Phénomène : Le padel et sa petite raquette trouée frappent un grand coup

En ce lundi matin, les mordus de padel se succèdent sur les cours du club de Sète. Photos : Olivier SCHLAMA

C’est l’histoire d’un hybride, entre squash et tennis, qui, arrivé en France il y a quelques années, explose. Surtout en Occitanie, voisine de l’Espagne, par où ce sport a déboulé, qui voit terrains et licences pulluler. Quentin Ayuso, parmi les meilleurs français, Robin Theule, excellent amateur, Fabien Dugrip, cofondateur du club de Sète, et Eric Largeron, vice-président de la Fédération de tennis, chargé du padel, nous décryptent le phénomène à un tournant de son essor.

C’est l’un des rares champions encore amateurs à s’être hissé à la 14e place française en padel – qui dépend de la Fédération de tennis – grâce à tous ses points gagnés en tournois. Né à Marseille, ayant grandi à Sète, Quentin Ayuso, 30 ans, s’entraine deux fois par semaine et réalise deux sessions physiques hebdomadaires. Il s’est d’abord naturellement tourné, jeune, vers le tennis, puis le foot, dans la cage du gardien de but. Souffrant du syndrome de Sever, pathologie inflammatoire affectant le talon, il s’en échappa, de la cage, ne partageant aussi ni l’ambiance ni l’état esprit.

“Quand je jouais au foot, l’ambiance était déraisonnable…”

Le Sétois Quentin Ayuso, 14e meilleur joueur de padel en France. Ph. Franck Binisti

Direction, le volley-ball, comme jadis son papa, Didier, chirurgien. Poussé par l’atavisme familial – son grand-père fut le cocréateur du club de volley l’Arago – le puissant Quentin devient un excellent passeur, de 12 ans à 18 ans, intégrant même durant quelques matches l’équipe de Pro A, le plus haut niveau français. Au volley, il adorait “l’esprit d’équipe. On peut être agressif, mais seulement du regard… C’est un sport qui n’est pas aussi enflammé dans les tribunes comme l’est le foot, y compris dans les catégories mineures. Quand j’y jouais, c’était déraisonnable. Ça ne dérangeait personne que les parents s’insultent ; qu’ils se défoulent sur le bord du terrain. On t’apprend aussi à tricher, à simuler ; à être agressif…” 

Il découvre le padel en Espagne

Son parcours est intéressant. A 19 ans, après le bac, Quentin stoppe le volley. Se remet un peu au tennis. “Ce qui m’intéresse aussi, c’est de progresser et là je repartais de zéro. Ça a un côté fascinant.” Puis, il file à Gérone (“Les plus belles années de ma vie !”), en Espagne, pour suivre des études de kiné. Sa femme est aussi kiné, diplôme décroché, là aussi, en Espagne mais à Valence. Tinder ayant les ayant réunis. “Un jour, je découvre le padel dans un centre sportif de l’université. J’y joue avec des copains. Là-bas, des terrains, il y en a partout : dans les hôtels, sur les toits ; la moindre maison secondaire, si les propriétaires ont de l’argent, ils en font construire…”

En Espagne, le padel devance le tennis, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Faut dire que les plus grands frappeurs de balle jaune au monde, à l’instar des Nadal et Djokovic, en ont fait la meilleure des pubs.

Si j’avais su que ça aller exploser en France et que je pourrais continuer à y pratiquer le padel, je m’y serais davantage impliqué au départ”

Quentin Ayuso, 14e joueur français

Ses premières impressions du padel il y a plus de dix ans ? “C’est un sport très ludique, répond spontanément Quentin Ayuso. Pour un pratiquant de tennis, on se dit : “c’est fun”. Mais si tu ne sais pas jouer avec les vitres et les rebonds et là tu peux vite être handicapé face à des joueurs, certes peut-être moins physiques, mais qui auront la bonne technique. Ça peut être frustrant, au début. Si j’avais su que ça aller exploser en France et que je pourrais continuer à y pratiquer le padel, je m’y serais davantage impliqué au départ.”

Occitanie : le nombre de licences explose de 70 % !

Ph. Manuela Pappacena, unsplash.

