Ariège (3/3) : “Les Ultratrailers, des explorateurs du corps humain immergés dans la nature”

Ultrariège. Ph. Cyrille Quintard

{Avec vidéo}. L’Ultrariège, qui traverse les Pyrénées Ariégeoises, est le symbole de l’engouement hors normes pour les courses pédestres ultimes popularisées par la star Kylian Jornet. Pour l’anthropologue Abdu Gnaba, il s’agit d’un “appel de la nature, à la Jack London. Qui va chercher en soi la volonté de redevenir sauvage.” Attention, toutefois, à la “disneylandisation” de la discipline.

L’ultra-trail se développe à grandes foulées. On savait déjà que se promener dans les bois est excellent pour la santé ; on a même percé le secret des marcheurs des Chemins de Compostelle ! Et, en Occitanie, on a appris qu’un habitant sur deux pratique un sport nature. Tout converge !

L’ultra-trail est présenté par ses adeptes comme une expérience intérieure à la fois apaisée et déconnectée des réalités quotidiennes, y compris sportives. Pas question de fouler un vulgaire anneau de course d’un stade anonyme…

On sait aussi désormais pourquoi -un îlot de nature et de pureté !- l’ultra-trail est, à son tour, une discipline autant courue malgré une exigence incroyable. Les plus grandes courses font face à plus de 18 000 demandes de participation quelles ne peuvent pas toutes satisfaire. Cet engouement doit sa propulsion autant à ceux qui ont des semelles de vent qu’à ce qui se joue dans la cervelle. Des scientifiques s’en sont bien sûr emparés.

Au coeur du parc des Pyrénées Ariégeoises

Exemple avec l’Ultrariege, une traversée au coeur du parc naturel des Pyrénées Ariégoises, en Haut-Couserans. Il peut y avoir une brume épaisse qui masque les montagnes et une fine pluie qui martèle le visage. Les montagnes sont découpées au couteau. Sauvages. Parfois, le brouillard rend l’expérience un rien hostile, voire comme hantée. Les coureurs qui s’imposeraient en terre conquise n’y seraient pas les bienvenus. Au mieux, ils sont “invités“, comme l’expliquent les initiés.

Mont Fourcat, Pic de St-Barthélemy, Rocher de Scaramus

Robert-Félix Vicente, co-organisateur de l’Ultrariège. Ph. Olivier SCHLAMA

Il y a, dans ces hauteurs-là, la rencontre avec le Mont Fourcat… “La montagne tutélaire des fuxéens et premier 2 000 mètres en arrivant depuis Toulouse, le Pic de Saint Barthélemy et le Rocher de Scaramus pour des formidables panoramiques sur les Pyrénées Ariégeoises…”, retrace Robert-Félix Vicente, co-organisateur de l’Ultrariège et de nombreuses autres courses (1). Il y aussi le sommet du Mont Ceint. Sommet du Pic des Trois-Seigneurs, à 2 199 mètres, au point de rencontre des trois vallées que sont Courbière, Vicdessos et l’Arac. Le col du Chioulat. Des panoramas exceptionnels. Un ressenti hors normes. L’Ultrariège fait partie de l’acmé de ce sport avec 80 territoires représentés dont Mayotte, la Polynésie…

“On veut garder une épreuve à taille humaine”

L’Ultrariège, c’est pour les plus déments un 165 km (l’épreuve reine) à travers les montagnes, en 26h14 pour le vainqueur 2023…! Démesuré ! Quatre fois un marathon !  Il y a aussi un peu moins à se coltiner : un 51 km par exemple. On peut aussi choisir de vivre l’expérience en équipe. “Pour cette édition 2023, complète Robert-Félix Vicente, nous avions 1 200 coureurs inscrits, 30 personnes pour le staff ; l’aide de 452 bénévoles passionnés sans lesquels nous ne pourrions rien faire. On pourrait accueillir deux fois ou trois fois plus de coureurs… Mais on veut garder une épreuve à taille humaine ; on ouvre de nouveaux chemins avec six distances mais on n’ira pas au-delà de 1 500-1 800 coureurs par édition à l’avenir.” Il évoque le chiffre d’un million de trailers pratiquants dans l’Hexagone.

Abdu Gnaba. DR.

Des passionnés parmi lesquels il y a “un pourcentage de participants qui ne recherchent que l’endorphine. L’effet euphorisant de la dépendance, expose Abdu Gnaba. Anthropologue, directeur du SocioLab, professeur associé à l’Essec, il travaille depuis plusieurs années pour la marque Salomon, créateur de l’UTMB du Mont-Blanc en 2003, qui fait référence. Et qui a quasiment créé cette discipline qui devient de plus en plus un “sport de masse”. 

