Agriculture : Et les meilleurs jeunes bergers d’Occitanie sont…

Noé Alayrac – CFAA du Lot (46), Marie Armengaud – Lycée agricole de la Cazotte (12), Lucas Aubeleau – Lycée de Figeac (46), Etienne Landais – Lycée agricole de St Gaudens (31), Hugo Vaysse – Lycée agricole de la Cazotte (12), Antonin Valat – Lycée agricole de la Cazotte (12), Photo DR

Pour être les meilleurs jeunes bergers d’Occitanie (première région ovine de France), les candidats ont dû réaliser  une série d’épreuves théoriques et pratiques, inspirées des gestes quotidiens de l’éleveur, comme trier des brebis à l’aide d’un lecteur électronique, apprécier la santé d’une brebis, évaluer son état corporel, ou encore lui parer ses onglons…

Ils sont six : Noé AlayracCFAA du Lot, Lucas AubeleauLycée de Figeac (Lot), Etienne LandaisLycée agricole de Saint-Gaudens (Haut-Garonne), Marie Armengaud, Hugo Vaysse et Antonin ValatLycée agricole de la Cazotte (Aveyron) qui participeront à la finale nationale du Meilleur Jeune Berger de France 2024, le 24 février, à l’occasion du Salon International de l’Agriculture à Paris, face à 34 autres candidats de toute la France.

Deux places à prendre pour les Ovinpiades mondiales

Nouveauté cette année : Après dix ans d’absence, la France relance les Ovinpiades mondiales. Une quinzaine de délégations étrangères sont invitées à participer à la troisième Coupe du Monde des Jeunes Bergers. Une trentaine de jeunes âgés de 18 à 23 ans, suivant une formation agricole ou déjà en activité, se disputeront le titre de Meilleur Jeune Berger du Monde, du 25 mai au 1er juin 2024. Le Meilleur Jeune Berger et la Meilleure Jeune Bergère des Ovinpiades nationales 2024 auront l’honneur de porter les couleurs de la France.

Au programme : une compétition itinérante pour découvrir la diversité de l’élevage ovin, où ils retrouveront les épreuves classiques des Ovinpiades nationales et deux nouveautés : tonte et pose de clôture mobile. Après être accueillis à Paris, ils embarqueront dans un bus habillé aux couleurs des Ovinpiades vers le Limousin, l’Aveyron, l’Auvergne, la Bourgogne et la Bergerie Nationale de Rambouillet.

Photo d’illustration. Image par Elsemargriet de Pixabay

La France produit moins de 50% de la viande ovine qu’elle consomme

Dans le cadre du programme Inn’Ovin, ce sont Interbev Ovins et l’ensemble de la filière ovine qui organisent ces 19es Ovinpiades des Jeunes Bergers. Lors de ce concours, le métier d’éleveur de brebis dévoile ses atouts pour susciter des vocations. En effet, dans les prochaines années, plus d’un éleveur de brebis sur deux partira à la retraite. En 2022, seulement 46% de la viande ovine consommée sur le territoire était produite en France. Il s’agit donc d’assurer le renouvellement des générations, mais également de maintenir la production. La filière ovine propose de nombreux emplois : chef d’exploitation, éleveur, technicien, salarié d’un service de remplacement, etc.

Et depuis plus de 20 ans, la filière ovine travaille à rendre le métier d’éleveur de brebis plus attractif (technique, rémunération…) pour assurer sa transmission et sa durabilité. C’est d’ailleurs pour relever ces défis que le programme de relance Inn’Ovin a été mis en place, dont les Ovinpiades sont l’une des actions phares.

Une ferme ovine sur trois est dirigée par une femme

Ce concours symbolise pour les acteurs de la filière, la volonté d’installer une nouvelle génération. Et le travail sur le long terme commence à porter ses fruits : “selon le recensement général agricole 2020, réalisé par l’Institut de l’Elevage (IDELE), le départ de 500 éleveurs possédant plus de 50 brebis a été compensé par 500 installations, chaque année, soit un départ pour une arrivée.”

“Depuis trois ans, nous avons atteint l’équilibre entre cédants et candidats à l’installation en ovins viande. Mais, les installations sont encore insuffisantes pour assurer la durabilité de la production de viande et de lait française. Les élevages sont en mutation. Les entrants s’installent avec des troupeaux de brebis plus petits. Cependant, les élevages sont plus compétitifs et produisent davantage sous signe de qualité. Ils représentent 18% des élevages ovins/caprins, soit +6% en 10 ans. A noter aussi que ce métier est l’un des plus féminisé. Une ferme ovine sur trois est dirigée par une femme, analyse Patrick Soury, président de la section ovine d’Interbev et d’Inn’ovin.

Photo archive – ©CIIRPO

Rappelons que l’Occitanie est la première région ovine française, avec 31 % du cheptel national de brebis. Les 2/3 des exploitations ovines régionales ont un cheptel ovin orienté vers la production de viande. Cependant, la filière laitière est très importante sur les territoires du Massif Central, avec l’aire de production de l’AOP Roquefort.

La Direction régionale de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) souligne que “la production régionale est essentiellement valorisée sur place grâce à des filières structurées ainsi qu’une grande diversité d’opérateurs locaux : collecteurs, engraisseurs, abatteurs et industrie de transformation laitière. Compte tenu des volumes produits, la production se destine principalement aux marchés nationaux et internationaux.”

Nouvelle génération et nouvelles perspectives

Chez Inn’Ovin on précise que “les élevages se tournent de plus en plus vers les productions de qualité, différenciantes vis-à-vis de la concurrence. L’évolution des fermes produisant sous signe de qualité (hors agriculture biologique) le démontre : 18% des élevages ovins/caprins, soit 6 points de plus en 10 ans.” L’état d’esprit des professionnels évolue également. Près de la moitié des jeunes éleveurs travaille
en forme sociétaire (Gaec) avec un ou plusieurs associés. “Cette forme d’entreprise permet notamment d’aménager son temps de travail en se répartissant les astreintes” souligne-t-on chez Inn’Ovin.

En 2023 Clara Viguié, 21 ans, inscrite en certification de spécialisation au CFA du Lot, avait été désignée Meilleure jeune bergère de France.  Aujourd’hui, Clara est technicienne à la Confédération Générale de Roquefort. Dans quelques années, elle envisage de s’installer avec des brebis laitières mais sans transformation de lait. Elle aimerait aussi avoir quelques brebis à viande et surtout un troupeau en sélection car elle est passionnée par la génétique… Elle incarne, comme les six sélectionnés de 2024, cette nouvelle génération d’agriculteurs qui savent ce qu’ils veulent et ne seront jamais des… moutons !

Philippe MOURET

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