100 % gratuite en Haute-Garonne : “La culture, c’est un pilier de l’émancipation !”

31 Notes d'été au château de Pinsaguel Ph. Adrien Nowak

Volontariste“, le département de la Haute-Garonne offre une très grande place à la culture sous toutes ses formes. Tout ce qui dépend de son réseau est en accès libre. Le président de la collectivité, Sébastien Vincini, en explique les linéaments.

Quelle place offre le conseil départemental de Haute-Garonne à la culture ?

L’accès à la culture est primordial. Si je devais qualifier notre politique départementale, je dirais qu’elle est très volontariste. Historiquement. Elle s’amplifie de mandature en mandature avec un budget en constante évolution, à la hausse. C’est plus de 10 M€ chaque année, en fonctionnement. Et je ne comptabilise pas les équivalents temps-pleins de notre direction des arts vivants, les agents qui suivent la programmation des festivals, qui font vivre nos résidences ; les musées, etc.

Ces 10 M€, subventions comprises, ne comprennent donc par les personnels et servent à rendre toute la culture, qui dépend du département, gratuite en Haute-Garonne. À accompagner nos propres réseaux et les politiques culturelles. La culture, au sens large, est accessible au plus grand nombre. Nous portons nous-mêmes une politique culturelle en propre. Avec une direction de la culture, de l’audiovisuel et des arts vivants. Et nous sommes nous-mêmes programmateurs.

Nous disposons de nos propres régies (nous embauchons nous-mêmes les intermittents, les techniciens), c’est-à-dire que nous avons notre propre organisation”

Sébastien Vincini, président département Haute-Garonne. Photo : Aurélien Ferreira, CD31

Nous disposons de nos propres régies (nous embauchons nous-mêmes les intermittents, les techniciens…), c’est-à-dire que nous avons notre propre organisation ; nous montons nos propres festivals, comme 31 Notes d’été, très gros succès en Haute-Garonne, avec plus de soixante dates avec des artistes locaux, mais pas seulement haut-garonnais, déployés sur l’ensemble du département, au coeur de l’été où nous amenons la culture gratuitement – elle nous coûte, certes. Jazz sur son 31, également. Il y a aussi la Semaine des Cultures Urbaines sur laquelle je souhaite que l’on aille encore plus loin, que nous portons aussi nous-mêmes.

Nous avons aussi nos propres résidences d’artistes dans nos lieux culturels de diffusion de la culture, comme l’espace Roguet, à Toulouse, que nous gérons en direct ; nous avons la galerie d’art 3.1, à Toulouse. Aux archives départementales, nous y mobilisons aussi un travail sur la mémoire ; nous gérons l’un de nos “phares”, le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation – dont Dis-Leur vous a parlé ICI –  auquel nous avons fait prendre récemment une autre ampleur : mon objectif est de lui faire obtenir le label Musée de France en entretenant des liens avec les artistes contemporains, en ayant un regard sur la mémoire et sur les nouveaux combats, les nouvelles luttes, les nouveaux génocides à reconnaître, etc.

Ne craignez-vous pas que la gratuité dévalorise l’accès à la culture ? Ne faut-il pas faire payer un minimum…?

20230216 – Vernissage de l’expo Bouquet Final, à la Galerie 3.1. Alexandre Ollier

Il y a certains concerts où l’on passe des artistes très connus qui prennent un beau cachet. On pourrait avoir tendance à dire que tout ce qui est gratuit n’a aucune valeur. Et ce qui n’a peu de valeur a valeur négligeable. Nous sommes une collectivité territoriale qui doit rendre la culture accessible. Avec une ambition : l’émancipation. Si on n’accompagnait par le Festival de musiques anciennes comme le Festival des Orgues, par exemple, qui saurait que nous avons deux grands Orgues de France…? Si on ne permettait pas l’accès gratuit, personne n’irait les découvrir. Or, ce sont des bijoux. Nous participons à l’accès à ce patrimoine. Il y a des villages où se produit le festival 31 Notes d’été, et où c’est l’un des deux événements de l’année…

Projet à imaginer autour de l’idée terre d’asile-terre d’accueil

Avez-vous des projets avec votre collectivité ?

Des morceaux de pain conservés et présentés comme des témoins de l’histoire… Ph. Musée départemental de la Résistance et de la Déportation/CD31

Oui. Autour de l’idée terre d’asile-terre d’accueil mais je ne veux pas le définir sans les acteurs eux-mêmes. Je considère la terre de Haute-Garonne comme une terre d’asile. D’accueil. Les gens y restent et s’imprègnent de la culture au sens large qui ne fait que s’enrichir. Je m’explique : la convivenca, ça peut être un mot-valise transporté dans les valises des occitanistes mais c’est vraiment un art de vivre. On le retrouve beaucoup dans le monde latin, hispanique et le pourtour méditerranéen. Et qui n’est pas anodin avec la tolérance vis-à-vis des autres religions.

