Homophobie : Les Français demandent d’amplifier la lutte

Permanence du Refuge, à Montpellier. "Les Français sont très favorables à l’amplification de la lutte contre les propos homophobes et à l’implication de l’Etat pour soutenir les missions d’accompagnement", révèle le sondage du Refuge, précisant que "90% des Français considèrent qu’il est important de lutter contre la banalisation des propos homophobes en France." Photo : DR.

Seule association reconnue d’utilité publique en France qui vient en aide chaque jour à quelque 120 jeunes homosexuels rejetés, le Refuge, née à Montpellier, fête ses 15 ans d’existence. A cette occasion, veille de la Journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai, BVA leur a offert un sondage où les Français demandent davantage de lutte et de moyens contre l’homophobie. Nicolas Noguier, le président, est invité cette semaine par le consul de France à San Francisco.

Pour ces quinze ans d’existence, l’association d’utilité publique le Refuge a commandé un sondage inédit sur : Les Français et la lutte contre l’homophobie. Avec des enseignements plutôt positifs. L’institut BVA s’est d’abord penché sur la notoriété de cette association, basée à Montpellier, d’aide aux jeunes homosexuels et lesbiennes rejetés par leur famille. Eh bien, interrogés sur la notoriété de l’association, 58 % des Français disent connaître Le Refuge contre 34 % en 2013, soit 24 points de plus qu’il y a cinq ans. A noter que la notoriété de l’association est plus importante chez les Franciliens à 71 %, les moins de 35 ans, et les cadres, à 69 %.  Deux cent quatre-vingt jeunes LGBT ont été hébergés par la structure en 2017, soit 22,3 % d’augmentation comparativement à 2016.

En 2017, 1026 crimes et délits à caractère homophobe ont été enregistrés, selon la délégation interministérielle de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Un chiffre inférieur à celui de l’association SOS-Homophobie (1505 situations).

Nous sommes présents à Paris et à Montpellier, bien sûr, où se situe le siège de notre association, et dans dix-huit villes en France dont deux en outre-mer ; mais on aimerait se déployer davantage en milieu rural.”

Nicolas Noguier, président du Refuge

“Nous sommes présents à Paris et à Montpellier, bien sûr, où se situe le siège de notre association, et dans dix-huit villes en France dont deux en outre-mer ; mais on aimerait se déployer davantage en milieu rural pour mieux lutter contre l’homophobie, notamment en Occitanie. Chaque année, on essaie de se développer mais il faut faire attention à ce que les moyens humains se développent parallèlement”, confie Nicolas Noguier, le président du Refuge qui salarie 16 personnes et dispose d’un budget de 1,4 millions d’euros, dont “75 % est issu de donateurs privés, notamment des dons”, dont l’institut BVA qui, au titre du mécénat, a offert ce sondage.

Nicolas Noguier et Claire Hart, président et vice-président du Refuge seront à San Francisco, invités par le consul de France pour une conférence à l’occasion des 15 ans de l’association. Photo : DR.”On essaie de développer le mécénat. D’ailleurs, l’un des enseignements du sondage nous a surpris : Les français interrogés indiquent à 72 % vouloir davantage d’investissement du secteur privé, des e,ntreprises, en faveur des jeunes homosexuels en souffrance“, remarque Nicolas Noguier, le président du Refuge qui est invité cette semaine, le 17 mai, par le consul de France à San Francisco à une conférence. “Le lendemain, nous visiteront des structures américaines semblables au Refuge”, confie encore Nicolas Noguier.

90% des Français considèrent qu’il est important de lutter contre la banalisation de l’homophobie en France. L’opinion est également quasi-unanime sur une implication plus nette de l’Etat sur le plan du soutien aux programmes d’accompagnement”

“Les Français sont très favorables à l’amplification de la lutte contre les propos homophobes et à l’implication de l’Etat pour soutenir les missions d’accompagnement”, révèle le sondage du Refuge, précisant que “90% des Français considèrent qu’il est important de lutter contre la banalisation des propos homophobes en France. L’opinion est également quasi-unanime sur une implication plus nette de l’Etat sur le plan du soutien aux programmes d’accompagnement”, est-il explicité dans le sondage.

De la même manière, pour 84 % des Français, l’Etat doit soutenir la mise en place de dispositifs d’accueil spécifiques pour les jeunes rejetés par leurs parents en raison de leur homosexualité, sur le plan juridique.” Et pour 82 % des Français, les propos homophobes doivent être “plus sévèrement condamnés qu’aujourd’hui”.

La question des migrants nous mobilise fortement : en 2017, 26 % des jeunes aidés étaient des migrants contre 11 % en 2015 et, en 2018, on s’attend à ce que ces jeunes migrants représentent dans les 40 %…”

Ce n’est pas tout : dans un contexte de fortes réserves voire de rejet sur l’accueil des migrants en France, 58 % des Français estiment que la France “doit faciliter l’accueil des jeunes migrants persécutés dans leur pays en raison de leur homosexualité”. Nicolas Noguier commente : “La question des migrants nous mobilise fortement : en 2017, 26 % des jeunes aidés étaient des migrants contre 11 % en 2015 et, en 2018, on s’attend à ce que ces jeunes migrants représentent dans les 40 %…”

Cette semaine, les bénévoles interviendront, notamment dans les établissements scolaires, à l’occasion du 15e anniversaire du Refuge. Photo : DR.

