Sports : En Occitanie, 1,5 millions de licences et des clubs inquiets pour leurs aides…

L'équipe des USA de natation artistique qui s'était entrainée au centre Fonquerne à Sète en 2023 en vue des JO. Ph. Olivier SCHLAMA

Un nouveau portail numérique permet de dresser le portrait statistique des communes, départements et régions. De quoi mieux orienter les politiques publiques. Une vraie dynamique était à l’oeuvre jusqu’en 2023. Désormais, à cause de la crise, les aides s’amenuisent…

C’est un outil qui dresse des portraits territoriaux du sport forts intéressants. Porté par le ministère des Sports et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), ce tout nouveau portail numérique, ouvert à tous, vient d’éclore, Data.sport.fr qui, comme son nom l’indique, compile toutes les données liées aux infrastructures et équipements sportifs ; au nombre de licenciés (plus de 16,3 millions en France à ce jour), etc.

Equipements sportifs, licences, diplômes

Ce sont des chiffres-clés de 2022 et 2023, derniers chiffres connus, qui permettent de comprendre les dynamiques territoriales du sport en France. Et de construire ou (ré)orienter certaines politiques publiques. Sur ce portail, on peut aussi suivre l’évolution de son sport favori ; trouver un équipement sportif… On peut aussi y débsquer des infos sur les diplômes sportifs, le volontariat, les dispositifs d’Etat (Pass’Sport, par exemple). A venir : sera installé un onglet “Me comparer”.

Montpellier, n’est pas “la plus sportive de France”…

Prenons l’exemple de Montpellier pour laquelle, jadis, le sport avait été pour Georges Frêche l’étendard d’une dynamique rare. On y apprend que 48 666 personnes ont payé leur cotisation dans la capitale du Languedoc-Roussillon (loin derrière Toulouse avec 98 541 licences à jour mais plus peuplée) ; que les moins de 20 ans en représentent la majorité (54,8 %) mais que le nombre de licences rapportées au nombre d’habitants est inférieur à la moyenne nationale (160,9 pour 1 000 habitants contre 221,9 pour l’Hexagone). Idem pour le nombre de licences annuelles dédiées aux femmes : 35,9 % contre 38,2 % en France. De quoi battre en brèche certaines idées reçues où certains proclament, à tort, que Montpellier est “la première ville sportive de France”

60 % des 15 ans et plus font du sport régulièrement

On y constate aussi que dans le top 10 des fédérations, à Montpellier, il y a peu de surprises : le foot, malgré la descente aux enfers du MHSC, arrive en tête avec 5 866 licenciés suivi du sport à l’école (UNSS), le tennis, la natation arrive à une belle 5e position (la politique des champions du MUC se paie là peut-être ?), quand le sauvetage-secourisme arrive 10e (c’est à Montpellier que se trouve le pôle France). Ce classement n’est pas du tout le même au plan national. A noter que 60 % des 15 ans et plus font du sport régulièrement. A Sète, où le sport est soi-disant une religion, avec de nombreux clubs qui sont ou qui furent au très haut niveau (volley, voile, foot, triathlon, boxe…), on compte 9 832 licences sportives.

En Occitanie, foot, sport scolaire, tennis, rugby, équitation, pétanque dans le top 10

Sport-santé : Quand les enfants modèlent leurs parents
Sensibiliser les enfants au sport mais aussi à l’esprit d’initiative. Photo Olivier SCHLAMA

Si on dézoome au niveau de la région, on constate qu’ont été comptabilisées 1,52 millions de licences sportives en Occitanie en 2023 et que le nombre de ces licences annuelles bat des records : 248,9 licences pour 1 000 habitants contre 239,8 en France. Et ce malgré une population de jeunes inférieure.

Le top 10 des fédérations représentées, en nombre de licences ? Le classement, dans l’ordre, représente bien le territoire : foot, sport scolaire, tennis, rugby, équitation, pétanque… Des chiffres qui corroborent le fait que l’Occitanie, avec 65 % de pratiquants, est la région la plus sportive de France comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Pour autant, selon l’étude nationale de l’Injep, même si le nombre de licences est reparti à la hausse après la pandémie, la France reste cependant en deçà de la moyenne européenne.

Cadres et professions intellectuelles, des champions

Par ailleurs, toujours en Occitanie, 59 % des 15 ans (chiffres de 2022 et 2023) et plus ont, en Occitanie, une pratique sportive régulière contre 60 % en France. Le chiffre monte à 63 % si l’on ne tient compte que de la population masculine (62 % en France). On trouve même sur ce portail, un classement par professions! Toujours en Occitanie, les champions ce sont les cadres et professions intellectuelles supérieure avec 86,8 % et les sans activités (68,2 %). Toutes les autres sont entre 50 % et 58 %. Agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprises (58 %) ; employés (53,8 %) ; ouvriers (53,1 %) ; retraités (52,3 %).

“Signaux inquiétants de décélération budgétaire”

Pour utile que soit cet outil, les collectivités qui veulent s’en saisir pour structurer une offre sportive dans leur commune se heurtent désormais à la question, aiguë, des finances publiques. On peut même affirmer que les collectivités sont sous tension. L’Association nationale des élus en charge du sport (Andes) se place ici dans le rôle de lanceur d’alerte en évoquant des “signaux inquiétants de décélération budgétaire”. D’après son premier baromètre des subventions publiques locales aux clubs sportifs, 43 % des collectivités voient leur budget consacré au sport en général baisser. Cela se traduit par en premier lieu une baisse des investissements dans les infrastructures pour la moitié des collectivités (49 %) et par une diminution des aides allouées aux événements sportifs (pour 41 % d’entre elles).

Fragiliser “les fondation de l’héritage des JO de 2024”

Photo. Kayak Stage-Font-Romeu 2024

De quoi largement fragiliser “les fondation de l’héritage des JO de 2024” (…) avec un “bloc communal sous tension financière”. Et une dynamique de cofinancements croisés des régions, départements, communes qui se rétrécit. L’effet de levier se fait à minima. Dans ce contexte, les communes de moins de 5 000 habitants taillent encore plus massivement dans leur budget sportif, notamment sur le financement d’équipements. Et les villes de plus de 100 000 habitants coupent, elles, plus volontiers dans les subventions aux clubs sportifs. L’Andes réaffirme “la nécessité d’investir, d’ici à 2030, chaque année au moins 1 % du budget de l’Etat en faveur du sport”. Sinon, l’effet domino ira croissant… De quoi inquiéter,dans la sphère sportive, les 163 000 salariés dans le privé, 87 000 dans le public

Dépense sportive : 14,1 milliards d’euros

Depuis 2013, la dépense sportive publique était relativement stable et représentait environ 0,6 % du produit intérieur brut, soit 14,1 milliards d’euros en 2021. L’Injep avait même calculé en 2023 que l’Etat (les ministères de l’enseignement supérieur et de l’Education nationale en sont les premiers contributeurs avec 6,1 milliards d’euros, notamment pour rémunérer les profs d’EPS) dépensait davantage que les collectivités locales pour le sport : 7,3 milliards d’euros contre 7 milliards d’euros, notamment assurés par les communes (6,6 milliards d’euros, devant départements et régions (0,4 milliards d’euros). Mais avec 20,8 milliards d’euros de dépenses dans le sport, ce sont bien les ménages français qui s’installent sur le haut du podium…

Olivier SCHLAMA