Agriculteurs : Les 60 ans du Salon de l’Agriculture, vitrine d’un monde en péril

Iront ou n'iront pas à Paris ? Photo d'illustration, Image par Pokelin Amado de Pixabay

Les produits sous appellation d’origine protégée (AOP) constituent une production qui doit permettre une qualité des produits pour le consommateur et une juste rémunération des agriculteurs. Pourtant, cette supposée protection est cependant menacée par certaines exigences du secteur agro-alimentaire. Une page de plus dans l’épais dossier de la crise qui agite le monde agricole depuis plusieurs semaines et à quelques jours de l’ouverture du Salon international de l’Agriculture

Le Salon International de l’Agriculture (SIA) va fêter sa soixantième édition dès le 24 février (et jusqu’au 3 mars). Pour autant et chacun le sent, cette édition ne sera pas comme les autres et ce pour d’autres raisons que son propre anniversaire. Car comme le souligne Jean-Luc Poulain (agriculteur, président du CENECA, président du SIA) “c’est un salon grand public qui accueille environ 600 000 visiteurs chaque année (…) Mais c’est aussi un salon, vraie caisse de résonance de l’ambiance agricole.”

Or “les agriculteurs, les paysans, les cultivateurs, les viticulteurs, les maraîchers, les arboriculteurs, les éleveurs, les céréaliers… sont en action actuellement. Ils font preuve d’un grand courage et d’une grande dignité, poursuit-il. Qu’en sera-t-il au moment du salon (…) En tant qu’agriculteur et j’ai eu l’occasion de le dire, je les soutiens totalement. En tant que président du salon, je suis solidaire et j’ai le devoir de prendre en compte la situation.”

Les agriculteurs veulent plus que de beaux discours

Parmi les promesses du Premier ministre, Gabriel Attal (*) figure notamment “la promotion massive de l’étiquetage de l’origine des produits au niveau national et européen.” Mais au-delà des beaux discours et des “coups de com'”, c’est de concret que les agriculteurs sont en attente, face à des dangers qui viennent de multiples sources.

Un assouplissement des règles d’utilisation des pesticides, un renforcement de la loi Egalim ou encore la simplification de la venue de travailleurs étrangers… ce sont les points évoqués ce mercredi par le chef du gouvernement. Pas sûr que cela suffise à apaiser la colère des agriculteurs. Ni que cela prépare une visite dans le calme lors de la venue du président de la République au Salon, samedi. Gabriel Attal a affirmé que “100 % des chantiers ont été ouverts”; et maintenant ?

L’AOP, une protection et un atout, mais …

Ainsi, si les éleveurs de brebis de l’Aveyron peuvent se sentir protégés par l’AOP (lire ci-dessous), cette protection n’en demeure pas moins fragilisée par diverses pratiques. “C’est une force pour tous les éleveurs de pouvoir compter sur cette AOP pour son prix du lait, c’est une évidence” commentait cette semaine au micro de FranceInfo Jérôme Faramond, président de l’association des producteurs de lait de brebis pour Roquefort.

Jérome Faramond (capture d’écran Youtube – La Coopération Agricole Luzerne de France)

“C’est une production d’avenir” : dans l’Aveyron, les éleveurs de brebis défendent le système de l’AOP pour la production du Roquefort, titrent d’ailleurs nos confrères de franceinfo. Mais prudence ! (En 2022, les ventes de Roquefort ont baissé en France de 6%).

L’Appellation d’origine protégée (AOP, reconnaissable à son logo rouge et jaune) est l’équivalent européen de l’AOC (Appellation d’origine contrôlée). Ces deux signes récompensent des produits qui conservent un lien fort avec un lieu géographique, mais aussi qui respectent un savoir-faire particulier. L’AOP garantit au consommateur que toutes les étapes – de la production du lait jusqu’à l’affinage des fromages – ont lieu dans l’aire géographique délimitée de l’appellation, selon un savoir-faire reconnu et un cahier des charges particulier.

Il existe en France 46 fromages bénéficiant d’une AOP (ainsi que trois beurres et deux crèmes). Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire français. Les 3/4 des fromages AOP français sont élaborés à base de lait cru. Parmi les plus prestigieux figure bien sur le Roquefort ! Ce fromage de brebis dont la fabrication fut protégée par le Parlement de Toulouse dès 1666, qualifié de roi des fromages par Diderot et d’Alembert et qui fut le premier à obtenir une Appellation d’Origine en 1925 !

