La start-up montpelliéraine, qui lance une levée de fonds en royalties, tente de se frayer un chemin sur ce marché grâce à ses produits gourmands, sa singularité, qui commencent à être référencés en pharmacie, Ehpad, hôpitaux et cliniques. Et qui seront, espère sa fondatrice, Pauline Renard, bientôt remboursés par la Sécurité sociale.
Le constat est sans appel. “Avec plus de deux millions de personnes dénutries en France, en majorité les personnes âgées et les personnes atteintes de cancer, la dénutrition est responsable de 20% des décès de patients en oncologie !”, déplore Pauline Renard, fondatrice de la start-up La Picorée, créée à Montpellier. “Après 18 mois de recherche et développement, nous sommes heureux de proposer la première offre de gâteaux hyperprotéinés et hyperénergétiques sucrés et salés contenant 87 % à 89% d’ingrédients biologiques made in France !”, explique-t-elle.
Commercialisation commencée il y a six mois
Les P’tits Peps sont des mini-cake hyper-protéinés et hyper-caloriques destinés aux personnes âgées et malades. On les trouve pour l’heure dans des pharmacies autour de Montpellier et Aix-en-Provence ; dans une vingtaine de magasins de matériels médicaux Bastide en France ; et sur le site internet de la Picorée, la start-up qui les fait fabriquer. Et qui a commencé sa commercialisation il y a seulement six mois.
Le déclic : le décès de ses deux grands-pères d’un cancer
Née d’un père endocrinologue et d’une mère biologiste, la Montpelliéraine Pauline Renard a 33 ans. Pendant une décennie, elle a, après une école de commerce, à Bordeaux, travaillé dans le secteur du conseil de la santé et l’innovation. Après le décès de ses deux grands-pères, à la suite d’un cancer et qui, pendant de longs mois, se sont trouvés “dénutris“, ayant perdu beaucoup de poids, elle revient dans la capitale languedocienne. Et décide de créer il y a deux ans une start-up, la Picorée, et proposer une gamme de produits hyper-riches pour lutter contre la dénutrition. Un phénomène répandu dans la société dû à différents facteurs comme l’explique la Haute autorité de santé (HAS) : maladie, perte d’appétit, isolement social, polymédication, etc.
“Plus gourmand” et “plus naturel” en redonnant envie de manger
Au cours de la maladie, traditionnellement, quand la personne âgée malade perd du poids, on cherche juste techniquement à enrichir son alimentation en protéines et en calories. Il existe, certes, déjà des compléments nutritionnels en pharmacie ou à l’hôpital sous format souvent de boissons lactées hyper-protéinées et hyper-caloriques. “Ce sont souvent des produits sucrés et liquides, commente Pauline Renard. Ils sont performants mais pas toujours très bons. Les personnes âgées les prennent souvent mal et je me suis rendue compte que, selon les études, près de la moitié des personnes dénutries qui ne les consomment pas en raison de leur goût, texture et format. J’avais vraiment envie de proposer une alternative” qui soit un produit plus conforme à une alimentation “normale“, “plus gourmande” et “plus naturelle” en redonnant envie de manger, tout en étant très riche.
Elle pointe également : “Un quart des personnes âgées en Ephad refusent les compléments nutritionnels en raison de la lassitude face au manque de variété, souligne la jeune chef d’entreprise. En outre, selon une étude menée sur des patients atteints de cancer, 84 % des patients ont identifié le goût comme la principale cause de l’insatisfaction des compléments nutritionnels.”
Nouvelle référence tomates-herbes de Provence
Après le lancement en août 2022 d’une première référence vanille-amande, “testée et approuvée à 85 % sur un panel de 60 patients accueillis au sein du service onco-gériatrie de l’Institut du cancer de Montpellier (ICM)”, La Picorée propose depuis quelques semaines une nouvelle référence tomates-herbes de Provence.
À distinguer des compléments alimentaires
Le marché des compléments nutritionnels, très spécifique, est tenu par une poignée d’acteurs qui réalisent tous ensemble un chiffre d’affaires de 500 M€ annuels (+ 5 % par an) avec une marge supérieure à 20 %. Attention, ce ne sont pas des compléments alimentaires, dont Dis-Leur vous a parlés ICI et pour lesquels les pouvoirs publics ont appelé à la vigilance.”On compte une dizaine d’acteurs, presque que de gros industriels (Danone, Nestlé…) Et une paire de start-up dont la Picorée. Du coup, les gammes de produits sont restreintes et standardisés.” Pour l’instant, les biscuits de la Picorée ne sont pas encore remboursés par la Sécurité sociale. Mais ils ont l’ambition de le devenir.
Vers le remboursement par la Sécu
Pauline Renard décrypte : “Pour accorder le remboursement de nos produits, la Sécu en fait impose un prix maximum très bas que nous ne pouvons actuellement pas proposer : nous ne pourrions pas vivre de ce remboursement vu notre prix de revient sortie d’usine. Les grands industriels le peuvent grâce aux grandes quantités vendues. On espère pouvoir y prétendre d’ici fin 2024-début 2025. C’est notre objectif. Pour l’instant, nous avons le statut européen de “produit particulier”, Denrées alimentaires destinés à des fins médicales spéciales (DADFS). Nos produits pourront donc in fine être remboursées et être le générique de certains produits existants.”
Fabriqués 100 % en France
Certes, les mini-cakes ne sont pas produits en Occitanie mais ils le sont en France. “Nous avions à coeur de produire notre gamme dans la région mais comme on est dans un marché de la santé avec des personnes vulnérables, il nous fait des garanties d’hygiène top level. Et je n’en est pas trouvé avec ces normes élevées et de mener parallèlement un travail de recherche et développement très spécifique à haute valeur nutritionnelle. On a cet industriel trouvé en Bretagne.” Un paquet de 20 mini-cake coûte 8,85 € TTC vendu par la Picorée qui est une SAS 2 SS donc de l’économie sociale et solidaire. “Dans nos statuts, nous avons intégré les critères comme la gouvernance partagée, le plafonnements des plus hauts salaires, etc.”
Soutenue par le Bic de Montpellier et l’Institut Agro
La Picorée, qui s’est doté d’un comité scientifique, est soutenu par le professeur Sénesse, gastro-entérologue et nutritionniste, responsable de l’aide et soins supports de Val d’Aurèle, à Montpellier, structure avec laquelle La Picorée a noué un partenariat. Notamment à travers une étude sur 60 patients suivis pour un cancer. “C’était une étude sensorielle où les patients ont goûté nos produits avant leur commercialisation pour avoir un maximum de retours sur leur goût, aspect, texture.”
La Picorée est aussi soutenue par l’incubateur du BIC de Montpellier et par l’Inrae – Institut Agro. Acteur engagé dans la démarche territoriale Med Vallée portée par la Métropole de Montpellier, l’équipe de La Picorée a pour objectif à 3 ans (2025) est d’atteindre dix salariés et un chiffre d’affaires de près d’1 M€. Elle a bénéficié de près de 300 000 € d’aides à l’innovation de Bpifrance, France Active, La Région Occitanie et Crealia. Et vient de lancer une campagne de financement participatif sur la plate-forme wedogood, ici.Une levée de fons en royalties.
Olivier SCHLAMA
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