Lutte contre l’isolement, les précarités, les violences ; améliorer le quotidien… Dans le cadre de ses budgets participatifs, la Région Occitanie vient de débloquer 500 000 € pour financer des projets sur le territoire. Vice-présidente de la Région, Nadia Pellefigue se réjouit de cette motivation, y compris sur le plan démocratique.
Vingt vélos à assistance électriques pour les étudiants sétois à louer à un prix modique ; distribution de protections hygiéniques gratuites via des distributeurs à Nîmes, Uzès ou le Vigan ; distribution alimentaires… La Région Occitanie vient de dévoiler les 28 lauréats de son budget participatif 100 % dédié aux étudiants, “une première en France”, qualifie Nadia Pellefigue, vice-présidente de la région Occitanie, qui a mis en oeuvre un volet réservé aux projets étudiants dans son budget, baptisé Vos solutions Pour la Vie Étudiante et doté d’une enveloppe globale de 500 000 €. Il avait été imaginé après la crise sanitaire du covid “où les étudiants déjà en précarité y sont restés alors que par ailleurs, l’économie commençait à repartir”.
Plus de 10 000 votes en un mois
Ce nouveau budget participatif a recueilli plus de 10 000 votes entre le 16 septembre et le 16 octobre 2024. Pendant un mois, les habitants et habitantes d’Occitanie – et pas seulement les étudiants même des personnes qui ne sont pas étudiantes avec une moyenne d’âge de 37 ans – étaient invités à soutenir leurs projets étudiants préférés parmi les 41 déposés. À l’issue des votes, la Région en a retenu les 28, ceux qui ont recueilli le plus de votes. Ce sont des projets qu’elle soutiendra afin d’améliorer le quotidien et la qualité de vie de la communauté étudiante d’Occitanie.
“Cela me renforce dans l’idée de favoriser ce genre de budgets participatifs pour l’avenir démocratique”
Ce mardi 26 novembre à 17 heures, les 28 projets lauréats du budget participatif se sont réunis pour célébrer leur sélection à Toulouse en présence de Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’Europe et des relations internationales, et à Montpellier en présence de Olivier Romero Gayo, conseiller régional délégué à la participation citoyenne. “Ces étudiants se sont, certes, tous inscrits dans la même dynamique mais cela a permis qu’ils fassent connaissance et cela a fait naître des idées de collaboration ! J’imagine qu’il y aura d’autres projets à venir. C’est chouette. Cela me renforce dans l’idée de favoriser ce genre de budgets participatifs pour l’avenir démocratique. Les étudiants, malgré ce que l’on peut lire parfois, et qui est injuste, sur le fait qu’ils seraient individualistes, ils montrent leur capacité à s’engager.” De bon augure alors que nous vivons une crise démocratique.
“Ce qui m’a plu, c’est leur mobilisation et parfois pour certains, c’était la 1er fois qu’ils écrivaient un projet”
Nadia Pellefigue détaille : “Mon premier objectif, c’était de rendre les étudiants acteurs des choix dans les politiques qui les concerne. C’est-à-dire de réaliser des politiques publiques avec eux. Ce sont les étudiants qui expriment leurs besoins et qui sont en capacité d’apporter des idées, des solutions. Mais ils n’ont pas le budget. Ce qui m’a plu, c’est leur mobilisation et le fait que parfois pour certains d’entre-eux, c’était la première fois qu’ils écrivaient un projet. Certains ont même créé une association pour cela. C’est leur premier engagement citoyen.” Et leur motivation ? “Améliorer la vie quotidienne ; il y a des projets sur la lutte contre l’isolement et la précarité (sept) ; d’autres sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ; sur la santé mentale ; sur le développement durable (quatre). C’est varié.”
Mobilisation au-delà de Toulouse et Montpellier
La vice-présidente de la Région Occitanie se dit “très contente de voir qu’au-delà des deux grandes métropoles, Toulouse et Montpellier, où les étudiants se sont mobilisés pour ces budgets participatifs, des départements, notamment dans les villes universitaires d’équilibre, se distinguent pour leur mobilisation. Notamment le Tarn, avec deux projets à Albi. Mais aussi dans les P.-O. où la précarité et le taux de chômage sont là aussi très présents. Nous avions également veillé à un vote qui ne favorise pas les grandes villes universitaires au détriment de sites plus petits : chacun devait voter pour trois projets et pas qu’un seul avec l’obligation de voter aussi pour un projet d’une ville universitaire d’équilibre.”
Budgets participatifs : 300 projets et 13 M€
Avec les budgets participatifs, la Région propose aux citoyennes et citoyens d’Occitanie de choisir eux-mêmes les projets d’intérêt collectif qui sont soutenus financièrement par la collectivité. Une fois encore, ces derniers se sont fortement mobilisés pour prendre part à cette démarche participative, en votant pour les initiatives étudiantes qu’ils ont jugé les plus utiles, intéressantes ou innovantes. Depuis 2019, la Région Occitanie a lancé treize budgets participatifs, permettant ainsi d’accompagner plus de 300 projets sur l’ensemble du territoire régional, financés à hauteur de 13 M€.
“Redonner confiance dans l’action publique à nos concitoyens, et en particulier à notre jeunesse”
“Aujourd’hui plus que jamais, nous devons redonner confiance dans l’action publique à nos concitoyens, et en particulier à notre jeunesse. Chaque année, les conditions de vie des étudiants reculent et il est de notre responsabilité d’élaborer avec et pour eux des solutions concrètes adaptées à leurs besoins. C’est l’objectif de ce nouveau budget participatif : permettre à des initiatives portées par des associations étudiantes d’Occitanie de voir le jour, d’être soutenues, accompagnées et valorisées. Solidarité alimentaire, santé mentale, culture… nos jeunes ont des idées et du talent, à nous de les écouter et de les accompagner, pour construire une société plus juste et plus désirable”, a déclaré la présidente de Région, Carole Delga.
Produits d’hygiène gratuits dans les universités
Nadia Pellefique reprend en confiant, par ailleurs, que dans le budget pour la vie étudiante, la Région Occitanie développe d’autres dispositifs. Dont l’un sur la distribution gratuite des produits d’hygiène, trois produits – shampooing, savon, déodorant – quelle que soit leur situation, pas obligé d’être boursier. C’est valable dans toutes les universités d’Occitanie. Chez certaines, on y accède via sa carte d’étudiant et des distributeurs automatiques. Pour d’autres sites, on a fait le choix d’épiceries sociales conventionnées. Nadia Pellefigue explique aussi avoir “fait appel à des entreprises de cosmétiques et d’hygiène à l’instar de Pierre Fabre ou Frescoryl (spécialisé dans des cosmétiques solides, comme le dentifrice), basé à Balma, près de Toulouse. Ces entreprises-là ont fait soit des dons, soit proposent des prix préférentiels pour leurs produits.
Olivier SCHLAMA