Le padel ? (prononcez “padèle”). Pas moins de 500 000 Français ont testé au moins une fois, selon l’Union sports et Cycles (1) Et rien qu’en Occitanie, le nombre de licences spécifiques a explosé de… 70 % en un an, pour atteindre 13 400 licences, selon Eric Largeron, vice-président héraultais de la FFT chargé de ce sport ! La FFT l’a intégré en 2014 dans son giron. Pour plusieurs raisons : “Les deux fédés d’origine qui se disputaient l’agrément en France étaient plus ou moins en guerre. Mais surtout parce que le padel se développait très fortement en Espagne. Dernière raison : la mixité tennis-padel qui permet de réguler le développement” de ce dernier.”

“On veut un équilibre entre tennis et padel”

Exemple : “Quand un padel se “construit” sur des courts de tennis, décrypte Eric Largeron, il faut vraiment veiller à ne pas faire comme le futsal qui a totalement phagocyté le football.” Comment ? On aide à l’équipement des structures associatives mais on a ainsi une attention particulière sur l’emplacement des pistes ; on peut être facilitateur et conseiller quand un club de tennis veut faire une piste de padel eh bien parfois on leur dit qu’il vaut mieux le faire sur un court plutôt que d’en condamner deux de tennis. On regarde de près quel impact le padel peut avoir sur le tennis. On gère les deux sports. Et on ne veut pas une émancipation du padel. On veut un équilibre entre les deux sports.”

De l’Amérique latine à la France via Espagne

Eric Largeron. Ph. DR

On confond encore le padel avec une autre activité sportive : le paddle ; plus exactement le stand up paddle, une façon de glisser sur l’eau avec une pagaie, debout sur une planche. Le padel aurait été inventé au mitan des années 1960 par un certain Enrique Corcuera, homme d’affaires mexicain. Il aurait érigé un petit terrain de tennis, faute de place suffisante. Le padel se répand en Amérique latine, traverse l’Atlantique pour conquérir l’Espagne où il est le sport le plus populaire de la Péninsule, après le football, tout de même.

Déjà près de 2 000 pistes de padel existantes

Ce sport, qui se situe entre tennis et squash, est un jeu de raquettes – sans corde et avec des trous pour laisser passer l’air sans trop de résistance – rend ses adeptes particulièrement accros. A preuve, les amateurs de ce sport à l’essor fulgurant se multiplient pour atteindre plus de 500 000 pratiquants dans l’Hexagone (1). Entre les clubs privés, les établissements hôteliers et autres structures, il y aurait près de 2 000 “pistes”, du nom des terrains de padel. De quoi, aussi, redonner du souffle à des clubs de tennis qui pour échapper à la morosité transforment volontiers des courts verts de tennis en “pistes”, bleues, elles, de padel.

Ludique” et accessible à tous

Très régulièrement, le joueur de padel aime jouer avec des balles neuves, moins pressurisées que celles de tennis.

Engagement à la cuillère, suivi d’un rebond avant de frapper ; les balles peuvent être jouées de n’importe quelle partie du terrain ; murs et grillages n’arrêtent pas le jeu et peuvent être utilisés dans les échanges. C’est a priori très accessible. Le premier qualificatif qui vient à l’esprit de Quentin Ayuso, c’est “ludique“. Mais le champion devrait dire plus volontiers : accessible à tous. Car, pas besoin d’être doué techniquement pour s’amuser, à son niveau. Pour autant, à haut niveau, cette discipline marie de nombreuses qualités : tactique, technique irréprochable, sens de l’anticipation. Et qui réclame une grosse débauche d’énergie. “C’est physique comme le squash” mais ce dernier, c’est un peu “toujours pareil” ; “tu tapes contre le mur ; tu joues devant et derrière ; tu récupères une possession. Mais ce n’est pas hyper-ludique”, analyse Quentin Ayuso.

“Tu vis une progression pharamineuse en partant de zéro”

Il ajoute : “Ce qui excite l’amateur, c’est que tu as beau avoir des bases de tennis ou de ping, tu vis une progression qui peut être pharamineuse en partant de zéro. Même un tennisman qui a des aptitudes au padel, quand il joue des mecs, moins forts, mais habitués au padel, ils peuvent manoeuvrer habilement et gagner. Il peut y avoir une différence de niveau et s’amuser. Au final, on est en progression perpétuelle. On peut aussi enchaîner les points ; il n’y a pas de temps mort pour aller chercher la balle. Le terrain est petit. Ça va vite. En une heure, il y a du volume.” En ce qui le concerne, la pratique du volley l’a aidé dans les réflexes, la lecture des trajectoires et l’anticipation.” On partage la même explosivité.