Terre d’accueil des Républicains espagnols, aussi, mais pas uniquement : juste avant, des communautés italiennes se sont installées en Haute-Garonne. Et aussi d’Afrique du Nord ; nous avons aussi une forte communauté Kurde, etc. Tout cela a enrichi la culture toulousaine avec des gens qui s’y sont battus, par ailleurs. Quand on connaît l’histoire, y compris de la Résistance Haut-Garonnaise, de certains combats, de certaines revendications historiques, cela fait un sacré mix.

On pourrait faire tourner chaque année un festival sur deux ou trois dates ; avoir un autre regard thématisé sur le vivre-ensemble”

Regardez avec les cultures urbaines : j’adore voir de jeunes rappeurs d’origine arabe, berbère ou maghrébine qui utilisent des mots occitans. Les Zebda, en cela, c’était exceptionnel. Les Bigflo et Oli sont assez représentatifs de ce que peut générer notre histoire. Terre d’accueil-terre d’asile, ça me parle aussi du fait de mon histoire personnelle. Je crois que nous avons une chose à construire là-dessus. On l’a fait avec la commémoration de la Retirada avec les fils et petits-fils de réfugiés espagnols. Je pense au grand chanteur de la scène ibérique en France Vicente Pradal (et sa famille), par exemple.

Photo : Fanny RIGAL

Chez nous, il y a un foisonnement : il y a des artistes, des musiciens, des peintres, des professionnels du spectacle vivant, des écrivains, des voix, des visages… Je me dis que l’on pourrait faire tourner chaque année un festival – avec rencontres, conférences, concerts, etc.- sur deux ou trois dates. Avoir un autre regard thématisé sur le vivre-ensemble. Il faut creuser cette initiative ; il y a des choses à relier. Cela rejoint ce que fait Magyd Cherfi, chanteur du groupe Zebda, avec les quartiers, avec un festival qu’il parraine. Nous ne partons pas de rien : nous avons ce musée de la Résistance ouvert sur les nouveaux combats.

Votre réseau culturel est-il très structuré ?

Nous avons aussi le musée de l’Aurignacien, à Aurignac ; il y aussi l’abbaye de Bonnefont ; le musée archéologique départemental à Saint-Bertrand de Comminges... Le Château de la Réole, etc. Ce sont des lieux, en s’appuyant sur les volontés locales, qui participent d’un réseau départemental de lieux à visiter et à connaître et qui donnent à voir la créativité locale. Et avec de l’ambition : on va organiser, avec ce réseau, et développer une offre de destination culturelle et touristique haut-garonnaise. C’est à mettre en relation avec des déplacements doux pour des destinations nature mais avec des points culturels à montrer.

Le Guide du Routard vient de sortir le premier numéro de sa nouvelle édition, baptisée Destination Nature, et c’est la Haute-Garonne qui est sortie. Parce que, justement, nous menons une politiquement très volontariste. Ce n’est pas du culture washing {un procédé marketing utilisé dans le but de se donner une image culturelle rayonnante mais fausse, Ndlr}. Notre réseau de musées, de lieux de résidences d’artistes ou de diffusion permet d’avoir un parcours complet. C’est très important.

La question est aussi d’accompagner la créativité dans le département, le rayonnement de l’Occitanie”

10 M€, c’est important mais ce n’est pas si important que cela finalement, non ? Quel est le secret ?

31 Notes d’été. Clôture – Princes et Princesses en Basket – Alis Mirebeau. Haute-Garonne.

C’est parce qu’il y a une partie que l’on “porte” et que l’on s’appuie sur de la créativité locale et que ce sont nos personnels, nos régisseurs. Quand vous ne passez pas par une boîte de production, que vous financez directement les cachets – je connais ça par coeur : j’ai été pendant huit ans régisseur d’un comité des fêtes où je gérais ça – , eh bien vous faites des économies. Et nos agents en interne font aussi un vrai boulot de fourmi.

Pourquoi donner autant de place à la culture ?

C’est la volonté, historique, de rendre accessible au plus grand nombre. De s’appuyer sur la créativité locale, ce que nous avons amplifié ; je m’appuie beaucoup là-dessus. Je ne crois pas beaucoup au droit culturel mais je ne crois pas à un mandarinat ; à l’idée de faire venir une scène parisienne à Toulouse, d’en attendre le succès… Ça ne m’intéresse pas. Faire venir une rock star, ça ne m’intéresse pas. Ça ne veut pas dire que nous n’accompagnons pas tel ou tel festival, comme celui porté par Bigflo et Oli. En revanche, la question est aussi d’accompagner la créativité dans le département, le rayonnement de l’Occitanie. La culture est le pilier de l’émancipation.