Il faut sauver le champignon Penicillium roqueforti

Mais certaines pratiques de l’industrie agro-alimentaire constituent un danger, comme vient de le mettre en lumière une étude du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). On peut lire sur sa publication que “les fromages hébergent une multitude de micro-organismes capables de transformer le lait. Sélectionnés par l’humain, ces ferments ne sont pas épargnés par les standards de l’industrie agro-alimentaire, au point que les fromages bleus (dont fait partie le Roquefort, NDLR) ou le camembert pourraient disparaître.”

“La population utilisée par l’AOP Roquefort a un peu moins pâti de cette sélection, et montre un peu plus de diversité”, temporise Tatiana Giraud du laboratoire Écologie, systématique et évolution1 de Gif-sur-Yvette. “Le secteur de l’agro-alimentaire a exercé une pression de sélection sur les champignons si grande que les fromages, non fermiers et non protégés par une AOP, présentent aujourd’hui une diversité de micro-organismes extrêmement pauvre” précise la scientifique. La standardisation, voici l’un des dangers qui guettent l’agriculture !

Lire la passionnante étude sur leJournal du CNRS : Le Roquefort et le Camembert en voie d’extinction ?

Le Salon de l’Agriculture sera l’occasion d’aller à la rencontre de deux des sept fabricants de l’AOP Roquefort qui font la réputation de ce fromager d’exception : Les maisons Gabriel Coulet et Carles seront présentes au Pavillon 7.1 (lire aussi plus bas) qui est plus particulièrement consacré à “la découverte de l’excellence des produits et des savoir-faire des producteurs de nos régions grâce aux exposants des villages régionaux…”

Philippe MOURET

(*) En détails : Produire et protéger : des nouvelles mesures pour l’agriculture française, sur le portail du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/actualite/produire-et-proteger-des-nouvelles-mesures-pour-lagriculture-francaise

Le tourisme, une autre denrée de qualité en Occitanie !

Dans le cadre du SIA, le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie (CRTL) valorise, aux côtés de la Chambre Régionale d’Agriculture, l’excellence des produits du terroir d’Occitanie, ainsi que la qualité de l’accueil dans les fermes ou les exploitations agricoles (et vinicoles) ouvertes à la visite.

Au cœur du Pavillon 7.1, le “Village Occitanie” regroupe plus de 130 exposants issus des 13 départements sur un stand régional de 2 000 m2. Le CRTL y assure la promotion du tourisme de terroir avec comme ambition clairement affichée de ‘s’appuyer sur ses nombreux marqueurs de qualité afin de construire une image attractive et différenciante de la destination Occitanie Sud de France” insiste Vincent Garel, Président du CRTL.

Tout au long du salon, le “Village Occitanie” propose, outre ses traditionnels bars à vins et étals d’huitres ou de foie gras, des dégustations, des rencontres avec les viticulteurs des destinations labellisées Vignobles & Découvertes, des ateliers d’œnologie et des accords mets et vins aux recettes 100% locales.

“Le tourisme de terroir est un levier de développement stratégique pour l’économie rurale et un complément de revenu appréciable en ces temps difficiles pour les agriculteurs” souligne Vincent Garel qui rappelle qu’“avec 250 produits sous signes officiels de qualité, sa place enviée de plus grande surface viticole au monde, son leadership national pour la production de vins bio et sa riche offre d’accueil au sein des structures labellisées ‘Bienvenue à la Ferme’ ou ‘Vignobles & Découvertes’, la destination Occitanie – Sud de France a toutes les cartes en main pour séduire les visiteurs du Salon de l’Agriculture, de plus en plus enclins à privilégier des vacances authentiques et porteuses de sens.”

Européennes : Une céréalière du Tarn numéro 2 sur la liste LR

Céline Imart occupera la deuxième place de la liste Les Républicains pour les élections européennes. Ancienne vice-présidente des Jeunes Agriculteurs, Céline Imart est agricultrice dans le Tarn depuis 2010 (en reprenant la ferme familiale, d’une superficie de 230 hectares, à Aguts). Elle est également diplômée de Sciences Po Paris et de l’ESSEC.

Elle a été pendant deux ans directrice financière d’une filiale du groupe de Vincent Bolloré au Chili. De retour en France, elle a intégré PricewaterhouseCoopers un cabinet d’expertise parisien. jusqu’en 2010.

C’est une habituée du débat : En 2016, elle est face à Jean-Luc Mélenchon, candidat à l’élection présidentielle, dans l’émission Des paroles et des actes sur France 2, elle l’accuse d‘”insulter les agriculteurs français.” En 2018, lors d’un débat face à Nicolas Hulot, elle indique que l’interdiction du glyphosate se fait sans une alternative suffisante pour les exploitants. Par ailleurs, elle participe aux Conférences TEDx (Technology, Entertainment and Design) à Toulouse…

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