L’Occitanie, qui a remporté un tiers des médailles françaises aux JO (23 sur 64), espère que les para-athlètes réitèreront cet exploit à partir du 28 août prochain. Pour Kamel Chibli, il faut faire en sorte que le soufflet ne retombe pas. Le vice-président de la Région Occitanie, qui se veut exemplaire, insiste dans une tribune sur la dimension du sport à l’école ; l’implication des champions ; renforcement du maillage des bénévoles dont il faut valoriser le travail ; mieux accompagner les sportifs de haut niveau etc.
Léon Marchand, les frères Lebrun, Antoine Dupont… Soixante-quatre breloques dont vingt-trois pour des sportifs résidant en… Occitanie qui se place devant des pays comme l’Espagne ou le Brésil au tableau des médailles : après la moisson récoltée par les athlètes d’Occitanie lors des Jeux Olympiques, c’est au tour de nos athlètes paralympiques régionaux d’entrer en compétition et de défendre leurs chances de podium.
Tous les athlètes des JO 2024 ne sont pas nés entre Haute-Pyrénées et Gard mais ils y résident et s’y entrainent tous. Et puis, c’est un accaparement auquel se livre chaque région. L’Occitanie doit aussi ce classement à de nombreux prodiges. Il n’en reste pas moins que ce classement est extraordinaire. Et puis si certain athlètes se sont exilés hors la région pour mieux performer, certains d’autres régions au contraire s’y sont installés pour la même raison, comme l’archer Franc-Comtois, Jean-Charles Valladont qui s’entraîne à Nîmes (argent à Tokyo en 2021).
L’Occitanie, région la plus sportive de France, est reconnue pour ses infrastructures de haut niveau
Il se trouve également que l’Occitanie, qui serait, si elle était un pays, la dizième nation mondiale, est aussi la région la plus sportive de France avec un taux de pratique régulière supérieur à 65 % selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), comme dis-Leur vous l’a expliqué ICI.
Ce n’est pas tout. Mer, montagne, plaines… Et un plan de 130 M€ de la Région Occitanie pour justement doper les infrastructures sportives et profiter également aux sportifs locaux. Notre région est aussi reconnue pour héberger, et depuis des décennies, des infrastructures sportives de haut niveau très prisées : le Centre national d’entrainement en altitude, à Font Romeu qui fut construit en 1967 par la volonté de De Gaulle après l’échec des JO de Tokyo et qui est un lieu d’accueil de nombreux athlètes internationaux ; c’est là que Martin Fourcade a fourbi ses armes, recordman français du nombre de médaille avec Teddy Riner (cinq autour du cou). On trouve le CNVB à Montpellier et le pôle France de Volley à Toulouse. En espérant que cette alchimie réussisse également aux athlètes paralympiques.
Que ce soit au rugby fauteuil, à l’escrime ou en natation, par exemple, l’Occitanie compte encore de nombreuses chances de médailles”
Carole Delga
Du 28 août au 8 septembre prochains, Paris accueillera donc les premiers Jeux paralympiques d’été organisés en France. Parmi les 237 athlètes de la délégation française, vingt-trois licenciés dans la région, et deux guides, représenteront l’Occitanie. La présidente de Région Carole Delga sera présente à Paris, mercredi 28 août lors de la cérémonie d’ouverture, pour encourager les athlètes d’Occitanie.
“Avec 23 para-athlètes, soit 10 % du contingent français, l’Occitanie se retrouve dans les mêmes dispositions favorables, commente Kamel Chibli. On a un potentiel de médailles énorme. On est capable de faire au moins cinq à dix médailles. On risque de marquer le coup au niveau national… Japonais, au Cap d’Agde ; délégation thaïlandaise à Beaucaire pour l’aviron ; on a des délégations en Lozère, etc. Nous avons le même dispositif que pour les valides.” Il faudra capitaliser sur cet événement. Kamel Chibli, qui a écrit une tribune destinée au Monde que nous publions, en avant-première (lire ci-dessous), valide. “On a eu beaucoup de débats sur le fait que la France est ou non un pays sportif…” Une nation de sportifs mais pas forcément de sportifs. “En Occitanie, nous comptons impulser notre exemple au niveau national qui fait de nous la région exemplaire pour les médailles. Si on peut servir d’exemple au niveau national, il faut le faire…”
Aux Ugo Didier (natation), Sophie Caverzan (Taekwondo), Lynda Medjaheri (volley assis) et les vingt autres athlètes paralympiques d’y croire ! “Après une olympiade exceptionnelle, quel plaisir de prolonger la fête avec les Jeux Paralympiques ! Que ce soit au rugby fauteuil, à l’escrime ou en natation par exemple, l’Occitanie compte encore de nombreuses chances de médailles, pointe Carole Delga.
La présidente de la Région Occitanie ajoute : Notre région, la plus sportive de France, est résolument un fournisseur officiel de championnes et de champions (…) Je tiens à saluer toutes les fédérations, tous les clubs et bénévoles qui s’engagent au quotidien, dans nos territoires, aux côtés des 10 000 licenciés parasportifs d’Occitanie. La Région continuera d’investir pour proposer des équipements toujours plus accessibles et inclusifs mais également pour développer les formations de bénévoles, l’accès au haut niveau des parasportifs ou encore l’acquisition de matériel adapté via le Fonds régional d’accessibilité à la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap. Nous tiendrons nos engagements pour faire du sport pour toutes et tous, et partout, une réalité.”
