Jeux paralympiques : Maxime Valet de Toulouse à Tokyo à la pointe du fleuret

"La médiatisation des Jeux Paralympiques de Rio était bien meilleure que celle de Londres. Ils ont fait un véritable effort. Les gens ont beaucoup regardé et leur regard sur nous a changé" Photo Florent Pervillé

Champion du monde en équipe au fleuret en 2015; champion d’Europe individuel au fleuret en 2016 ainsi qu’en équipe à l’épée en 2011; deux fois médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016 (au fleuret en équipe et en individuel) : ceci n’est qu’une petite partie du palmarès de Maxime Valet qui pratique l’escrime en fauteuil roulant. Le 18 août, il s’envolera vers le Japon pour vivre pour la deuxième fois l’ivresse des Jeux Olympiques. En rêvant à la médaille d’or !

“Mon arme de prédilection, c’est le fleuret” indique Maxime, qui pratique également le sabre et l’épée. Ce toulousain depuis sa naissance a commencé l’escrime vers 7-8 ans, grâce à un copain qui lui a fait découvrir ce sport. Il pratique pendant 15 ans l’escrime en compétition tout en étudiant la médecine. Mais sa vie bascule en 2009….

“Personne ne m’a laissé le temps de me poser des questions”

“Avant le duel, j’ai des rituels. Vérifier les armes, le matériel, la stratégie avec le maître d’armes. Me mettre dans ma bulle et me concentrer.” Photo Luc Percival.

A 22 ans, un accident bouleverse sa vie : une chute dans un trou de chantier qui lui fera perdre l’usage de ses jambes. “J’ai complètement perdu la mémoire sur ce qui s’est passé, même la journée de la veille. J’ai juste quelques souvenirs des pompiers, du Samu qui sont venus me secourir, après avoir été alertés par un voisin. J’ai été opéré rapidement. J’ai eu des traitements. Mais tout est un peu flou” commente-t-il…

Le soutien de ses proches l’aide à surmonter cette épreuve, notamment son maître d’arme qui lui indique qu’il peut continuer le sport en fauteuil, au sein du même club qu’avant – le Toulouse Université Club Escrime. “Personne ne m’a laissé le temps de me poser des questions. J’ai tout de suite su que je pouvais continuer mes études, continuer à faire du sport. Quand on est en fauteuil, tout se fait, mais différemment. J’ai rapidement eu envie de reprendre la compétition parce que j’ai toujours été compétitif…”

“Il y a très peu de différences entre l’escrime valide et l’escrime fauteuil”

En escrime fauteuil, les joueurs sont assis sur des fauteuils roulants qui sont, lorsqu’ils pratiquent à haut niveau, fabriqués sur mesure. Ils sont installés face à face, et les fauteuils sont fixés au sol. Mais les deux tireurs ne restent pas pour autant immobiles : en combat rapprochés, ils restent en mouvement au rythme de l’attaque, vers l’avant, et de la défense, vers l’arrière.

“La chance, c’est qu’il y a très peu de différences entre l’escrime valide et l’escrime fauteuil. Lorsque quelqu’un de valide teste l’escrime fauteuil, 15 minutes lui suffise pour s’adapter,” précise d’ailleurs Maxime.

Une chance qui lui permet de s’entraîner uniquement avec des sportifs valides : “Ça me permet d’avoir des partenaires différents, physiquement plus forts. Et c’est également intéressant pour eux : la difficulté de l’escrime c’est la coordination bras/jambes. Beaucoup d’athlètes ont du mal avec ça. Alors avec le fauteuil ils peuvent se concentrer juste sur les bras. Ça permet à certains de progresser. Et à d’autres de se sentir très bons !”

“Mon plus beau souvenir de Rio, les stades pleins à craquer…”

Maxime Valet s’entraîne avec des escrimeurs valides pour préparer les jeux Paralympiques. ici à Rio… Photo Florent Pervillé

Aujourd’hui, Maxime a 34 ans, il est médecin spécialisé en médecine du sport et pratique au Creps de Toulouse. Il est aussi le jeune papa d’une petite fille de 19 mois. C’est d’ailleurs grâce au handisport qu’il a rencontré son épouse, également escrimeuse, qui a cependant décidé d’arrêter la compétition après les jeux paralympiques de Rio.

Il sera forcé cependant de s’envoler sans sa petite famille pour le Japon, crise sanitaire oblige. “Mon plus beau souvenir de Rio, ce sont les stades pleins à craquer, reconnaître des visages parmi le public… ça fait quelque chose. Evidemment cette année ce sera différent. On sera peut-être plus concentrés sur notre épreuve.”, philosophe Maxime.

Objectif(s) : Les Jeux de Paris 2024… et de l’Or !

Et les projets à long terme ?Me qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris en 2024, d’y aller et d’y gagner. Et puis pour plus tard, j’aimerai aussi transmettre mon expérience. Il y a plusieurs jeunes « handi » avec qui je m’entraine et qui progressent fort. J’aimerai les aider et les voir eux aussi gagner…” On suivra ça de près !

Emilie WOOD

Dates des compétitions de Maxime : 25 août – sabre; 27 août – épée en équipe; 28 août – fleuret individuel; 29 août – fleuret en équipe

Les autres athlètes handisport Occitans : Ugo Didier (Natation), Jonathan Hivernat (Rugby Fauteuil), Rodophe Jarlan (Rugby Fauteuil), Brice Maurel (Rugby Fauteuil), Stéphane Molliens (Tennis de Table), Babacar Niang (Cécifoot), Dimitri Pavadé (Athlétisme), Matthieu Thiriet (Rugby Fauteuil).

Sport et handicap :