“Ces sports de raquettes dérivés de la pelote basque, tout le monde connaît. Ce cap de la découverte, on ne l’a plus. Au padel, on l’a.”

Le club de padel de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Pourquoi le padel connaît-il un tel engouement et pourquoi ceux qui le plébiscitent ne préfèrent-ils pas un autre sport de raquette, badminton ou ping-pong… ? Quentin Ayuso avance une explication : “Tous ces sports de raquettes sont des dérivés de la pelote basque, très anciens, que tout le monde connaît. Ce cap de la découverte, on ne l’a plus. Au padel, on l’a. Le padel, il y a encore six ans, deux personnes sur trois ne savaient pas ce que c’était. Les gens pensaient que c’était du “paddle” et que l’on faisait de la planche avec une rame même en hiver par deux degrés dehors ! Aujourd’hui, c’est un sport qui passe à la télé que les gens peuvent tester. Il y a aussi un côté partage, une bière après la fin de la partie…” Une tradition.

“Ne pas se sentir frustré si tu joues face à meilleur que toi”

Quel est le profil des aspirants à cette discipline ? “Dans le Top 15 français, les joueurs de padel viennent tous du tennis, à part le N°2 qui n’y avait pas eu un niveau extraordinaire.” Eric Largeron confirme, précisant que le profil du joueur-type est plutôt celui “d’un ancien joueur de tennis qui se met ensuite au padel mais aussi du sportif qui n’a jamais joué au tennis et qui ne fait que du padel.” Il balaie une idée reçue : le padel ne cannibalise pas le tennis. “Le nombre de licenciés en tennis ne baisse pas (110 000 en Occitanie, 1, 150 million en France) ; il est même en légère augmentation, dit-il. Mais comme le padel explose, on a l’impression que le tennis baisse. Ce n’est pas le cas.” C’est un cercle vertueux, l’un entraîne l’autre.

Que conseille-t-il, Quentin Ayuso, à une jeune qui veut se mettre au padel ? “Il faut se laisser aller à faire des parties avec des potes. Et de ne surtout pas se sentir frustré les premières fois si d’aventure tu joues face meilleur que toi et qu’il a l’impression qu’il n’y arrivera jamais. C’est en pratiquant que l’on s’améliore.”

“Se faire plaisir et jouer avec des partenaires différents.”

Robin Theule, 1er à gauche. Ph DR.

Lui aussi ancien volleyeur de très bon niveau, Robin Theule, également kinésithérapeute s’est mis au padel. A 36 ans, il s’est mis au padel il y a quelques années ; il pratique assidûment à un très bon niveau amateur. “Je mis suis mis après avoir joué au tennis, explique-t-il. Je trouve le padel plus ludique et plus facile à apprendre que le tennis. J’aime aussi ce côté défouloir ; la possibilité de frapper très fort dans la balle.” La pratique rend rapidement accro.

Et, en tant que kiné, Robin Theule en constate les excès : “Je prends en charge beaucoup de nouveaux clients qui se blessent en pratiquant le padel”, confie-t-il. La raison principale ? “Certains jouent tous les jours car ça leur procure beaucoup de plaisir, analyse-t-il. Mais cela peut aussi provoquer des blessures si l’on joue trop vite trop souvent.” Personnellement, il pratique le padel deux fois par semaine, en moyenne. “Ça me manque au bout de dix jours d’arrêt.” Son conseil ? “Se faire plaisir et jouer avec des partenaires différents.”

Balles, location de terrain… C’est un sport qui a un coût

Ph. O.SC.

Le padel revient-il cher ? “Ça dépend des clubs. Certains, qui sont encore municipaux, proposent des cotisations au même tarif qu’une licence dans un autre sport, dans les 350 € par an. Où l’on peut jouer à foison. Dans les clubs privés, c’est plus cher. Surtout si tu joues plusieurs fois par semaine à 12 € l’heure et demie par personne, plus la boisson de fin de partie. Sachant que les balles ont un coût : entre 5 € et 7 € le jeu {ressemblant à celles de tennis mais moins pressurisées, Ndlr}. Le joueur de padel en est un gros consommateur parce qu’il aime bien jouer avec des balles neuves, qui sont plus vives. Et qui changent presque à chaque partie…”

“Nous souhaitons des structures multi-services”

