Haute-Garonne : “La Brique Rose”, un lait pour nourrir l’avenir de la filière

La Chambre d’agriculture de la Haute-Garonne et YéO-frais se sont rapprochés, pour faire émerger l’association La Brique Rose qui a pour vocation de créer une filière de lait responsable en Haute-Garonne. Photo DR

Avec en moyenne seulement un à deux jeunes éleveurs qui s’installent chaque année, les exploitations en bovins-lait sont en forte régression en Haute-Garonne. Parralélement, une part croissante de Français affirme sa volonté de consommer durable, d’adopter un comportement responsable, respectueux de l’environnement et des producteurs locaux.

Cette tendance joue en faveur du “locavorisme” (mouvement qui prône la consommation de nourriture produite dans un rayon restreint autour de son domicile), des marques régionales et des circuits courts. Les industriels et producteurs doivent donc se structurer pour répondre à ces nouveaux modes de consommation…

Une filière de lait responsable en Haute-Garonne

La signature a eu lieu lors du Salon agricole Les Pyrénéennes à Saint-Gaudens, en présence du Préfet et de Carole Delga, présidente de la région Occitanie. Photo DR

C’est dans ce contexte que la Chambre d’agriculture de la Haute-Garonne et YéO-frais se sont rapprochés, pour faire émerger l’association La Brique Rose qui a pour vocation de créer une filière de lait responsable en Haute-Garonne. Le contrat de collaboration vient d’être signé, à l’occasion du salon agricole Les Pyrénéennes, à Saint-Gaudens.

“La Haute-Garonne bénéficie d’un territoire adapté à l’agriculture en polyculture élevage avec des surfaces de prairies à valoriser. Pourtant nous observons une diminution des exploitations en bovins-lait sur le département depuis plusieurs décennies. En effet tous les sept ans le nombre de ces exploitations est divisé par deux ce qui fragilise et met en danger la filière lait. Nous souhaitons casser cette spirale”, explique le vice-président de la Chambre d’Agriculture départementale Sébastien Albouy. Et il souligne que “le projet que porte La Brique Rose apportera de la perspective et du sens pour l’installation de nouveaux éleveurs, tout en renforçant l’ancrage d’un outil industriel sur notre territoire.”

Une meilleure rémunération pour les éleveurs

Selon Jérôme Servières, Directeur Général de YéO-frais : “Favoriser l’économie locale et travailler avec des éleveurs proches de notre laiterie est notre philosophie depuis notre création en 1929 (*). Il est cependant nécessaire de trouver des solutions pour contrer les difficultés d’approvisionnement en lait dans notre région, même si cela ne comblera que partiellement nos besoins.”

Il insiste : “Nous nous engageons avec les éleveurs locaux et sommes fiers de collaborer à la création d’une association pour une filière responsable du lait en Occitanie. L’objectif de La Brique Rose est simple : faire en sorte que YéO-frais sécurise ses approvisionnements en lait tout en assurant une meilleure rémunération pour les éleveurs.”

Double effet : le rapprochement entre ces deux entités permettra de sécuriser les approvisionnements en lait d’une part et assurer une meilleure rémunération aux
éleveurs d’autre part, Soutenue par Toulouse Métropole, le département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie, La Brique Rose entrera concrètement en action en janvier 2022.

Soutenir les circuits courts et les jeunes éleveurs

La Brique Rose, c’est le nom de l’association mais cela sera donc également le nom d’une marque engagée qui proposera, à terme, des produits laitiers disponibles en grande distribution et en restauration collective. “Acheter des produits La Brique Rose sera l’assurance, pour le consommateur, d’avoir des produits locaux privilégiant des approvisionnements de proximité, en circuits courts”, précisent les partenaires.

Les produits La Brique Rose seront fabriqués au sein de l’usine YéO-frais, au cœur de Toulouse. En complément, YéO-frais soutiendra financièrement La Brique Rose au travers de sa gamme YOgourmand (lire ci-dessous) présente dans tous les supermarchés d’Occitanie.  Le lait sera ainsi valorisé 15% au-dessus du prix national. Et cette rémunération additionnelle contribuera à alimenter un fonds destiné à aider l’installation de jeunes producteurs.

Philippe MOURET

(*) C’est en 1929, que des éleveurs laitiers se regroupent à Toulouse pour fonder une coopérative régionale afin de valoriser puis transformer eux-même leur lait. En 1968, pour diversifier leurs produits, ils construisent une nouvelle laiterie toulousaine, et c’est toujours dans cette usine qu’est transfomé chaque jour le lait des éleveurs du bassin laitier du grand Sud-Ouest. YéO frais a rejoint depuis mars 2017 le groupe coopératif des Maîtres Laitiers du Cotentin, qui rassemble 1 215 sociétaires producteurs implantés sur 780 exploitations dans la Manche. Avec 5 100 salariés, il produit 408 millions de litres de lait par an, pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros.

Lire aussi : Avec YoGourmand, les amateurs de yaourt ont du pot.

L’élevage de bovins-lait en Occitanie

Selon Agricopie 2021 de la Chambre d’agriculture régionale : En 2019, la région Occitanie comptabilisait près de 120 300 vaches laitières pour une production de 702 millions de litres de lait soit 3% des volumes nationaux. La production est concentrée dans le sud du Massif Central (Aveyron, Lot, Lozère et Tarn) et dans les Pyrénées pour une plus faible part.

Depuis  plusieurs  années,  l’activité  laitière  est  en  perte  de  vitesse. Cette diminution est contrastée suivant les départements. Au  cours  des  dix  dernières  années,  elle  a  diminué  de  plus  de  la  moitié pour les départements du Gard (-87%), du Gers (-63%) et de l’Aude (-57%). Pour les départements de la Lozère, du Tarn et du Lot, la baisse de production est plus faible bien qu’importante (de -30 à -14%). Depuis 2015, la production est aussi orientée à la baisse pour l’Aveyron, département traditionnellement moteur.