Montpellier-Perpignan : “La LGV est vitale pour la région”, pour Sète aussi qui… gèle sa participation !

TGV en gare de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Alors que la ligne nouvelle à grande vitesse continue d’avancer, l’agglomération de Sète conditionne sa participation de 840 000 € à des “contreparties fortes”. La même collectivité avait écrit à deux reprises au Premier ministre pour demander un nouveau tracé, au risque de voir le projet capoter. Le 17 avril, l’ensemble des collectivités concernées – sauf Sète – ont écrit au préfet de région, “réaffirmant le soutien et la non-remise en question du tracé”.

Le projet de ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan est un tortillard vieux de plusieurs décennies. Une étape importante vient d’être franchie pour la ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan : présidé par Carole Delga, le conseil d’administration de la Société de la ligne nouvelle s’est réuni le 15 avril en présence de Mathieu Grosch, coordinateur du corridor méditerranéen à la Commission européenne : logique, la LGV est censé relier les pays de l’Europe de l’Ouest et du Sud à leurs homologues d’Europe centrale. Ce qui signifie, accessoirement, le soutien de l’UE à ce projet de ligne nouvelle avec à la clé 22 M€.

Démarrage des travaux envisagé en 2029

Ph Embarquement de passagers dans un TGV garde de Sète. Ph. Vaena SCHLAMA

Lors de ce conseil d’administration, qui réaffirme l’engagement de l’ensemble des collectivités à ce projet, a justement été annoncée une nouvelle convention de financement de 25,5 M€ entre SNCF Réseau, pour des études en vue de l’appel d’offres des travaux à venir entre Montpellier et Béziers, dont “le lancement est prévu en septembre 2026”. Il y eut aussi l’annonce d’une seconde convention de financement de 26,15 M€ pour acheter des terrains et des bâtiments. L’occasion aussi de valider le budget 2025 et l’engagement financier des collectivités partenaires jusqu’en 2028 pour 66,7 M€. Pour un démarrage des travaux en 2029 et une mise en service en 2034.

L’Agglomération de Sète gèle 840 000 €

Cette réunion concernait les 13 partenaires cofinanceurs : l’Europe, l’Etat, la Région Occitanie, les départements de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, Montpellier et Sète Agglopôle. Mais, dans le même temps, cette dernière a décidé de suspendre sa participation financière de 840 000 € ! Ce que confirme l’élu sétois Jean-Guy Majourel, précisant que “cette somme correspond à la période 2025-2028”. Avec une abstention lors du vote du budget de la société LNMP. Cette démarche quelque peu solitaire peut étonner à ce stade d’avancement du projet à grande vitesse.

Le risque que la ligne TGV ne voie jamais le jour…

Gare de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Flashback. Il faut revenir au 18 mars dernier où une réunion de “cadrage” a rassemblé Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, et le préfet de Région. Ce rendez-vous avait succédé à une initiative des maires du bassin de Thau qui ont réclamé par écrit à deux reprises une révision du projet de LGV au Premier ministre. Accessoirement, ceux de Frontignan et Mèze n’avaient pas signé le second courrier adressé à François Bayrou comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI ! Est-ce dû à l’approche des futures élections municipales… ?

La future ligne TGV, de Montpellier à Perpignan (une ligne supplémentaire qui doublera la ligne existante, saturée), qui s’étire sur 150 km, court ainsi le risque de ne jamais voir le jour : c’est ce que font courir les maires du Bassin de Thau, François Commeinhes, maire de Sète, en tête, vent debout contre le projet. “Si nous ratons ce coche, c’est perdu”, avait averti pour sa part Jean-Luc Gibelin. Parce que demander une révision de ce projet nécessiterait d’en repasser par 10 ans ou 15 ans de procédures administratives, sans garantie de nouveau feu vert, condamnant probablement le projet.