“Dans l’ambivalence du lâcher-prise dans la maîtrise”

“En revanche, dit ce dernier, pour les promoteurs, c’est du risque calculé. Kilian Jornet – qui vient cette année de lancer le premier syndicat de trailers – me disait : je prends autant de plaisir à préparer mes expéditions qu’à les réaliser.” Et, quand on lui demande qu’aurait-il fait hormis le trail, il répond : “Dessinateur industriel ! Le point commun ? La maîtrise. On est dans l’ambivalence du lâcher-prise dans la maîtrise (…) La philosophie première, c’est d’oublier le chrono est d’être dans le moment présent. De courir longtemps en s’adaptant continuellement.”

La planète trail nous regarde avec satisfaction et voit comment on s’y est bien pris”

Robert-Félix Vicente d’Ultrariège

Depuis sa maison de Verdun, Robert-Félix Vicente explique, lui, la genèse de l’Ultrariège qui a demandé davantage que d’un chrono : “L’épreuve est née en 2018 de quelque chose qui s’apparentait à un frémissement que l’on ressentait autour de nous. La première édition n’a pas eu lieu ; il a fallu le temps de s’organiser comme il le faut ; en 2020, on a subi le covid et en 2021 on n’en avait pas vraiment fini avec la crise sanitaire : aujourd’hui, la planète trail nous regarde avec satisfaction et voit comment on s’y est bien pris”. Il ajoute : “En 2022, la barre des 800 participants a été dépassée et là on a commencé à refuser beaucoup de monde…”

Phénomène de mode et sport de l’extrême

Les passionnés se décuplent et pas question de lever le pied ! Abdu Gnaba, lui, dit : “Il y a deux choses à distinguer. Le phénomène de mode et le sport lui-même de ceux qui sont à la recherche de l’extrême. Et qui est lié à ce que l’on pourrait appeler de l’exploration. Les grands champions comme François Haene ou Kilian Jornet, le plus connu au monde, ce qu’ils prônent c’est de vivre une expérience immersive dans la nature. C’est une course de sentiers, l’ultratrail, qui, symboliquement, mais pas seulement, comporte le risque de l’extrême fatigue et celui d’être totalement dans la nature. Ça, c’est la puissance symbolique de ce sport.” Le phénomène de mode explique, lui, que ce soit devenu un sport de masse.

À qui s’adresse l’Ultrariège et l’ultra-trail en général ? Robert-Félix Vicente répond : “Aux coureurs du dimanche qui courent contre eux-mêmes ; on a effectivement 10 % à 15 % qui viennent pour le chrono et qui sont pour certains peut-être des accros du sport, des bigorexiques, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Et d’autres viennent pour le défi. Ils s’inscrivent même pour avoir juste le dossard ; et s‘ils abandonnent ils peuvent dire en rentrant chez eux : j’y étais ! Des coureurs viennent en teams déjà constituées à cinq ou six membres et veulent finir ensemble,  à cinq ou six…” 

Tout ceci est articulé autour de l’appel de la forêt. L’appel de la nature, à la Jack London. Cela va chercher en soi la volonté de redevenir sauvage”

Abdu Gnaba

Comment est-on passé du jogging pour sortir de son canapé et ne plus s’y avachir  (1970-1980) à la recherche de la performance (1980-1990) jusqu’aux marathons (déjà un premier impensable !) et les courses folles actuelles, que certains qualifient de “retour aux sources”, comme l’exprime Robert-Félix Vicente ?

Abdu Gnaba, Anthropologue. Ph. DR.

“C’est ça, opine Abdu Gnaba. Quand des humains ouvrent de nouvelles voies, on a envie de faire comme eux, c’est excitant. Mais, si ça fonctionne, c’est que tout ceci est articulé autour de ce que j’appelle l’appel de la forêt. L’appel de la nature, à la Jack London, l’écrivain américain Cela va chercher en soi la volonté de redevenir sauvage.” Une volonté qui était déjà connue très tôt, il y a 142 ans, mais peu étendue. “La première course du Caïzardé (montée sèche) a eu lieu le 14 juillet 1881 lors de la grande fête dans le parc des hôtels du Parc d’aulus les Bains, au coeur de la vallée du Garbet-Ariège-Couserans”, rappelle Robert-Félix Vicente.

Les meilleurs, les stars de la discipline rappellent que l’on est dans la nature un invité, pas un conquérant”

Abdu Gnaba

Abdu Gnaba poursuit son décryptage : “Le participant à ce genre de course n’a besoin de presque rien pour pratiquer ce sport. Il permet de mesurer ses performances à l’aune de ses capacités pures. Si c’est fort, c’est, certes, parce qu’il y a la dimension ultraphysique et la performance – on reste dans une société très quantitative où chacun se valorise en fonction de ses datas – mais il y aussi ce côté “bio” : on se “désurbanise” et on se confronte à des terrains escarpés qui rappellent que l’on n’est pas grand-chose. Les meilleurs, les stars de la discipline rappellent que l’on est dans la nature un invité, pas un conquérant. Donc, il y a ce processus : je dépasse ce qui est a priori possible pour moi-même et je fais une expérience immersive à travers les éléments naturels.”