JO 2024 : l’Occitanie, dans le top 12 mondial, représente un tiers des médailles françaises
“Grâce à leurs 22 médailles, les athlètes d’Occitanie auront permis à la France de remporter plus d’un tiers de son palmarès lors de ces Jeux Olympiques. Avec plus de 30 M€ investis chaque année, la Région poursuivra son engagement auprès du mouvement sportif, de ses ligues, de ses clubs et de ses bénévoles”, explique-t-on.
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie souligne encore : “Lors de ces Jeux Olympiques, nous avons accueilli le monde entier et ses athlètes nous ont éblouis. De leurs talents, de leurs histoires, de leurs victoires, mais aussi de leurs souffrances et parfois de leurs faiblesses.” Et : “Nous avons célébré les médailles, jour après jour : nos champions français en ont décroché 64, enchantant ainsi tout un pays. Avec une fierté particulière pour notre région Occitanie et ses athlètes, premiers pourvoyeurs de titres et dans le top 12 mondial devant l’Espagne, le Brésil ou la Suède.”
Avec cette 33e olympiade de l’ère moderne, Paris 2024 a su montrer “la capacité de la France à organiser les plus grands événements, à rester audacieuse et créative, à accueillir avec attention, à partager d’intenses moments de bonheur collectif et populaire”.
Olivier SCHLAMA
Tribune de Kamel Chibli
“Faire de la France la grande nation sportive de demain, un défi pour le prochain gouvernement”
Dans cette tribune, le vice-président de la région Occitanie en charge des sports et de l’éducation revient sur les raisons du succès des athlètes occitans lors des derniers Jeux Olympiques et propose un certain nombre de mesures qui, étendues à l’ensemble du territoire national, pourraient faire de la France la grande nation sportive de demain.
Si la Région Occitanie était un pays, elle se serait classée 10e au tableau des médailles lors des derniers Jeux Olympiques, avec autant de titres que le Canada !
Cette performance, qui a participé du succès sans précédent de l’équipe de France lors de cette Olympiade, est d’abord le résultat du talent et du travail des athlètes, mais aussi de celui de leurs entraîneurs et des milliers de bénévoles qui les encadrent chaque semaine.
En Occitanie, nous nous sommes donné les moyens de créer une conférence régionale du sport (CRdS) efficace
Elle est aussi la concrétisation des investissements de longue terme de la Région qui croit, depuis des années, à l’importance du sport dans la transmission des valeurs républicaines et soutient la pratique sportive dans la vie de tous les jours de ses habitants.
C’est la raison pour laquelle, en Occitanie, nous nous sommes donné les moyens de créer une conférence régionale du sport (CRdS) efficace qui réunit tous les acteurs et permet notamment de répondre aux besoins des territoires ruraux ou périurbains.
Mais, ces excellents résultats ne doivent pas nous aveugler. Si la France sait gagner des médailles, le sport n’a pas encore acquis la place qui lui revient dans notre société. Pour cela, il est nécessaire de ne pas laisser se refermer la parenthèse enchantée des JO sans en tirer les enseignements.
“Une place plus grande accordée au sport à l’école”
Cela passe d’abord par une place plus grande accordée au sport à l’école. Le passage de 4 à 2 heures d’EPS en primaire a constitué un recul qui devra être corrigé par le prochain gouvernement.
La réforme des rythmes scolaires avait permis d’esquisser le débat sur la répartition entre matières fondamentales et pratiques culturelles et sportives. Il faut dépasser ce clivage et faire du sport une matière fondamentale à l’école. Un esprit sain dans un corps sain, la devise n’a rien de dépassée. La pratique sportive à l’école, c’est l’assurance d’une meilleure santé, d’une diététique plus saine et de valeurs partagées.
C’est la raison pour laquelle nous prenons en charge en Occitanie la licence UNSS des enfants scolarisés dans la région, une pratique qu’il faudrait généraliser au niveau national.
Au niveau national, l’implication de nos champions auprès des établissements scolaires pourrait permettre (…) de développer de véritables projets éducatifs, englobant la pratique amateur et le goût de la performance”
La détection des futurs champions doit être aussi une priorité et servir, là aussi, d’exemples aux nouvelles générations. En Occitanie, la création d’une Team Occitanie Haut Niveau a permis de détecter et d’accompagner financièrement les meilleurs athlètes de la Région.
Les succès de Léon Marchand, de Shirine Boukli, de Sofiane Oumiha, des frères Lebrun ou de tant d’autres reposent sur la garantie de pouvoir s’entraîner dans des conditions optimales. Au niveau national, l’implication de nos champions auprès des établissements scolaires pourrait permettre, en s’appuyant sur la présence territoriale des CREPS, de développer de véritables projets éducatifs, englobant la pratique amateur et le goût de la performance.