L’Agglo de Sète demande des contreparties fortes

Dans son courrier au préfet de région, le 2 avril, pour expliquer le gel des 840 000 € de la part de l’agglo de Sète, François Commeinhes poursuit dans cette veine, réclamant des “contreparties fortes” : un groupe de travail pour mettre en sécurité la ligne historique menacée par la montée des eaux, due au changement climatique ; et craignant pour la viabilité financière du projet, une nouvelle conférence des financeurs ; un fonds de solidarité ; de faire face à une sous-estimation des enjeux environnementaux et “l’exigence d’une interconnexion en TER entre Montpellier Sud de France et les gares de Sète, Frontignan, Vic-Mireval, Marseillan (…) seule solution pour ne pas que la perte de TGV en gare de Sète n’annonce un véritable déclin économique et touristique pour notre territoire avec soit 40 minutes de délais supplémentaires en voiture, soit une double rupture de charge pour atteindre la LGV. Nous exigeons un engagement ferme de la région au travers de son contrat avec l’opérateur TER qui sera retenu dansla prochaine contractualisation, sur la desserte et cadencée entre montpellier Sud de France et nos deux gares (…)”

Les autres collectivités réaffirment la “non-remise en cause du tracé actuel”

TGV en gare de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

C’est ainsi que quinze jours plus tard, le 17 avril, l’ensemble des collectivités concernées – du département de l’Aude à Hérault Méditerranée en passant par Montpellier et Béziers Méditerranée présidée par Robert Ménard, mais sans l’Agglopôle de Sète… – ont écrit ensemble au préfet de région. Elles y “réaffirment collectivement le soutien et la non-remise en question du tracé actuel de la LGV tel qu’il a été validé par la déclaration d’utilité publique.” Ces collectivités appuient sur une nécessité : “La desserte ferroviaire des gares qui ne sont pas situées sur la LNMP doit impérativement être maintenue : les gares actuelles doivent pouvoir bénéficier d’une desserte à grande vitesse et de liaisons d’Intercités, TER garantissant une haute qualité de service (…)” Et : “Nous sommes attachés à ce que soit étudiée la création de nouvelles gares TGV.” Avec une demande aussi sur la prise en compte des “enjeux liés au changement climatique”.

Nous avons trop attendu cette LGV. Toute hésitation qui viendrait à remettre en cause le projet ou à le retarder serait fatale pour le développement de notre région”

En conclusion, les signataires posent : “Nous avons trop attendu cette LGV. Toute hésitation qui viendrait à remettre en cause le projet ou à le retarder serait fatale pour le développement de notre région. Il est incompréhensible que le chaînon manquant dans la carte de la grande vitesse européenne, qui nous relie à la Péninsule ibérique soit le tronçon Montpellier-Perpignan. C’est pourquoi nous réaffirmons ici notre volonté de voir le projet se réaliser au plus vite. Ceci a d’ailleurs été confirmé par un sondage Opinion Way pour Sète Agglopôle où 82 % de la population considère que cette ligne est une bonne chose”.

Carole Delga a relancé cette ligne à grande vitesse

Gare de Sète. TGV en approche. Ph. Olivier SCHLAMA

La ligne nouvelle Montpellier-Perpignan est un serpent de mer qui dure depuis des décennies. “Elle a été relancée par Carole Delga qui en a fait une priorité depuis 2016. Elle a été portée en même temps que la liaison TGV Bordeaux-Toulouse, rappellait Jean-Luc Gibelin. Quand en 2017, Macron a dit : “sur ces grands projets, on fait une pause, on ne fait plus rien”, on a beaucoup bataillé pour l’imposer. Quand Jean Castex {ex-maire de Prades, dans les P.-O., et passionné de trains Ndlr} a été nommé Premier ministre, il a été d’une aide déterminante. Il sait que ce n’est pas un caprice. Ça change la vie ! Il n’y qu’à regarder Bordeaux et Nîmes, avant et après l’arrivée du TGV : cela clôt les débats.”

C’est à ce moment-là que Carole Delga trouve même le financement et la répartition des 6,12 milliards d’euros du coût, dont 2 à 3 milliards rien que pour le premier tronçon à réaliser Montpellier-Béziers : 40 % Etat, 40 % collectivités (les trois conseils départementaux concernés et dont la plus grosse part est apportée par la Région Occitanie) et 20 % de l’Europe.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Demandant “un réexamen en profondeur du projet”, l’Association ALT-Alerte LGV sur Thau organise un rassemblement est prévu ce samedi 26 avril devant la gare de Sète à 10 heures. Elle dénonce “une diminution de 80 % du nombre de TGV en gare de Sète, un viaduc de 25 mètres de haut et long de 1,4 km au bord de l’étang ; 2 770 hectares d’espaces naturels impactés et 17 zones de captage d’eau potable concernées par le projet dont le captage d’Issanka”.

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