Réchauffement climatique : Ces communes qui se créent des îlots de fraîcheur

A Prats-de-Mollo (P.-O; comme dans quatre autres commues d'Occitanie, le syndicat professionnel Fredon Occitanie mène un projet de rafraîchissement de la commune à travers des îlots de fraîcheur. Ph. DR.

Désimperméabiliser les cours d’école, c’est bien. Remettre de la nature dans les centres-villes surchauffés, c’est bien aussi. Le syndicat professionnel Fredon Occitanie accompagne cinq communes de la région dans ce projet lauréat des budgets participatifs de la Région Occitanie, déjà à la pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Fredon Occitanie, c’est un peu le vétérinaire du végétal. C’est un organisme à vocation sanitaire, délégué des services de l’Etat pour tout ce qui est de la surveillance sanitaire, des cultures, des vignes, du fameux platane touché par le chancre coloré. Des plantes envahissantes…

“Le lancement d’îlots de fraîcheur urbains grâce à de la végétalisation dans cinq communes de la région”

Bourgs-sur-Colagne. DR

Chargé de mission et paysagiste, Julie Chouvel ajoute : “Nous avons aussi un pôle environnement, financé par l’ARS (Agence régionale de santé), la Région Occitanie, la Draaf et les Agences de l’Eau Rhône Méditerranée Corse et Adour-Garonne. Nous avons, là, une mission de surveillance de l’ambroisie ; de plantes allergisantes ; de qualité de captages d’eau potable. On a aussi une charte Engagé pour le Végétal. C’est une charte d’engagement des gestionnaires d’espaces privés ou publics dans les communes, les campings. Sur la bonne gestion, les bonnes pratiques dans les espaces verts. En ce moment-même, une nouvelle charte est lancée avec de nouvelles candidatures.”

Et, enfin, une nouvelle mission afin d’apporter sa pierre à la lutte contre  le réchauffement climatique grâce à “la création d’îlots de fraîcheur urbains grâce à de la végétalisation dans cinq communes de la région. C’est un dossier qui avait été déposé en 2019 auprès de la Région Occitanie dans le cadre d’un budget participatif baptisé Ma solution pour le climat. Le dossier a été retenu dont l’idée est d’accompagner cinq communes de la région dans l’installation d’îlots de fraîcheur. Il y aura aussi l’édition d’un guide technique, pour justement, aider les communes de toutes tailles dans ce domaine.”

Marguerittes (Gard) ; Prats-de-Mollo (P.-O.) ; Najac (Aveyron) ; Bram (Aude) et Bourgs-sur-Colagne (Lozère)

Bram (Aude). Ph. DR

Mais qu’est-ce donc qu’un îlot de chaleur ? “C’est quand, en ville, on constate une différence thermique flagrante. Les sites se situent souvent dans les centres-villes, le plus souvent ils sont très minéralisés. Avec beaucoup d’enrobés ; peu d’espèces végétales ; avec des murs partout qui accumulent la chaleur et qui, parfois, la restituent durant la nuit.” En sachant qu’au-delà de 25 degrés, c’est difficilement vivable.

Bram, dans l’Aude ; Marguerittes, dans le Gard ; Prats-de-Mollo (P.-O.) ; Najac (Aveyron) et Bourgs-sur-Colagne (Lozère) : ce sont les communes volontaires retenues dans ce projet. “Nous avons lancé une enquête en décembre qui s’est terminée fin janvier où l’on a diffusé largement auprès des communes engagées dans notre charte ; celles qui sont dans un Parc naturel ; des CAUE(conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement)…”, précise la chargée de mission.

Aménager des espaces publics, des rues, des places de village et même un cimetière en végétalisant au maximum, en plantant des arbres, des arbustes, des plantes vivaces mais aussi étudier les revêtements de sols qui conviennent le mieux…”

Julie Chouvel, chargée de mission au Fredon Occitanie
Najac, lors d’un atelier. Ph. DR.