Hors Île-de-France, nous sommes le département le plus jeune avec une vraie dynamique démographique. Le potentiel de talents, en probabilités, même si c’est le même pourcentage qu’ailleurs, doit être plus grand. Donc plus on fera de l’enseignement artistique (comme sportif), plus nous pouvons devenir une terre d’excellence et de créativité. Ce n’est pas aberrant de penser cela : historiquement, la scène toulousaine a toujours eu cette richesse.

“La culture, cela a été ma quête, aussi…”

Un département doit-il d’être fer de lance, pionnier ?

Sébastien Vincini, ph. DR.

Oui, je le crois. Dans les temps actuels, je ne vais pas faire mon Jospinien, mais la culture c’est l’âme de la démocratie. Elle porte des valeurs. J’ai rencontré récemment des occitanistes. La convivenca, le vivre-ensemble, c’est un art de vivre que l’on doit chérir. On doit aussi apporter le fait culturel ; donner à voir ; soutenir la créativité. Pas avec une vision de “mandarin”, non.

Pourquoi est-ce si important, pour vous, la culture ?

La culture, c’est l’émancipation. On n’est pas un accident de l’univers et ce, grâce à la culture. C’est la conception de Malraux (…) Mon parcours vers la culture est très personnel. Il y a eu un cheminement intellectuel qui mène à l’idée d’une politique volontariste en la matière. La culture, cela a été ma quête, aussi. J’ai fait des études… Je me suis retrouvé avec des gens… Je ne comprenais pas de quoi ils parlaient. Moi, j’avais plus la “culture” télé-loisirs que Télérama… Quand on a baigné dedans, a contrario, c’est différent.

J’ai demandé à nos équipes de lancer la révision du schéma d’enseignement artistique, essentiellement musical, en l’élargissant à la danse, à l’enseignement circassien, et au théâtre et à tout autre forme intéressante comme les arts vivants, cinématographiques ou encore numériques.

Avec mon aîné, bientôt 17 ans, je ne loupe aucun Marvel ! J’ai vu le dernier Avatar en avant-première. J’aime bien les films qui m’en mettent plein la vue où le cerveau peut être mis de côté”

Les Haut-Garonnais sont-ils intéressés par la culture ?

De l’enseignement jusqu’à la rue, nous sommes un peuple qui aime le côté festif, culturel. Se retrouver sur la place publique. Dans l’enseignement, nous avons aussi neuf parcours, neuf programmes d’éducation artistique à destination des collégiens. Les équipes pédagogiques s’en servent. Ce ne serait pas le cas si les collégiens n’adhéraient pas.

Souvent, c’est un problème d’offre : moins on propose de culture, moins elle se diffuse. Vous confirmez ?

Théâtre du Grand Rond… DR.

Évidemment ! Et plus la demande s’étoffe et plus on s’émancipe. La culture, c’est l’émancipation ! On essaie d’initier. Et on s’appuie sur un vrai réseau qui fourmille depuis la place toulousaine mais pas seulement. Il y a, par exemple, des scènes comme celle du théâtre Grand Rond en relation avec une compagnie, le Tracteur, installée en résidence, dans une ferme, à Cintegabelle (la ville dont il fut maire, Ndlr). Il y en a d’autres. Ces compagnies qui s’implantent en dehors des grands lieux de diffusion, cela aide à la diffusion.

Comment vivez-vous, personnellement, la culture ?

Le théâtre, c’est quand j’ai le temps. Je vais pas loin de chez moi, à la salle Allegora, à Auterive. La programmeuse est une amie. La salle est magnifique. Dès que je peux aller découvrir quelque chose, je le fais, mais c’est compliqué avec mon agenda. Avec mon aîné qui va avoir 17 ans, je ne loupe aucun Marvel ! J’ai vu le dernier Avatar en avant-première. J’aime bien les films qui m’en mettent plein la vue où le cerveau peut être mis de côté.

Après, j’aime bien les films de la scène française. Je ne loupais par exemple aucune sortie d’Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri. Je suis capable de passer certaines scènes en boucle comme d’autres passent des musiques en boucle : Un Air de Famille ou le Goût des Autres. Je suis aussi un gros consommateur de séries sur les plate-formes, Netflix… Je suis assez curieux et je n’ai pas besoin de dormir beaucoup. Je récupère dans d’autres temps : dès que je monte dans une voiture, je dors. Je pense que je fuis la nuit.

L’accès à la culture, c’était TF 1, Antenne 2, France 3 et le jour où la Cinq est arrivée, on avait un peu plus de films et de blockbusters…”

Votre histoire familiale a-t-elle un lien avec la culture ?

