Occitanie : Trois centres de sauvegarde pour soigner faune sauvage et ses déserts médicaux

Centre de soins de la Belette à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ph. Gabrielle Bertrand.

Oiseaux, petits mammifères, reptiles. Lot, P.-O. et Tarn : trois projets, lauréats des budgets participatifs de la Région Occitanie, vont bénéficier d’aides financières importantes de la collectivité pour pouvoir se concrétiser. Et répondre à un vrai besoin.

Animaux, humains, même combat. Touchés qu’ils sont par la même engeance, les déserts médicaux. Dans le Lot et le Tarn-et-Garonne ; les Pyrénées-Orientales ou encore dans le Tarn, trois associations portent ainsi des projets pour répondre à la demande, importante, de soins en Occitanie, région qui compte le moins de centres de soins. Ces trois associations sont lauréates des budgets participatifs de la Région Occitanie et, à ce titre, obtiendront des aides substantielles pour mener à bien leur projet.

Oiseaux blessés, petits mammifères mal en point… Ce sont des milliers d’êtres vivants qui succombent, parfois faute de prises en charge. Reste que, comme pour les humains, un simple centre de soins, c’est cher. Parfois jusqu’à 200 000 € d’investissement et 50 000 € à 100 000 € pour payer les salaires des rares permanents. Sans oublier de recruter et fidéliser les bénévoles. Bref, une gageure.

L’Occitanie, région où il y a le moins de centres de sauvegarde en France, où il est très difficile de prendre en charge un animal en détresse”

Alexandre Mazières, de l’association La Belette

La Région Occitanie, au travers de ses budgets participatifs, a décidé d’aider à la création de trois centres de soins. Ces trois centres ne sont “pas en compétition mais  en collaboration”, comme le confirme Alexandre Mazières. Référent naturaliste et trésorier de l’Association La Belette. Pour cet ingénieur écologue, ce genre de projet tient avant tout à la personnalité de ceux qui s’y engagent. C’est le cas de “Gabriele Bertrand, responsable capacitaire dans la faune sauvage, qui a capitalisé beaucoup d’expériences, en France comme à l’étranger”.

Centre de soins de la Belette à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ph. Gabrielle Bertrand.

Dans certains coins d’Occitanie, région où il y a le moins de centres de sauvegarde en France, il est très difficile de prendre en charge un animal en détresse”, souligne Alexandre Mazières. “Je suis originaire de Dordogne et Gabriele Bertrand de Gironde”, pour illustrer le fait qu’ils ont fait le choix de s’installer en Occitanie pour bâtir ce centre de sauvegarde sans doute d’ici fin de l’année 2024. “C’est pour combler ce vide que nous nous sommes installés à Montcuq-en-Quercy-Blanc (Lot). À 95 %, le budget de l’association est alimenté par les dons des particuliers. Nous avons demandé 56 000 € à la Région Occitanie, mais que nous n’avons pas encore reçus ; cela nous ferait une bonne bouffée d’oxygène.”

1 500 animaux à soigner par an en vitesse de croisière

Le centre pourra accueillir reptiles, oiseaux (les deux-tiers des urgences), amphibiens, petits mammifères (un tiers). tel qu’imaginé par La Belette coûterait dans les 200 000 € pour le construire. Et au moins un salarié. “On va vite atteindre le millier d’animaux soignés la première année, ce qui est cohérent : nous rayonnerons sur deux départements entiers. Si on suit la tendance des centres de sauvegarde en France, la fréquentation progresse très vite ; on va vite atteindre les 1 500 animaux soignés par an. L’objectif c’est d’atteindre deux voire trois salariés.” Pour cela, des subvention des départements du Lot et du Lot-et-Garonne seraient pour cette association les bienvenues.

Centre de soins de la Belette à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ph. Gabrielle Bertrand.

“Même si nous ne sommes pas encore en activité en tant que centre de soins, nous proposons déjà un service de “médiation” faune sauvage : une ligne téléphonique d’urgence pour répondre aux personnes qui trouvent un animal malade. On leur prodigue des conseils et on peut aussi se charger de rapatrier l’animal dans des structures déjà ouvertes.” Et il faut aller loin, parfois jusqu’à l’école vétérinaire de… Toulouse même “si nous nous appuyons sur un réseau de cliniques vétérinaires partenaires vers lesquelles on peut envoyer des particuliers”.

