Avec 3 374 victimes de violences sexuelles souvent jeunes mais pas seulement – en hausse de 6 % par rapport à 2023, et +86% de plus qu’en 2016 -, le phénomène est d’ampleur, constate la Mission interministérielle pour la protection des femmes.
Agressions, harcèlement, regards insistants, remarques déplacées, attouchements… Dénonçant un “fléau“, le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a jugé ces comportements “inadmissibles“. Dans un message publié sur X, il a assuré que la proposition de loi sur la sûreté dans les transports, qui a fait l’objet d’un accord en commission mixte paritaire le 6 mars.
“Ce texte va renforcer les pouvoirs sur le terrain des agents de sûreté de la RATP et la SNCF qui pourront procéder à des palpations de sécurité ; poursuivre sur la voie publique proche des gares les auteurs d’infractions commises dans une gare ou une rame et qui prennent la fuite ou encore interdire l’accès aux gares et stations aux individus qui pourraient menacer la sécurité des voyageurs ou la circulation ou refusent de se faire fouiller.” Des mesures qui doivent “être mises en oeuvre rapidement : il en va du droit des femmes à se déplacer en sécurité dans notre pays”, a-t-il écrit.
Une hausse de 86 % des victimes en dix ans
Le nombre de victimes de violences sexuelles dans les transports en commun enregistrées par les forces de l’ordre a augmenté de 86 % en près de dix ans selon une étude publiée ce 10 mars par l’Observatoire de la mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof) qui note que les dispositifs de prévention se sont aussi multipliés. La Miprof étant dirigée par l’ancienne ministre et championne de natation Roxana Maracineanu.
Seules 7 % des victimes ont déposé plainte

En 2024, 3 374 victimes de violences sexuelles dans les transports en commun ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023, et +86% de plus donc qu’en 2016, selon cette étude publiée ce 10 mars. Ce qui représente 3 % du nombre de victimes de violences sexuelles en France. Sur ces 3 374 victimes dénombrées dans les transports en commun, un peu moins de la moitié, 44 %, l’ont été en Île-de-France. Ces chiffres correspondent à la hausse du nombre de victimes enregistrées pour des violences sexuelles, tous lieux confondus, avec 122 600 crimes et délits enregistrés en 2024 (+ 7%). Seules 7 % des victimes ont effectivement déposé plainte, selon une autre étude, Enov pour la RATP.
Une agression sexuelle pour 15 % des victimes
En Île-de-France, 31 % des victimes de violences sexuelles dans les transports en commun enregistrées l’ont été dans le réseau métropolitain, 27 % dans le réseau de surface et 42% dans le réseau ferroviaire. Dans les autres régions, 7 % des victimes de violences sexuelles dans les transports en commun enregistrées l’ont été dans le réseau métropolitain, 67 % dans le réseau de surface et 26 % dans le réseau ferroviaire. Quelle est la nature des violences ? Pour 39 % des victimes, il s’agit d’outrages sexistes ou sexuels ; pour 19 % d’entre-elles du harcèlement sexuel. Pas moins de 15 % des victimes déclarées rapportent une agression sexuelle et 6 % un viol ou une tentative de viol.
Peur de l’agression et comportements d’évitement

Sept femmes sur dix déclarent dans cette même étude avoir été victimes de violences sexuelles ou sexistes au cour de leur vie dans les transports franciliens et même jusqu’à 90 % pour les 19 ans-25 ans ! La très grande majorité des violences est subie par les femmes, le plus souvent jeunes et sont commises par des hommes, à 99 %. Résultat, plus de la moitié des femmes interrogées (56 %) déclarent ne pas être rassurées dans les réseaux ferrés et 80 % se disent “en alerte” en voyage.
Cette peur de l’agression poussent beaucoup de femmes à adopter des comportements d’évitement : à 68 %, elles déclarent s’habiller différemment dans les transports en commun ; 60 % les évitent carrément en fonction de leur tenue. Les femmes adoptent aussi un comportement de mise en sécurité : à 83 %, elle se placent dos aux portes ou aux murs quand elle ne s’assoient pas ; 93 % d’entre-elles s’assoient préférentiellement à côté d’une autre femme, d’un couple ou d’une famille, plus rassurants, davantage qu’à côté d’un homme seul.
Fait que l’on peut interpréter comme positif : 23 % des victimes disent avoir été aidées par un témoin de la scène, soit deux fois plus qu’il y a dix ans : c’est un chiffre tiré lui d’une étude de la Fnaut, Fédération nationale des associations des usagers ds transports. Face à ce défi, les opérateurs de transports ont également mis en oeuvre des dispositifs pour tenter d’améliorer la sécurité des femmes dans les transports en commun : campagnes de communication, descentes à ma demande sur les lignes de bus après 22 heures, outils de signalement et d’alerte, etc.
Olivier SCHLAMA