Pour cela, les collectivités locales ont un rôle central à jouer afin d’investir dans les grandes infrastructures sportives mais aussi les petits équipements de proximité et faire de notre pays un gymnase à ciel ouvert.
“Généraliser le dispositif des billets de train à 1 euro pour les sportifs, leurs clubs et les supporters”
La création d’Arenas dans chacune des grandes régions permettrait de renforcer la visibilité de la France dans les grandes compétitions internationales car le sport c’est aussi un grand spectacle, comme l’ont montré ces Jeux Olympiques, à la fois inclusifs et responsables. En effet, conscients de l’enjeu climatique, nous devons encourager les acteurs du sport français à privilégier des modes de transport en commun, en généralisant le dispositif des billets de train à 1 euro pour les sportifs, leurs clubs et les supporters.
De la même manière, promouvoir le sport féminin est impératif pour garantir une égalité réelle dans notre société, car chaque victoire féminine inspire des générations entières de jeunes filles à briser les barrières.
“Valoriser les années d’engagement de nos bénévoles et on pourrait les intégrer dans le calcul de leur retraite”
Enfin, le monde associatif, les clubs amateurs et les bénévoles ne doivent pas être oubliés dans la stratégie nationale à mettre en œuvre. Ils sont l’armée pacifique qui fait les victoires de demain. En Occitanie, nous les accompagnons au jour le jour, nous facilitons leurs démarches, nous les formons pour qu’ils puissent dégager du temps et monter en compétence, et mettons en avant les projets de clubs porteurs de sens, en faveur de l’éducation, de l’inclusion et de l’équité.
Au niveau national, il est indispensable de valoriser les années d’engagement de nos bénévoles et on pourrait les intégrer dans le calcul de leur retraite.
“Nécessaire de développer le mécénat d’entreprise dans le sport, à l’instar de ce qu’il est devenu dans la culture”
Les finances de l’Etat étant ce qu’elles sont, et même si un effort budgétaire est indispensable au niveau national, il faudra être capable de dépasser les clivages.
Aujourd’hui, les collectivités locales et singulièrement les régions sont aux avant-postes de la pratique sportive. Demain, c’est l’ensemble des forces vives de la Nation qui doit se mobiliser. C’est pourquoi, il est également nécessaire de développer le mécénat d’entreprise dans le sport, à l’instar de ce qu’il est devenu dans la culture.
Notre pays a besoin d’apaisement. Rassemblés autour de nos athlètes, fiers de leur réussite et de la capacité d’accueil et d’organisation de notre pays, les Jeux Olympiques ont constitué un moment de concorde et de rassemblement, un moment suspendu qui a rappelé que le sport, grâce à ses vertus universelles, nous permet de faire Nation, de mettre en exergue la fraternité, de gommer les différences.
Le sport, priorité nationale ?
Pourquoi ne pas faire vivre ce moment en consacrant le sport comme priorité nationale du prochain gouvernement ? Une loi “héritage Jeux Olympiques et Paralympiques” devait d’ailleurs être débattue à la rentrée, mais la dissolution l’a laissée en suspens. Elle mérite d’être reprise. En capitalisant sur nos réussites et en investissant dans un sport inclusif et ambitieux, nous avons l’opportunité unique de faire de la France une grande nation sportive, où chaque citoyen, quels que soient son origine et son genre, trouve sa place et sa voie vers l’excellence.
Kamel CHIBLI
Les vingt-trois para-athlètes d’Occitanie :
Athlétisme : Arnaud Assoumani (Montpellier), Rosario Gangloff-Murcia (Béziers), Dimitri Pavade (Toulouse), Renaud Clerc (Albi)
Badminton : David Toupé (Tarbes)
Cyclisme : Elie de Carvalho (Colomiers)
Escrime : Maxime Valet (Toulouse) , Briana Vide (Toulouse).
Goal ball : Coralie Gonzalez, Daudin Ambroise (Toulouse)
Natation : Ugo Didier (Cugnaux).
Quad Rugby : Tristan Berfety, Jonathan Hivernat, Rodolphe Jarlan, Brice Maurel, Matthieu Thiriet (Toulouse)
Taekwondo : Sophie Caverzan (Toulouse)
Tennis de Table : Julien Michaud (Saint-Laurent de la Salanque (66), Lucas Didier (Toulouse), Flora Vautier (Nîmes).
Tennis fauteuil : Guilhem Laget (Grau-du-Roi).
Tir à l’arc : Aziza Benahmi (Balma)
Volley assis : Lynda Medjaheri (Castres)
Deux des six membres de l’Équipe de la police qualifiés sont de la région
Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 commenceront dans quelques jours. Parmi les para-athlètes qui représenteront la France, 6 d’entre eux sont des policiers et des policières : Grégoire Bireau (para aviron – PR3 Mix4+, de Toulouse), Gatien Le Rousseau (para cyclisme – C4), Thomas Peyroton-Dartet (para cyclisme – C3, Haut-Garonnais), Julie Marano (para triathlon – guide d’Annouck Curzillat), Guilhem Laget (tennis fauteuil) et Estelle Marsa-Galant (volley assis).
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