préau à hirondelles ont été installés à côté du chantier.”
Certains oiseaux ont effectivement accepté de déplacer provisoirement leur nid en façade mais pas ceux de l’hôtel à hirondelle, espèce très grégaire, probablement parce qu’aucun cri de leur espèce, censé de les attirer, n’avait été diffusé. “Et à la fin des travaux, ils pourront le refaire sur le bâtiment neuf. Le projet de la JCE est utile.”
Olivier SCHLAMA
(1) Le 15 juin 2020, la Jeune Chambre Économique Française a attribué son Grand Prix d’Action Académie 2020 à la JCE de Montpellier pour son projet Le Printemps des Hirondelles. Pour Linda Profit, présidente nationale, “cette action innovante et pertinente ouvre de nouvelles portes, invite à penser la ville de demain autrement, à nous poser la question du vivre ensemble de façon inédite”.
La JCE de Montpellier installe le premier nichoir composteur !
La ville de Montpellier expérimente un matériel urbain innovant conçu par la Jeune chambre économique locale, avec le soutien de la LPO. Il est composé d’une tour à oiseaux et d’un composteur. Le premier spécimen de ce « nichoir composteur » destiné à favoriser la biodiversité urbaine, vient d’être installé square Jean Monnet, en centre-ville.
Les milieux urbains souffrent d’une érosion des populations d’oiseaux et d’un manque cruel de biodiversité. L’hirondelle de fenêtre par exemple fait partie de la liste rouge des espèces menacées en France ; sa population a diminué de 30% en 12 ans. Ce projet pilote doit nous permettre d’en apprendre beaucoup sur les habitudes des oiseaux et notre capacité à intégrer la faune dans notre vie quotidienne.
Un nichoir composteur conçu, fabriqué et financé localement
La structure imaginée par la JCE de Montpellier est composée d’une tour à oiseaux de 4,5 mètres de haut abritant jusqu’à 25 nids et quatre gîtes à chauves-souris. Une dizaine d’espèces d’oiseaux pourront y cohabiter. À sa base, un composteur urbain d’une capacité de 1 200 litres.
“Les apprentis compagnons ayant travaillé sur les plans de la charpente et du composteur sont intervenus sur leur fabrication via les entreprises qui les emploient, Structure Bois Couverture (Le Crès) et MG Menuiserie (Montpellier)”, ajoute Anthony Gontier, directeur de la commission Le Printemps des hirondelles. “Le cabinet d’architectes LERN a assuré la gestion des travaux. L’ensemble des acteurs de notre environnement proche s’est impliqué dans ce projet dont le coût s’élève à 25 000 euros. Nos partenaires locaux – Roxim Promotion, Veolia, Groupama Méditerranée et Studio Essentiel – ont pris en charge le financement de la partie technique.”