Sébastien Vincini, ph. DR.

Je suis fils d’ouvriers, des deux côtés. Ma mère a terminé l’équivalent d’aide-soignante après avoir été ouvrière dans une usine textile et mon père était ouvrier qualifié, notamment dans une entreprise de fabrication de feux d’artifice. Mes grands-parents des deux côtés étaient métayers. Côté maternel, c’étaient des Ariégeois ; côté paternel, des immigrés italiens ; ils sont d’ailleurs morts  avec ce qu’ils appelaient la “carte de séjour”. Ils étaient de la province de Piacenza. Et plus précisément un hameau qui a été rebaptisé… Vincini : sur dix-sept habitations, il y a là-bas quatorze Vincini…

L’accès à la culture est venu par des rencontres (…) J’ai ensuite découvert Paul Eluard, René Char, Antonio Machado…”

Mes grands-parents sont arrivés en 1935. Ils se sont installés à Cintegabelle. J’ai eu une enfance heureuse dans une famille très modeste. Choyé. Dans mon imaginaire d’enfant, je me trouvais heureux. Ce n’est que plus tard en étant au lycée que j’ai pris conscience de ma condition familiale. Vers 16 ans-17 ans, que l’on pouvait avoir des livres, posés sur une table de salon et pas seulement sur un bureau ; que l’on pouvait apprendre le piano à sept ans. L’accès à la culture, c’était TF 1, Antenne 2, France 3 et le jour où la Cinq est arrivée, on avait un peu plus de films et de blockbusters…

La radio que j’écoutais, c’était Sud Radio. En voiture. L’accès à la culture est venu par les rencontres. Par l’Education nationale, aussi, j’ai une très bonne relation avec certains instituteurs. J’ai découvert Paul Eluard, René Char, Antonio Machado… La culture, c’est très important pour moi. Et le lieu où l’on vit peut-être un frein à son accès. Et donc à l’émancipation. J’ai eu la chance d’avoir eu un parcours où je suis tombé sur de bons instits, de bons profs qui m’ont donné goût de l’école, sinon je n’aurais pas eu ce parcours.

D’autres collectivités s’intéressent-elles à votre méthode pour rendre la culture accessible ?

Nous avons beaucoup d’interlocuteurs en communs, y compris avec la Région Occitanie. Après, la culture régionale est beaucoup contractualisée avec l’Etat et la Drac (Direction régionale des affaires culturelle, le bras déconcentré du ministère de la culture en région, Ndlr). Nous, nous sommes assez indépendants et volontaristes. On ne va pas subventionner tel théâtre parce que la Drac a décidé qu’il fallait le faire.

Et avec les collèges que faites-vous au niveau culturel ?

Jazz sur son 31.

Nous développons des filières d’excellence parce qu’il y a un tissu associatif important, pour aller, par exemple, vers un enseignement circassien ; ou au collège de Auterive parce que l’on y a développé l’enseignement musical (deux heures et demie par semaine) et où on a développé quatre “classes orchestre” qui vont être classées “chant”. Ce qui peut donner lieu à la création d’une option à partir de laquelle il peut y avoir des dérogations d’inscription pour les élèves et des moyens supplémentaires de l’Education nationale.

À Auterive – dont le collège, situé dans un milieu périurbain, n’a rien de bourgeois, où les indicateurs de résultats sont en dessous de 100 – il n’y a que deux élèves sur trente qui, autrement, oseraient franchir les portes de l’école de musique…”

Là, on paie l’intégralité des instruments pour chaque cohorte de classe. Du coup, chaque année, il y a une classe de sixième spécialisée qui apprend un instrument. Et en restant dans le même collectif de travail et dans la même classe jusqu’à la troisième. Ça, c’est dans le cadre d’une politique volontariste de la communauté de communes – là, je change de casquette, celle d’élu local – car je préside aussi une école de musique intercommunale. Ce n’est pas un conservatoire, ce qui fait un peu peu aux autres maires mais ce sont les mêmes moyens, 500 000 € par an.

On y fait de l’éveil musical dans l’ensemble des écoles primaires et maternelles. Et un vrai enseignement musical est donné au collège. On ne peut pas faire cela dans tous les collèges de Haute-Garonne. Mais nous avons un lycée en cours de construction.

La discussion avec Carole Delga, c’est que la Région accompagne la mise en place d’options d’enseignement musical pour une continuité. À Auterive – dont le collège, situé dans un milieu périurbain, n’a rien de bourgeois, où les indicateurs de résultats sont en dessous de 100 – il n’y a que deux élèves sur trente qui, autrement, oseraient franchir sociologiquement les portes de l’école de musique. C’est bien, là aussi, du ressort de l’émancipation.

Propos recueillis par Olivier SCHLAMA

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