Lors de sa traditionnelle rencontre avec la presse, ce 16 janvier, Hermeline Malherbe, présidente du département, a développé ce sujet “phare“. Et de nombreux autres : un kit de précarité menstruelle pour toutes les collégiennes ; la nouvelle expérimentation de gestion du RSA ; le futur nom du département…
Apporter de bonnes ondes le jour du Blue Day – le 15 janvier est le surnom du jour le plus déprimant de l’année – est un joli défi. C’est donc ce lundi 16 janvier que Hermeline Malherbe, présidente des Pyrénées-Orientales, entourée de plusieurs conseillers départementaux a dévoilé, lors de ses traditionnels voeux à la presse, une sorte de feuille de route des grands projets pour 2023. Parmi les challenges à relever, il en est un, incontournable : l’eau.
Des fiches de voeux distribuées
Sur une table, dès l’entrée de la salle, à la Maison de la Catalinité, à Perpignan, de petites “wiches fiches”, des cartes de voeux que les journalistes peuvent remplir en indiquant “Quels sont les sujets concernant les Pyrénées-Orientales que vous suivrez de près en 2023 ?” Des voeux participatifs originaux – qui avaient été quelques jours plus tôt distribués lors des voeux à la population qui permettent de prendre la température et d’associer les habitants dans une démarche participative, comme de le font de plus en plus de collectivités, un sujet que Dis-Leur a traité ICI.
C’est la première fois depuis longtemps que l’on vit une telle sécheresse et une telle sécheresse hivernale”
Sur ces cartes de voeux à la catalane, la question de l’eau occupe la majorité des souhaits… “L’eau, c’est devenu une préoccupation et une inquiétude légitime chez tout le monde. Quand un nouveau préfet arrive dans le département, cela fait partie des sujets phare. Il est annoncé, enfin de la pluie et de la neige, cet après-midi et demain mais on ne sait pas en quelles quantités…” Hermeline Malherbe ajoutant : “C’est la première fois depuis longtemps que l’on vit une telle sécheresse et une telle sécheresse hivernale.” Inquiétude chez tout le monde, y compris dans “le tourisme” et chez les agriculteurs.
“Partager au mieux la ressource”
“Nous avons intérêt à travailler ce sujet tous ensemble (…) Nous avons repris rendez-vous avec le préfet sur ce sujet…” Le but étant de “partager au mieux la ressource” et d’imaginer “des perspectives” d’avenir. “Malheureusement, il n’y a pas de prise de conscience de l’ensemble des acteurs…”, maugrée Hermeline Malherbe. Alors que ce département a, dit-elle encore, “suffisamment de ressources en eau pour la partager (…) Et on sait aujourd’hui que l’agriculture devra s’adapter”.
Il faut faire comme pour les ordures ménagères il y a vingt ans : créer un syndicat mixte; Si on n’avait rien fait, on aurait toujours de vastes décharges à ciel ouvert…”
Maire d’Elne et 1er vice-président du département des P.-O., Nicolas Garcia nous expliquera un peu plus tard, en aparté, que “la communauté urbaine de Perpignan et la communauté de communes du Sud Roussillon sont les gros acteurs qui, dès que le département des P.-O. lance une idée restent figés sur leurs ergots…” Et l’Etat ne doit-il pas trancher…? Il hausse les épaules, sans persifler :“Pff… Il faut faire comme pour les ordures ménagères il y a vingt ans : créer un syndicat mixte; Si on n’avait rien fait, on aurait toujours de vastes décharges à ciel ouvert…”
Cinq millions de mètres cubes d’eau économisés
“Nous, nous avons déjà fait des efforts. Entre 2015 et 2020, reprend Hermeline Malherbe, quelque cinq millions de mètres cubes d’eau ont été économisés”. En travaillant sur les fuites, en réduisant l’usage dans les collectivités et l’agriculture. “Nous avons aussi baissé les prélèvements dans la nappe du pliocène (dans celle du quarternaire, on peut encore le faire). La difficulté aujourd’hui, c’est de savoir le niveau de débit réservé dans nos cours d’eau. Or, l’arrêté du préfet sur ce sujet a été attaqué. Et là au vu de ces dernières années de sécheresse nous réinterrogent… Le travail est en cours.”