Dans les P.-O. ouverture espérée en 2025

Un centre de soins identique est en gestation dans les Pyrénées-Orientales, à travers l’association la Charbonnière. “Si tout va bien, on signera un bail emphytéotique dans la commune de Saint-Jean-pla-de-Corts. Nous espérons une ouverture pour 2025”, explique Marc Delabre, un ancien de l’ONF à qui il faut trouver un paquet d’argent : 200 000 € à 250 000 € pour le créer. Et 150 000 à 200 000 € par an pour le fonctionnement comprenant les salaires de deux voire trois personnes à temps plein ; une pour les soins, une seconde pour gérer les appels téléphoniques, etc. Et, évidemment, le centre a un besoin crucial de bénévoles et de services civiques. Là aussi, avifaune et petits mammifères malades ou blessés y bénéficieraient de soins. “Si on peut, on fera aussi les reptiles et amphibiens”, précise Marc Delabre. “On veut démarrer petit et s’appuyer sur les centres alentour. Puis, grossir peu à peu.”

Un centre de sauvegarde pour y soigner 2 000 animaux

Centre de soins de la Belette à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ph. Gabrielle Bertrand.

Aujourd’hui, les animaux blessés sont obligés de prendre la direction du centre de la LPO, à Villeveyrac (Hérault) qui subit de sérieux problèmes de financement et qui est même fermé depuis le 1er avril. Là aussi, les soigneurs sont obligés d’aller à Toulouse. Ce contexte justifie encore plus la création d’un centre dans les P.-O. Marc Delabre, qui est membre du groupe ornithologique du Roussillon, affirme vouloir “demander une autorisation pour soigner quelque 2 000 animaux par an”. A l’origine, “nous avions justement, à la Groupe ornithologique été sollicités par la LPO pour rapatrier les animaux blessés vers Villeveyrac. Petit à petit, nous avons structuré une plateforme qui permet désormais de prendre en charge les animaux blessés dans les P.-O. où il a enregistré un besoin surtout envers les oiseaux (90 %) et les petits mammifères (8 %). En 2023, nous avons récupéré 3 000 animaux…”

Près d’Albi, des demandes de soins depuis l’ouverture d’un Espace zoologique qui n’a pas cette vocation

À 15 minutes d’Albi (Tarn), à Terre-de-Bancalié, Delphine Valéro porte aussi un projet similaire aux deux autres, lui aussi est lauréat des budgets participatifs de la Région Occitanie. Et va donc permettre de fonder un centre de soins pour faune sauvage. “Nous prévoyons d’y soigner oiseaux, mammifères et reptiles. Parmi les mammifères, ce seront des animaux de moins de 10 kilos, le temps que d’autres infrastructures puissent se développer dans l’avenir. Il y avait un vrai besoin de prise en charge dans notre territoire”, confie-t-elle.

Centre de soins de la Belette à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ph. Gabrielle Bertrand.

Tout commence il y a huit ans. Le futur centre a été précédé par l’Espace zoologique Exoticamis, “un refuge qui ne présente que des animaux issus de dons, abandons, placements ou saisies. Cet établissement a ouvert en 2016 et son gérant a été rapidement confronté à la problématique des particuliers qui le contactaient régulièrement pour des animaux trouvés blessés. Or, les parcs zoologiques n’ont pas cette vocation-là. C’est de là qu’est née cette idée de centre de soins de la faune sauvage”, précise Delphine Valéro, elle-même soigneure animalier à l’Espace zoologique.

En 2021, on a commencé à parler de ce sujet. J’ai accepté d’en prendre la direction un fois ouvert.” L’association, actuellement entièrement bénévole qui le chapeaute, existe depuis 2022. “Depuis, nous oeuvrons pour trouver des subventions pour pouvoir le créer et le faire fonctionner. Nous avons demandé 20 000 € à la Région Occitanie.” Ce centre mobiliserait en investissement entre 100 000 € et 150 000 €. Et pour fonctionner, avec le minium de salarié, un seul poste, au moins 50 000 € de plus.

Olivier SCHLAMA