Selon ce sondage BVA, la notoriété de l’association se développe dans la population française et elle est même assez solide : 27 % des Français voient précisément quelles sont ses missions et 31 % la connaissent mais ne voient pas précisément quelles sont ses missions. Elle dispose d’une excellente image auprès des Français. Et, parmi les personnes connaissant les missions de l’association, 83% déclarent avoir une bonne image du Refuge, soit un soutien particulièrement acquis auprès des Français informés du rôle du Refuge. Ce qui explique en partie la hausse des prises en charge. “Nous sommes de plus en plus connus ; les ex-jeunes passés par chez nous, les travailleurs sociaux etc. nous sollicitent de fait davantage depuis 2012. Mais il y aussi le fait que le mariage pour tous a cristallisé une homophobie qui était latente et la parole s’est fortement libérée, notamment du côté des anti-mariage gay. Le mariage pour tous, adopté le 23 avril 2013, est une belle avancée mais peut-être que le gouvernement n’avait pas assez anticipé sur la lutte contre l’homophobie.

Une mission connue de 42 % des Français

La mission de l’association, d’accompagnement psychologique et social à des adolescents et jeunes majeurs rejetés par leurs parents car ils sont homosexuels, est connue par 42 % des Français. Ce chiffre se situe quinze points au dessus de la mesure réalisée en 2013, signe que la progression de la notoriété globale du Refuge s’est faite parallèlement à une progression de la connaissance de sa mission sociale. Si la part de Français connaissant la mission du Refuge est donc de 42 %, il faut souligner que certains publics restent à conquérir : seuls 28 % des personnes ayant un niveau d’études inférieur au Bac, 30 % des périurbains, 34 % des 50 ans et plus, et 36 % des ruraux connaissent la mission de l’association.

Olivier SCHLAMA

Infos et inscriptions : tout sur le programme

A LIRE EGALEMENT : Muriel Robin : “Les enfants victimes d’homophobie m’ont touchée”

ET ICI aussi : Le fondateur de Meetic sauve la ligne d’écoute du Refuge

ET ENFIN : Il marche 700 km contre l’homophobie

 

Semaine nationale du Refuge : les rendez-vous en Occitanie

Le Refuge organise sa 6e Semaine nationale du 14 au 20 mai 2018. Cet événement marquera aussi les 15 ans de l’association de soutien aux jeunes rejetés du fait de leur orientation sexuelle ou de genre. Inscrite au calendrier des journées nationales d’appel à la générosité publique, la Semaine nationale du Refuge permet à l’association de collecter des dons pour financer ses activités. Le Refuge organise pour cela différentes manifestations dans ses délégations régionales et par l’intermédiaire de son réseau de correspondants-relais : vente de son ruban bleu, conférences, événements festifs… Elle a aussi mis en place un système de don par SMS : en envoyant par exemple DON5 au 9 26 26, on donne 5 € (il est possible de donner de 1 à 20 €).

AU PROGRAMME À MONTPELLIER

• Lundi 14 mai
Maison de l’Hospitalisation Privée – 288 rue Hélène Boucher – Castelnau-Le-Lez. Entrée libre.

17h-19h

Conférence-débat « Comment surmonter l’épreuve du rejet ? La résilience des jeunes face à l’homophobie et à la transphobie » avec la participation de la psychologue Isabelle Chollet, du directeur général du Refuge Frédéric Gal et de jeunes témoins.

20h30
Spectacle des jeunes du Refuge – Fête des 15 ans du Refuge.

• Jeudi 17 mai

Exposition sonore en collaboration avec la Galerie n°5

Galerie N°5, 5 rue Saint-Anne à Montpellier.

De 16h à 20h, installation sonore au sein de l’exposition “Une part de nous, une partie de toi” : les jeunes du Refuge de Montpellier ont enregistré des témoignages de leurs différents parcours qui viendront illustrer l’exposition photo d’Anne Guillaume.

• Le Refuge est partenaire du projet InterseXion qui explore la construction identitaire de genre et la diversité sexuelle selon trois angles différents : scientifique, pédagogique et artistique. La pièce de théâtre InterseXion mettra en scène des témoignages de personnes aux identités sexuelles variées. Une répétition générale pour la presse et sur invitation aura lieu le 17 mai à 20h, suivie le lendemain par la soirée de lancement officielle du projet, au théâtre Gérard Philipe.

• Le Refuge participera enfin au village associatif et au rassemblement organisés par le réseau des associations LGBT, place la Comédie le jeudi 17 mai pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie

AU PROGRAMME À SÈTE

• Jeudi 17 mai 2018 de 08h30 à 17h

Stand d’information Le Refuge au Forum Santé / Citoyenneté par l’équipe du Refuge Béziers, Lycée Joliot-Curie à Sète.

AU PROGRAMME À PERPIGNAN

• Lundi 14 mai à 18h

Café-débat « Comment surmonter l’épreuve du rejet : la résilience des jeunes face à l’homophobie et la transphobie », Maison de la Catanalité, place Joseph Sébastien Pons À Perpignan.

AU PROGRAMME À TOULOUSE

• Du lundi 14 au samedi 19 mai

Exposition contre les discriminations « L’égalité en bandes dessinées »

L’espace des diversités et de la laïcité, 38 rue d’Aubuisson à Toulouse.

• Mardi 15 mai à 19h30

Projection-débat autour du film « Heartstone, un été islandais »

Cinéma Le Central, 43 rue du Centre à Colomiers.

• Mercredi 16 mai à 19h

Table ronde « Comment surmonter l’épreuve du rejet : la résilience des jeunes face à l’homophobie et la transphobie »

L’espace des diversités et de la laïcité, Toulouse.

• Samedi 19 mai à partir de 20h

Soirée festive clôture de la Semaine Nationale

Le Nasdrovia, 2 rue Maletache à Toulouse.

AU PROGRAMME À SAINT-GAUDENS

• Du lundi 14 au samedi 19 mai 

Expositions sur l’homophobie et l’homosexualité en partenariat avec le Collège de Cazeres et le Centre Azimut

Hall de la Médiathèque, 3 rue Saint-Jean à Saint-Gaudens.