Notre département est le mieux doté en eau d’Occitanie ; un problème de gestion nous crée un problème de ressource. Le travail à faire est sur la gestion”
Il y a dans un vaste karst du Montou rempli de l’eau mais qu’il est pour l’instant impossible de pomper pour des raisons techniques ; le karst des Corbières (5 millions de mètres cubes !) mais on ne sait rien sur les acteurs qui pourront l’exploiter… “Notre département est le mieux doté en eau d’Occitanie, a souligné Nicolas Garcia. Un problème de gestion nous crée un problème de ressource. Le travail à faire est sur la gestion. Il y a besoin d’une prise de conscience qui dépasse les chicayas politiques des uns et des autres ; il y a une prise de conscience à avoir sur la gestion collective de l’eau ; on y travaille entre autres avec la chambre d’agriculture. Il y a des tabous à lever”, dit-il encore en citant de mauvais exemples comme des terres à irriguer dont “un tiers est en friche…”
“Le département des P.-O. travaille à une solution, la création d’un syndicat de l’eau”
Conclusion, “le département des P.-O. travaille à une solution, la création d’un syndicat de l’eau, de laquelle il ne veut pas être maître d’oeuvre. Il ne veut pas le gérer. C’est unique en politique ! Et le département soutient toutes les initiatives en la matière !” a annoncé Nicolas Garcia. Comme “des retenues collinaires pour y stocker l’eau, y compris le long du fleuve Tech”, a appuyé Robert Garrabé, conseiller départemental. Là aussi se pose la question “de qui portera le projet”... Il y a aussi d’autres idées comme multiplier la “réu” : la réutilisation des eaux, comme il se prépare actuellement à Argelès avec un projet de 1 million de mètres cubes depuis la station d’épuration locale.
Liberté d’expression, valeur sacrée
Hermeline Malherbe avait débuté ses voeux par une pensée pour l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, “la liberté d’expression est l’une des valeurs sacrée de la République…” et aux 58 journalistes tués en 2022 de par le monde et ceux emprisonnés ou retenus en otages… Après ces propos liminaires empreints d’empathie envers la presse locale “enracinée” et ayant à coeur “d’éviter que demain de terribles zones blanches, sans journaux ni journalistes soient livrés aux vents mauvais des rumeurs et de l’ignorance…”
500 M€ d’investissement en quatre ans
La présidente du département a rappelé que “plus de 450 M€ d’investissements ont été réalisés entre 2019 dans le cadre de la concertation Imagine les P.-O. et ses 11 rencontre citoyennes, qui ont rassemblé quelque 9 000 personnes, autour des problématiques de l’eau, des énergies renouvelables, du tourisme, des jeunes, des aménagements durables… Il reste 50 M€ à réaliser d’ici mi-2023”, a-t-elle précisé.
Kit anti-précarité menstruelle
Dans le cadre de la “précarité menstruelle”, Hermeline Malherbe a révélé qu’un kit pour toutes les collégiennes (12 % en sont touchées) sera mis en place à la prochaine rentrée de septembre. Il comprendra deux culottes lavables, entre autres. “Trop de jeunes filles en souffrent et ne viennent pas au collège pendant leurs règles…” Parce qu’elles n’ont pas l’argent pour s’acheter des protections.
Toujours avec la jeunesse, la collectivité va renouveler dès le 18 janvier ses 52 jeunes qui formeront la nouvelle assemblée des collégiens tandis-qu’en avril nous lancerons un appel aux jeunes de 16 ans à 25 ans pour constituer un comité jeunes. La présidente a aussi évoqué la poursuite de la concertation sur l’extension de l’aire marine protégée de Cerbère-Banyuls ; celle sur la stratégie départementale sur le tourisme et les loisirs en vue d’Assises ; autre concertation sur le schéma des solidarités.
Gestion du RSA : 69 postes créés
Quand au RSA – dont Dis-Leur vous a parlé ICI -, où dans les P.-O. à l’État la gestion, au département le chemin de l’emploi, “nous pouvons enfin mettre en place notre volonté politique de service public de l’insertion par la renationalisation du RSA. D’ici 2026, nous augmenterons nos dépenses d’insertion de 24,7 M€ en créant notamment 69 postes pour renforcer l’accompagnement des publics…” Sans oublier le renforcement des dispositifs d’aides à l’isolation des logements, à la rénovation énergétique et au développement des énergies renouvelables…
Département : un an pour proposer un nouveau nom
Enfin, la consultation sur le nouveau nom du département sera lancée en fin d’année 2023. Sans doute un referendum. “Nous voulions l’organiser lors d’une année sans élection. Un cabinet spécialisé va nous accompagner. Pour certains changements de nom, parfois, c’est l’Etat qui s’en charge. Comme ce fur le cas pour la Seine-Maritime, les Pyrénées-Atlantiques ou les Côte d’Armor, parce qu’il pouvait y avoir une confusion géographique ou parce que leur ancien nom était négatif. Pour nous c’est différent.” C’est le département qui fait la démarche. “Cela pourra être une seule proposition aux habitants sauf si ce cabinet spécialisé nous dit que c’est mieux de proposer plusieurs choix.” Ensuite ? C’est le Conseil d’État qui donnera son avis et le Premier ministre qui tranchera. On ne sait pas au total combien de temps cela prendra. Nous, on s’est donné un an pour proposer un nom.”
Olivier SCHLAMA
- SANTÉ. Ouverture en juillet d’une maison de proximité à Argelès-sur-Mer remplaçant la maison actuelle ; “nous accompagnons la création d’équipements de santé vitaux : un centre à Fourques et une maison de santé pluridisciplinaire à Perpignan.”
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