Ombre, évapotranspiration des arbres : l’idée centrale est de créer un micro-climat vivable là où tout n’était que fournaise. “Ce que nous faisons, c’est aménager des espaces publics, des rues, des places de village et même un cimetière en végétalisant au maximum, en plantant des arbres, des arbustes, des plantes vivaces mais aussi en étudiant les revêtements de sols qui conviennent le mieux.” Exemple à Bourgs-sur-Colagne, “on fait cela autour de l’église de la commune où il y a trois places qui sont 100 % minérales, en enrobés ou en dalles calcaires. On a fait un diagnostic des matériaux mais aussi des usages, des ressentis. Et on fait ensuite des propositions pour y créer des espaces de détente, de repos. Des bancs sous un arbre, par exemple. Et un arbre peut abaisser la température de plusieurs degrés”.

“Certains érables présentent beaucoup d’intérêt dans ce contexte de changement climatique

Atelier Prats-de-Mollo. Ph. DR.

Y a-t-il besoin d’une telle expertise pour planter des arbres…? “Ce que nous apportons, c’est une logique de site ; nous proposons un projet cohérent. Une place végétalisée par exemple s’inscrit dans un aménagement plus global, à l’échelle de la commune. Il y aussi des contraintes techniques à prendre en compte ; le choix des essences végétales ; des associations végétales. Il y a, bien sûr, des essences locales, méditerranéennes, qui sont résistantes mais aussi des espèces à tester. Au-delà du fameux jardin méditerranéen, il s’agit aussi de trouver des arbres résistants, comme certains érables qui présentent beaucoup d’intérêt dans ce contexte de changement climatique.”

On parle beaucoup de désimperméabilisation des sols en ce moment dans les cours d’école mais ça concerne aussi l’espace public”

Ce n’est pas tout. “Il faut se questionner aussi sur la présence de l’eau : on se pose la question de savoir si à tel endroit ce ne serait pas bénéfique de remettre certaines fontaines en eau ou certains cours d’eau. Et puis le revêtement du sol est très important. On parle beaucoup de désimperméabilisation des sols en ce moment dans les cours d’école mais ça concerne aussi l’espace public où il faut éviter de mettre de l’enrobé noir partout qui, en plus, absorbe toute la chaleur. Il existe des dalles avec des joints plus ou moins imperméables pour y pallier. Ça aussi, c’est à voir avec les usages : parfois, des dalles en pierre c’est agréable pour la circulation piétonne. Tous ces enjeux sont à concilier dans l’espace public.”

“Chaque commune concernée fera ensuite appel à un bureau d’études pour ensuite lancer les travaux”

Fredon Occitanie (jadis acronyme de Fédérations régionales de lutte et de défense contre les organismes nuisibles) a obtenu une enveloppe de 62 000 € pour mener à bien ce projet qui ne finance que l’accompagnement des communes. “Ce que nous proposons c’est du conseil : on formule des objectifs ; on propose un scénario d’aménagement ; on distingue objectifs et enjeux. Nous avons d’ailleurs organisé avec la population – pour que le projet soit en adéquation avec les désirs des habitants et leurs usages – les quatre premiers ateliers avec les CAUE des départements du Gard et de la Lozère. Une réflexion de partenariat est en cours avec celui des P.-O. Et nous en avons aussi accompagné un cinquième atelier.  Chaque commune concernée fera ensuite appel à un bureau d’études pour ensuite lancer les travaux. L’aménagement des abords de l’église de Bourgs-sur-Colagne, c’est, par exemple, quelque chose qui va se faire sur le long terme.”

En 2021, le dernier bilan mondial 2021 de l’action climat des territoires de l’association Climate Chance, publié ce 6 avril, mettait en avant le rôle des villes organisées en réseaux, dépassant parfois les objectifs nationaux ou européens ! Où l’on remarque qu’il y a des régions très volontaristes, dont… l’Occitanie, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Ce n’est pas pour rien que les budgets participatifs de la Région Occitanie s’organisent désormais suivant deux seuls thèmes : urgence climatique et éducation et solidarités, selon Olivier Roméro-Gayo, conseiller régional chargé du dossier, comme nous l’avons expliqué ICI.

Olivier SCHLAMA

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