Ateliers, concerts, ciné-débats, expos, rencontres, projections, théâtre : du 4 au 27 juin, se tient la 4e édition du festival de SOS Racisme, soutenu par la Région Occitanie et le département des P.-O. C’est un combat culturel qui s’est engagé “au long cours” comme l’explique Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite.
C’est le défi du combat culturel. Liberté, égalité… Méditerranée : c’est le slogan du festival antiraciste Nostre Mar dont le programme s’est sérieusement enrichi pour cette 4e édition – 38 événements et avec 29 partenaires – avec trois semaines d’événements en tout genre, du 4 au 27 juin prochains. Et, pour la première fois, le festival, porté par SOS Racisme, soutenu par la Région Occitanie et le département des P.-O., sort des Pyrénées-Orientales pour s’implanter dans l’Aude (lire le programme en fin d’article).
“De riches partenariats et création de synergies”

On y retrouve des ateliers, concerts, ciné-débats, expos, rencontres, projections, théâtre, etc., Non seulement à Perpignan mais aussi à Narbonne, Rivesaltes, Port-Vendres, Canet-en-Roussillon ou encore Corneilla-del-Vercol. Et comme de tradition, l’ouverture du festival aura lieu au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Après la projection en avant-première du film L’Irréparable de Caroline Du Saint et Thomas Zribi, un débat sera organisé en présence de Laurent Joly, historien et directeur de recherches au CNRS. “Nous avons, de plus, noué de riches partenariats et on arrive à créer des synergies à l’intérieur de ce territoire, commente l’historien et spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg. C’est la Cimade, par exemple, qui est venue nous voir pour faire une expo. On a aussi la présence de SOS Méditerranée. C’est rassurant : cela veut dire que l’on dépasse son noyau initial.
“Déconstruire les stéréotypes, interroger nos modes de vie face au dérèglement climatique, construire un espace public non-polarisé”
Un vrai plaidoyer que sa philosophie : “Nostre Mar demeure résolument festif et culturel”, appuie l’équipe du festival. Durant trois semaines, il vous emmène à la découverte de l’unité et de la diversité des sociétés méditerranéennes. Combatif et positif, il vous propose de comprendre le passé, connaître le présent, construire notre avenir. Nostre Mar est un festival qui porte des valeurs : combattre le racisme, l’antisémitisme, la haine anti-LGBT et le sexisme, partout où ils sont. Déconstruire les stéréotypes, d’où qu’ils viennent. Interroger nos modes de vie face au dérèglement climatique, pour la sauvegarde de la Méditerranée et de celles et ceux qui y vivent. Construire un espace public non-polarisé, car la brutalisation des échanges ne profite qu’aux pires.”
La première édition de Nostre Mar avait commencé en 2021 comme une réplique culturelle au FN, ce parti qui conquit la ville de Perpignan. Pour que l’antiracisme ne rase plus les murs. Le déclic ? Les trois jours de commémoration par le Cercle algérianiste des 60 ans de l’exode des Pieds-Noirs d’Algérie, à Perpignan.
“Notre fantasme, c’est d’arriver jusqu’à Marseille”

La première année, le festival ne durait qu’une semaine et exclusivement sur Perpignan ; la deuxième édition, c’était sur deux semaines et dans plusieurs lieux des P.-O. Et depuis l’année dernière c’est sur trois semaines. On peut affirmer que c’est une belle progression dans un département où la pauvreté atteint des sommets et qui “cumule des difficultés” de tous ordres, pointait le spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg, co-organisateur de la manifestation et chercheur au centre d’études politiques d’Europe latine (Cepel) à l’université de Montpellier.
Ce dernier confie : “Chaque année, on fait mieux que l’année précédente. On est plutôt contents. Et on est contents de partir à l’assaut d’un deuxième département. Notre fantasme depuis le début c’est d’arriver jusqu’à Marseille.” Ce n’est pas tout. “Nous voulons sortir de la polarisation des débats” et de l’opposition frontale. Faire entendre une voix différente, celle de l’antiracisme, de la lutte contre l’antisémitisme, contre la haine et toutes les formes de discrimination.
“L’extrême droite ? Un combat au long cours”

Cet historien expliquait que le “chemin sera long” face à la poussée de l’extrême droite. Toute initiative ne paraît-elle pas vaine face à la progression des idées d’exclusion ? Il expliquait ce phénomène par une “demande toujours plus forte d’un état “illibéral”, très autoritaire passant par-dessus l’état de droit, comme Dis-Leur vous l’a retranscrit ICI. Qui fait son miel d’une offre politique famélique. L’offre humaniste est faible même si un Glucksmann semble l’incarner comme l’a fait Benoît Hamon et son “futur désirable”.
Il redit que la lutte contre le RN et consorts est “un combat au long cours” : d’où l’idée de ce rendez-vous annuel fort. Il le sera d’autant plus qu’il faut noter la participation de François Héran, professeur au Collège de France qui vient parler des politiques migratoires en France et en Europe ; il y aura aussi celle de François Godicheau, grand spécialiste de l’Espagne et du franquisme. Le 20 juin, au Mémorial de Rivesaltes, l’association Welcome 66 organise une résidence avec chants, musiques et atelier de théâtre pour illustrer les situations discriminatoires.
Le fait d’aller d’un atelier de cuisine en passant par un professeur au Collège de France et des documentaires, c’est vraiment chouette”
“Il y a aussi des ateliers cuisine avec des restaurateurs, pointe Nicolas Lebourg. C’est hyper-important d’apprendre aux gens à manger et la civilisation, c’est aussi la nourriture. On ne peut pas parler de civilisation méditerranéenne sans ça. Le fait d’aller d’un atelier de cuisine – du découpage des oignons, à les faire frire jusque à la parole de grands chercheurs – en passant par un professeur au Collège de France et des documentaires, c’est vraiment chouette.” Et quand le propos devient implexe sur Israël-Palestine, ce n’est pas une discussion de café de commerce qui s’instaure. On peut compter sur Dominique Sopo, président de SOS Racisme ; le sociologue Michel Wieviorka, dont les grands-parents sont morts à Auschwitz, ou encore l’historien Elias Sanbar, ex-diplomate, proche de Yasser Arafat, pour en parler. “Cela fait sens. Dans une époque où l’on cherche tout le temps à polariser en tirant vers le bas, nous nous cherchons à dépolariser en tirant vers le haut.”
Olivier SCHLAMA
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