Le padel n’est-il pas l’avenir du tennis ? “Le padel permet des rentrées financières ; dans certains c’est vrai. Il faut le reconnaître. Ce que nous souhaitons c’est qu’une structure soit multi-services”, confie Eric Largeron. Multi-raquettes. Hybride. “Nous faisons pas mal de promotion autour d’un nouveau sport de raquette, le pickleball. Extrêmement développé aux USA, il se joue sur un terrain de badminton avec un filet bas, comme le mini-tennis. Ça se joue deux contre deux avec des règles particulières. Les raquettes ressemblent à celles du padel et avec des balles en plastique. C’est une forme ludique de sport de raquettes. Nous voulons nous positionner comme la fédération N° 1 en raquettes même si le tennis de table, le badminton et le squash sont, elles, indépendantes. A la FFT, la principale discipline, c’est le tennis. Nous avons aussi en plus du padel, le beach-tennis et la courte-paume, beaucoup plus confidentiel ; c’est l’ancien jeu de paume.”

Des baux sur quinze ans avec des mairies

Ph SideSpin Padel, Unsplash

Va-t-on devoir gérer un problème de foncier avec ce développement à marche forcée ? Avec notamment pas mal de projets de grandes structures qui se concrétisent. “Il peut y avoir un problème de foncier, en effet, que les grandes structures privées essaient de résoudre, soit en ayant la chance de dénicher des endroits achetables soit en faisant des baux avec des mairies sur une quinzaine d’années avec un engagement à moyen terme répondant à ce problème de foncier avec un système de location.”

Jadis, les clubs victimes de la démocratisation du tennis

Comment voit-il le padel dans dix ans. “Comme une courbe de Gauss, c’est-à-dire une augmentation qui se poursuit actuellement ; un sommet et, enfin, une légère régression. La ville de Toulouse a de grands clubs mais il y a aussi deux ou trois autres qui sont sortis de terre. Sète a un super club ; peut-être que La Peyrade en aura bientôt aussi ; à Balaruc, un privé possède deux pistes. Construction envisagée de deux pistes à Mèze, aussi. Tout cet ensemble ne semble pas mettre en danger toute l’économie du padel à Sète.” 

Il ajoute : “À 60 ans passés, j’ai connu l’apogée de clubs privés de tennis ; depuis, beaucoup d’entre eux ont fermé. La différence c’est que ces clubs possédaient du foncier qu’ils ont pu revendre. Jadis, ils ont été victimes de la démocratisation du tennis quand une opération nationale avait voulu démultiplier le nombre de courts jusque dans chaque village. C’est pour cela que nous voulons maîtriser ce sport.”

À Sète, l’un des tout premiers club de padel

N’était le ronronnement des camions frigorifiques du mareyeur voisin qui vont s’éclipser dans quelques minutes, on n’entend que le bruit sourd des balles sur les raquettes. Nous sommes dans la zone du parc Aquatechnique, à l’entrée de Sète. Créé il y a bientôt cinq ans, le 13 septembre 2019, le club de padel Sète est une originalité, comme l’explique Fabien Dugrip, cofondateur et ex-joueur international de volley. “Nous l’avons créé avec deux autres associés, Simon Roques et Guillaume Lary, parce que nous jouions un peu au padel et que l’on avait envie de s’y mettre. Sauf qu’il n’y avait pas de structure à Sète de ce type. Il y en avait bien, notamment à Agde, mais à quel prix…” Avant de s’installer dans cette zone industrielle, les créateurs du Sète Padel avaient bien proposé au tennis club du Mas-Viel, toujours à Sète, de créer un terrain. Mais impossible d’y rester, le voisinage ne supportant pas la bruit sourd et puissant des coups de raquettes.

Application dédiée, groupes whatsapp…

Padel, à Sète, un virus… Ph. Olivier SCHLAMA

Tout est ensuite allé très vite. Le premier hiver, point encore de terrasse obombrée comme aujourd’hui ; encore moins de club house… Mais qui ont été rapidement bâtis. Il y a encore dix-huit mois, ses quelque cinq cents licenciés – sans parler des occasionnels – lui avaient permis d’être le deuxième club de l’Hexagone, jusqu’à l’avènement de grosses structures. Mais il reste toujours dans le top français. Surtout qu’à Sète, on n’y mélange pas tennis et padel.

