Surplus de potagers : Et si vous achetiez vos légumes chez votre voisin ?

Figues, cerises, pommes, etc. "Chaque vendeur fixe lui-même les prix...", précise Corine Bourdoncle. L'inflation, galopante, qui fait flamber les prix sur les étals ; la possibilité d'un circuit extrêmement court, parfois, juste au bout de sa rue et des produits extra frais ; tout cela joue en faveur d'une telle initiative ! Photo : Olivier SCHLAMA

Une habitante de Balma, près de Toulouse, a eu l’idée d’une application pour smartphones, Leaf, qui met en relation consommateurs et propriétaires de potagers pour écouler des surplus à petits prix. Elle compte déjà deux mille inscrits et une centaine de potagers. Corine Bourdoncle a le projet d’étendre son utilisation en Languedoc-Roussillon et à tout l’Hexagone.

En moins de trois mois, par le truchement du bouche-à-oreille, elle frutifie à grande échelle. Quelque “deux mille utilisateurs se sont inscrits sur notre application pour smartphones pour acheter des fruits et des légumes dans leur voisinage ; à ce jour, nous recensons une centaine de potagers…” Le nom de l’application, bête comme choux ? Leaf. Ce n’est pas seulement le nom d’une voiture électrique. C’est aussi et surtout l’acronyme de Localiser Et Acheter Frais.

Il suffit de s’inscrire, de se géolocaliser et de voir si dans son voisinage un autre particulier n’aurait pas quelques surplus de son potager qui peuvent vous intéresser”

À l’origine de cette idée simple, Corine Bourdoncle, 51 ans, qui habite Balma, près de Toulouse. Si elle est cheffe d’entreprise (avec son mari, elle a conçu un dentifrice révolutionnaire, à croquer, qui casse la baraque, dont Dis-Leur vous parlera), elle sait être solidaire. “L’application est gratuite. Nous ne prenons aucun frais. Il suffit de s’inscrire, de se géolocaliser et de voir si dans son voisinage un autre particulier n’aurait pas quelques surplus de son potager qui peuvent vous intéresser.” Figues, cerises, pommes, etc. “Chaque vendeur fixe lui-même les prix…”, précise Corine Bourdoncle. L’inflation, galopante, qui fait flamber les prix sur les étals ; la possibilité d’un circuit extrêmement court, parfois, juste au bout de sa rue et des produits extra frais, tout cela joue en faveur d’une telle initiative !

La figue, par exemple, vendue à 2,5 € le kg au lieu de 7 €

Évidemment, le prix de ces surplus de potagers de particuliers n’est pas celui de l’agriculteur moyen. Il met juste du beurre dans les épinards pour tout le monde. “La figue qui est normalement du côté de Toulouse à 7 € le kilo peut ainsi se trouver facilement à 2,5 €/kg”, affirme à titre d’exemple, Corine Bourdoncle qui a pris sur ses propres deniers pour financer cette belle application avec son développeur, tout aussi généreux, Mouloud Aissani.

“C’est gratuit, servez-vous !”

Corine Bourdoncle présente l’application Leaf. DR.

Mais, finalement, ce nouveau mode d’achat est un “prétexte“, revenndique-t-elle, qui met de lien et du liant entre les gens. “Regardez pour moi-même : “J’étais habituée à me servir chez un producteur du Gers pour mes haricots verts qui est tombé malade. Eh bien, j’ai trouvé une voisine qui en cultive dans son potager personnel à 300 mètres de chez moi !” Mieux : “Et quand je lui ai demandé combien je lui devais, elle m’a dit : “c’est gratuit, servez-vous !” C’est souvent comme ça. Eh bien, l’an prochain, j’irai lui offrir un cageot de cerises de mon jardin !” Par expérience, Corine Bourdoncle sait que les surplus sont monnaie courante : “Souvent, quand on se lance dans un potager, on se prend au jeu et on agrandit vite sa surface cultivée…” Ce qui donne inévitablement des surplus.

“Nous avons justement le projet d’étendre cette application au niveau national pour en faire profiter le plus de monde possible”

Avec cette application, on gaspille moins et tout le monde y trouve son compte. Actuellement, elle est très téléchargée dans l’ex-Midi-Pyrénées, notamment en Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne, et elle commence à faire des incursions dans l’ex-Languedoc-Roussillon. “Nous avons justement le projet, confie encore Corine Bourdoncle, d’étendre cette application au niveau national pour en faire profiter le plus de monde possible. Nous voudrions aussi améliorer des fonctionnalités, avec davantage de filtrage, recevoir des notifications ; de savoir quand il y a des rajouts de récolte, etc.”

Un “prétexte” pour recréer du lien social

Photo : Olivier SCHLAMA

L’idée de cette application a germé, comme pour beaucoup, pendant les confinements. “On a tous beaucoup souffert pendant cette période. À l’issue, je voulais recréer du lien social. Car j’ai été particulièrement triste de constater que les relations sociales avaient quasiment disparu. De mon côté, j’ai été élevée dans le bien manger ; mes parents étaient agriculteurs, à Empeaux, où ils faisaient céréales et du “gras” (canards…) À ce moment-là, je me suis dit : “C’est fou avec les moyens de communication que nous avons à notre époque de ne pas pouvoir trouver de quoi s’alimenter en fruits et légumes près de chez soi…”

“On ne peut pas empêcher quelques professionnels…”

Est)-ce que cette belle idée ne pourrait pas être dévoyée par des producteurs (semi)-professionnels…? Et faire de la concurrence déloyale aux étaliers traditionnels des marchés ? “L’application est faite pour être utilisée entre habitants. Mais la porte n’est pas fermée. Si ce nouveau canal de vente intéresse un petit producteur, pourquoi pas. On ne peut pas empêcher quelques professionnels de s’en servir éventuellement. Mais s’ils y pratiquent des petits prix, finalement…”

Olivier SCHLAMA

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