Attention, toutefois, à ne pas transformer la nature en terrain de jeu en ne respectant pas ces sentiers pour satisfaire le besoin de courses de plus en plus spectaculaires”

Ultrariège. Ph. Cyrille Quintard

Qu’en dit la star toutes catégories Kilian Jornet ? “Ce que j’en ai analysé avec Jean-Yves Couput, de Salomon, c’est que Jornet est quantique : c’est-à-dire que pour se ressourcer, il touche la nature ; il cherche les éléments ; il va se baisser pour caresser la pierre ; toucher des plantes. Etre complètement dans la nature lui permet de régénérer constamment son énergie.” Attention, toutefois, “à ne pas transformer la nature en terrain de jeu en ne respectant pas ces sentiers pour satisfaire le besoin de courses de plus en plus spectaculaires”. Il “milite” pour l’essence-même de ce sport qui demande à ce que l’on courrecomme un invité. Cela veut dire poser un minimum de signalétique ou l’enlever. De ne laisser aucune trace”.

“Ce n’est pas un sport d’endurance mais de persévérance”

Ultrariège. Ph. Cyrille Quintard

La crise du covid a-t-elle été un accélérateur ? “Oui. Il y a eu l’enfermement puis, l’effet catapulte. La prise en compte du bonheur d’être dehors. D’autre part, la prise en compte d’être complètement lié au vivant, à l’ensemble du vivant. L’idée n’est pas de faire du sport mais de communier. Et la façon la plus intense. Quoi d’autre que courir longtemps pour atteindre un état de transe ? C’est une pratique hypnotique. Ce sport-là est fait pour atteindre la ligne. Ce n’est pas un sport d’endurance mais de persévérance. La persévérance ne vaut que si tu es porté par une foi. C’est la foi en toi. On ne peut y arriver que si l’on ne se force pas. Ces ultratrailers  des explorateurs du corps humain immergés dans la nature.”

On se retrouve en pleine nature ; et c’est en Ariège que je connais bien et que j’aime avec des paysages somptueux…”

Caro Sorli Laux
Caro Sorli Laux. Ph. DR.

L’Héraultaise Caro Sorli-Laux, qui a participé à l’Ultrariège sur l’épreuve du 51 km fin juillet (terminant à la 11e place féminine sur 73 et meilleure de sa catégorie en 8h52) ne dit pas autre chose. “Oui, la crise du covid a eu un effet important qui a participé du fait qu’en effet c’est en train de devenir un sport de masse, adoube-t-elle. Et puis on se retrouve en pleine nature ; et c’est en Ariège que je connais bien et que j’aime avec des paysages somptueux…” Vigneronne à Pomérols, elle pratique assidûment course à pied, trail, swimrun… La jeune femme, 44 ans, est ultragainée car ultra-entrainée. Y compris parce que le sport, c’est son quotidien : prof de natation à l’origine, elle enseigne pilate et autres activités sportives aux adhérents de son association, C’fit&Form.

“Ce n’est pas si long ! On a les bâtons, on peut marcher, on n’est pas sur le bitume, surface que je n’apprécie pas”

Caro Sorli Laux. Ph. DR.

Elle a réalisé près de 9 heures de course sur l’Ultrariège… Elle commente : “Ce n’est pas si long ! On a les bâtons ; on peut marcher ; et puis ce qui est bien, c’est que l’on n’est pas sur le bitume, une surface que je n’apprécie pas”, affirme sans rire celle qui s’était obligé à scander son périple avec une injonction de boire tous les quarts d’heure pour garder forme et rythme. À découper mentalement son ultra-épreuve en tronçons de dix kilomètres, à chaque ravitaillement.

Son regard s’éclaire : “Et puis il y a eu le soutien incroyable de ma famille dont mon frère et sa femme, qui ont même campé à proximité pour être présents à mes côtés le jour de la course.” Ses filles et son mari l’étaient aussi. Autour d’elle, au milieu des sentiers, il y avait des profils différents parmi les participants : des vieux, des moins vieuxmais aussi les jeunes y viennent de plus en plus”, a-t-elle remarqué. “Moi, cela m’apporte de la tranquillité et de la sérénité.”

“La même sensation quand l’acteur lâche la corde sous l’eau, dans le Grand Bleu…”

Cyril Corroy, Ultrariège. Ph. DR.