“En dix ou vingt séances, tu maîtrise les bases”

Pour  louer l’une de ses six pistes, on peut en passer par une application dédiée. “Il existe aussi des groupes Whatsapp de joueurs de mêmes niveaux ; on peut aussi s’en servir pour combler un désistement de dernière minute”, complète Fabien Dugrip. Le virus tourne à plein. En ce lundi matin, malgré la reprise du travail et le soleil de midi le juste qui darde ses rayons, les cours ne désemplissent pas. Salariés en pause méridienne, commerçants profitant de leur jour de repos, dockers… Tout Sète se retrouve là. “En dix ou vingt séances, tu maîtrise les bases”, assure Fabien Dugrip. Et comme les plats sont abordables, comme “le magret qui est à seulement 12 €”, par exemple, on y passe volontiers un bon moment.

“Salarier trois personnes, ce ne serait pas possible comme nous le faisons”

Ph DR.

À Sète, le club de padel propose une licence à 300 € par an, comme pour un sport traditionnel. Mais aussi une carte de 10 séances pour 70 € ou une séance à 7,5 € par personne. Fabien Dugrip ajoute que gérer le club n’est pas sa profession (il est, pour sa part, dans l’immobilier).

Pas de stress donc pour s’obliger à faire du chiffre d’affaires et courir après le client : les trois associés n’attendent pas après le padel pour faire bouillir la marmite. C’est avant tout un club pour les joueurs. “De toute façon, salarier trois personnes, ce ne serait pas possible comme nous le faisons et comme nous concevons ce club. On nous a même presque reproché de ne pas faire davantage d’argent, notamment à travers l’application dédiée. Mais ce n’est pas le but. Chez nous, on a des sportifs issus de plein de sports différents pour se divertir voire pour faire un peu de compète.”

“Tout le monde pense que c’est du pain bénit ; que l’on peut gagner de l’argent. Mais c’est compliqué d’en vivre”

Le club de padel de Sète. Ph. DR

Comment voit-il évoluer cette discipline dans dix ans ? Il rejoint l’avis d’Eric Largeron, de la FFT : “Ce qu’il ne veut pas, Eric, c’est que tout le monde fasse des pistes de padel partout. Sinon, à moment donné, il y aura plein de petits clubs qui ne feront que vivoter et certains disparaîtront ; surtout si, demain, d’autres clubs se montent à proximité. Sachant qu’il y a déjà des clubs qui ferment parce qu’ils gèrent mal mais aussi parce que ce n’est pas rentable partout. Tout le monde pense que c’est du pain bénit ; que l’on peut gagner de l’argent. Mais c’est compliqué d’en vivre. Nous, en ce qui nous concerne, on n’a pas fait ça pour en faire un bizness. C’est juste un club de pratique.”

En démonstration aux JO en 2036 ?

La petite raquette trouée continue, en tout cas, de frapper fort : en 2032, à Brisbane, en Australie, elle pourrait profiter de sa visibilité exponentielle, pour s’essayer à l’olympisme, en démo, aux JO. Vice-président de la FFT, Eric Lorgeron préfère miser prudemment sur 2036, le temps de valider tout le travail d’approche au niveau international. D’ici là, le padel aura continué sa conquête planétaire et sera passé de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial à 6 milliards d’euros, selon une étude.

Olivier SCHLAMA (avec Maxime RACINE)

L’explosion de la pratique se confirme

Du côté de la FFT, Fédération française de tennis, on cite “une étude récente de novembre 2023 : nous estimons, explique un porte-parole, à 500 000 le nombre de pratiquants en France. Ce chiffre était estimé à environ 200 000 en 2021 et environ 360 000 fin 2022.”

Le nombre de licenciés en flêche

Ph. Olivier SCHLAMA

Il poursuit : “La FFT, qui a mis en place la licence spécifique padel en 2023, comptabilisait 37 500 licenciés padel fin août 2023 (correspondant à la fin de l’année sportive). A date, nous en comptabilisons 67 091 au 19 juin 2024 (année sportive en cours). Toutefois, ce sont environ 160 000 licenciés FFT (via les licences muti-raquettes) qui pratiquent le padel au sein de nos 700 clubs.” 

Concernant l’Occitanie, on dénombrait 7 483 licences padel fin août 2023, et on en compte 13 371 à ce jour. Quant au nombre de “pistes”, il  a suivi la même courbe exponentielle en France : 1309 pistes en 2020 ; 1346 en 2021 ; 1 458 en 2022 et 1908 à ce jour. Idem en en Occitanie : 249 pistes en 2020 ; 250 en 2021 ; 288 en 2022 et 363 pistes à ce jour.”

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