Région Occitanie : Ces budgets qui se veulent de plus en plus participatifs

"Cet été où la sécheresse a été très sévère, beaucoup de plants ont souffert", confiait Cécile Marchal en septembre 2022, la cheffe de cet endroit unique qui dispose, certes, d'une roubine, mais "remplie quand il pleut vraiment" et où les vendanges avaient débuté sous une chaleur moite comme dans tout domaine. Photo : Olivier SCHLAMA

Les budgets participatifs de la Région Occitanie s’organisent désormais suivant deux seuls thèmes : urgence climatique et éducation et solidarités, selon Olivier Roméro-Gayo, conseiller régional chargé du dossier. La mue n’est pas finie : la Région ambitionne d’ici la fin du mandat de consacrer 5 % de son budget aux projets participatifs ! Et même aller vers les signataires d’une pétition noircie d’au moins 10 000 signatures.

Conseiller régional chargé de ces budgets participatifs, qui viennent d’être votés en commission permanente ce 21 avril – par l’ensemble des élus sauf le RN -, Olivier Roméro-Gayo explique : “Ce sont toujours des budgets réservés à de projets émanant de citoyens, associations ou collectivités pour lesquels il y aura toujours un vote citoyen en ligne pour en désigner les lauréats. La différence désormais, c’est qu’ils vont être transversaux. C’est-à-dire que l’on va avoir un thème pour une année complète. En 2023, le thème sera par exemple, l’urgence climatique pendant un an. Et tout ce qui a trait à l’environnement, le changement climatique, l’eau, etc., sera pris en compte. On a juste gardé un budget participatif à part, baptisé “arbres”, qui sera récurrent et concernera tout ce qui concerne des plantations de forêts, ou de la végétalisation urbaine, par exemple, dont la vocation est d’être des puits à carbone.”

Si le porteur de projet doit être accompagné pendant 18 mois, on l’accompagnera autant de temps pour qu’il soit bien ficelé”

Olivier Roméro-Gayo est conseiller régional d’Occitanie en charge des budgets participatifs. DR

Autre différence, les porteurs de projets auront deux ans pour proposer leur idée et la soumettre à un budget participatif. Ainsi, “le thème de l’urgence climatique durera deux ans. On s’est rendu compte que quelques mois pour un porteur de projet c’était parfois un peu court et pour les services de la Région Occitanie qui accompagnent le projet également.”

Il poursuit son argumentation : “Si le porteur de projet doit être accompagné pendant 18 mois, on l’accompagnera autant de temps pour qu’il soit bien ficelé. C’est aussi, parfois, le parcours du combattant. Cela améliore aussi la qualité du projet. Et tous nos services pourront être mis à contribution ; on pourra retrouver, par exemple, un projet d’urgence climatique suivi par le service éducation. Pour les services, c’est aussi moins d’urgence : jusqu’à maintenant, ils pouvaient traiter rapidement parce qu’ils savaient que l’on changeait de thème deux mois plus tard.”

Urgence climatique et éducation et solidarités

Épisodes cévenols. Nîmes (Gard), le 9 septembre 2005.  Photo : Dominique QUET, Maxppp

En 2024, le thème des budgets participatifs de la Région Occitanie, ce sera Éducation et Solidarité, sur les discriminations, entre autres. “On pourra y retrouver des projets portés par des lycéens.”

Olivier Roméro-Gayo précise : “En fait, il n’y aura que deux thèmes de budgets participatifs : l’urgence climatique et éducation et solidarités qui résument toutes les compétences de la Région Occitanie. On s’est rendu compte depuis le lancement de ces budgets participatifs, en 2016, que presque tous les projets ont un lien avec l’urgence climatique ou éducation et la solidarité. Sur la mobilité, il y en a moins.” Avec un budget conséquent : 2,5 M€ par an, soit 12 M€ sur le mandat.

Pour que les citoyens participent de plus en plus concrètement aux politiques régionales (…) Aller beaucoup plus loin, continuer à être pionnier”

Souvent, une bonne idée a besoin, techniquement, d’être portée par une association. “Je pense par exemple, confirme Olivier  Roméro-Gayo, à ces étudiants qui avaient eu le projet de récupérer l’humidité sur les toits ; ils avaient été obligés de créer une structure, en l’occurence une association, pour développer et exploiter cette idée. En attendant, nous travaillons à une idée : comment donner sur chaque compétence de la Région Occitanie (mobilités, éducation, sport, formation professionnelle…) donner un pourcentage du budget total de la Région Occitanie, sans doute 5 %. Imaginons que la compétence “Mobilités” représente 200 M€, eh bien 5 % iront à des propositions citoyennes. Pour que les citoyens participent de plus en plus concrètement aux politiques régionales. C’est ce que l’on aimerait faire, d’ici la fin du mandat, avec le DGS. Aller beaucoup plus loin, continuer à être pionnier.”

“Si on veut vraiment rapprocher les citoyens de la politique, c’est un bon moyen d’apporter notre pierre”

“Si on veut vraiment rapprocher les citoyens de la politique, c’est un bon moyen d’apporter notre pierre. Là, avec cette idée, les citoyens participent vraiment. J’ai vu, aux Rencontres européennes de la participation, en Allemagne, que c’est à l’oeuvre dans ce pays. C’est passionnant. Et beaucoup plus concret. La volonté est là ; on cherche à l’articuler, en créer les modalités et le mettre en place.” Un peu comme la Convention citoyenne mais à l’échelle de toute la Région.

Aller vers les signataires d’une pétition

Une deuxième grève pour le climat est prévue le 24 mai 2019. Photo archives. M.D.

Ce n’est pas tout. “On va mettre en place des évaluations sur toutes les politiques publiques, en utilisant le Démomètre.C’est un outil sur toutes les politiques le niveau de participation, dont les budgets participatifs et comment les rendre encore davantage participatifs. Nous réfléchissons aussi à un “outil d’interpellation” : il faut, par exemple, recueillir au moins 13 000 signatures pour qu’un sujet soit porté à la connaissance de notre assemblée plénière et qu’il soit pris en compte. Mais ce genre d’outil-là, c’est très compliqué : faut aller sur le site, recueillir les signatures sur un laps de temps très court…

“Du coup, le Cese (Conseil économique social et environnemental) nous a aidés. Il existe des plate-formes comme Change.org avec des pétitions intéressantes. Comment pourrait-on s’en servir…? Peut-être en accompagnant une pétition qui entre dans le champ de nos compétences, et qui ait recueilli au moins 10 000 signatures, par exemple. Dans ce cas-là, eh bien, on ne va pas attendre. On ira vers les signataires. En leur disant : “On vous a entendu sur telle problématique. On va vous aider.” Faut que l’on se soucie des citoyens…”

Olivier SCHLAMA