Pour Cyril Corroy, un cht’i-Picard, de Eplessier, commune près d’Amiens (Somme), qui a également participé à l’Ultrariège, c’est le mot “évasion” qui arrive en premier. À 41 ans, il court s’entrainer tous les jours, soit le matin avant le boulot (il est démonstrateur en boulangerie) soit le soir. Il prend l’exemple d’un néophyte de cousin qui a rejoint son équipe. “Il a commencé par de petite distances ; puis un 20 km et, cette année, il a fait l’Ultrariège avec nous, avec notre team Trail et Évoissons.”

Il ajoute à ses motivations, évidemment le “dépassement de soi” et le fait que l’on y vit “un vrai moment de partage entre amis”. “C’est vrai que l’on souffre un peu mais pas autant qu’on pourrait le croire”, analyse-t-il. “Ce que ça m’apporte ? Eh bien, voyez-vous, c’est la même sensation quand l’acteur lâche sous l’eau, dans le Grand Bleu, la corde ; où on ne sait pas s’il va revenir sur la terre ferme un jour…” Une scène mythique du long métrage générationnel (1988) de Luc Besson qui a révélé Jean-Marc Barr et Jean Réno. Il a même, trois semaines après l’Ultrariège du mal à “redescendre sur terre”.

“Pas question d’aller quelque part sans faire du sport”

Caro Sorli Laux, elle, qui va participer, le 6 octobre, en équipe à une nouvelle épreuve “ultra”, la traversée des Pyrénées, le 100 Miles, d’Argelès à Bolquère, se souvient qu’il y a vingt ans, le sport, surtout la natation, avait été une “drogue” pour elle. Une dépendance dont elle dit s’être sortie. “Je vivais, à l’époque, un moment compliqué de ma vie où le sport avait pris le dessus ; je ne mangeais pas assez…” Aujourd’hui, mariée, deux filles – tout le monde vit 100 % sport – elle se dit capable de bien se nourrir et suffisamment pour répondre à ce “besoin” de sport quotidien. Et à cet appel de l’endorphine. Il y a quelques jours, la famille est partie en Espagne, en vacances. Avec vélos et paires de baskets. Car, “pas question d’aller quelque part sans pouvoir courir ou faire du sport. Un matin je suis partie a priori pour une balade et j’ai couru toute la matinée, soit 2h30…

Selon Robert-Félix Vicente, co-organisateur de l’Ultrariège, actuellement, “quand une course disparaît deux nouvelles se créent. Rien qu’en Ariège, on compte 54 courses dont un ultra. Pour nous, à l’Ultrariège, ce qui est important, c’est d’avoir passé un contrat moral avec la population. On distribue aussi un road book avec 40 points de rencontre. C’est aussi pour le public et les coureurs une façon de découvrir le merveilleux patrimoine de l’Ariège dont le paysage change d’une vallée à l’autre.”

Résister à la “disneylandisation”, la plus grande épreuve

Ultrariège. Ph. Cyrille Quintard

L’ultra-trail est aussi devenu, depuis quelques années, un mode de vie que de grandes marques promeuvent auprès d’un public de plus en plus large, surtout citadin. Comme le 4X4 fut l’expression de l’aventure dans les années 1980 même entre deux trottoirs. Ces courses et ses exploits ont un impact sur la façon dont de nombreux urbains s’habillent. Sans aller se faire suer dans la nature. Juste en adoptant un style de vie aux allures plus pures, plus conformes à l’air du temps. Cette esthétique outdoor est très en vogue. Alors que, dans le même temps, certains pratiquants se bricolent aussi une identité, un soi de pureté, avalant pourtant, paradoxalement, boissons à base de chimies et repas en poudre, un peu loin du “bio”…

Depuis le début des années 2000, l’ultra-trail a explosé sur la planète, d’après l’Union Sport & Cycle, syndicat d’entreprises liées au sport, treize mille coureurs ont fini les soixante-deux ultra-trails organisés en France en 2022. De plus en plus de courses deviennent ainsi avatars de grandes marques. Tout un écosystème s’est structuré, une filière de vêtements spécialisés autour de ces courses aussi qui, à l’origine, ne parlaient que d’immersion dans la nature. L’ultra-trail va devoir résister à la “disneylandisation”, sa plus grande épreuve.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Il a organisé le Tour de L’Ariège Pédestre, Skiathlon de la Barguillère, le Grand Raid Ariège Pyrénées, le Trail des Citadelles, la Montée Chiche, le Duathlon Ariège Pyrénées, le Championnat Midi-Pyrénées Course de Montagne… Et co-organisé : la Tour des Trois Seigneurs et UltrAriège Pyrénées. Ainsi que la création et co-organisation du premier trail trans-Pyrénéen : trail Ordino (Andorre)-Auzat (09).

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