Dans un contexte morose, France Travail mobilise 550 conseiller pro, multiplie des dispositifs plébiscités : préparation opérationnelle à l’embauche, Job Chef (100 % occitane), Immersion dans un métier. 47 % de ces projets d’embauche sont jugés “difficiles“. But : prospecter 40 000 entreprises.
Les nuages lourds s’accumulent et pas seulement dans le ciel d’Occitanie mais aussi sur le front du marché du travail. En cause, les multiples crises, la conjoncture économique qui se dégrade ; les entreprises qui réduisent leurs embauches ; les plans sociaux repartent de plus belle et le taux de chômage repart à la hausse en France. avec un mercato post-covid qui semble se refermer. Le taux de chômage de 7,4 % fin 2024 (8,7 % en Occitanie) ne demande qu’à gonfler.
Perrier, Verrerie du Languedoc, Royal Canin…
En Occitanie, ce sont par exemple, pour les plus récents Perrier (164 emplois), Owen-Illinois (Verrerie du Languedoc, 316 personnes) ou Royal Canin (118 salariés). La CGT a évoqué le chiffre de 200 000 emplois menacés. Indicateur inquiétant parmi d’autres, l’Apec, l’Association pour l’emploi des cadres, a publié ses prévisions de recrutement qui sont en phase avec la morosité ambiante, annonçant une baisse de 4 % cette année, qui passeront sans doute sous la barre symbolique des 300 000 embauches prévues, selon l’Apec qui a sondé, pour cela, 800 entreprises représentant 1,4 millions de salariés.
23 % des entreprises envisagent d’embaucher

Dans ce contexte, pourtant, l’Occitanie sort son épingle du jeu. France Travail qui publie chaque printemps sa grande enquête de besoins de main d’oeuvre (BMO) fait état de 218 000 promesses d’embauches pour 2025 par les entreprises de la région sondées soit 23 % des entreprises d’Occitanie qui envisagent d’embaucher (- cinq points par rapport à 2024). C’est moins que les autres années (- 16,7% contre – 12,5 % en France) mais cela a de quoi quand même rassurer. Pas de grandes nouveautés géographiques : ce sont les deux départements-locomotives qui tirent la région : l’Hérault et la Haute-Garonne et le montpelliérain comme le toulousain.
Aides à domiciles et auxiliaires de vie, aides-soignants, aides de cuisine, employés de restauration…
Quels sont les dix métiers les plus concernés ? Aides à domiciles et auxiliaires de vie (5 100) ; aide-soignants (4 590) ; aides de cuisine et employés de restauration (4 480), agents d’entretien (4 380), infirmiers et sages-femmes (3 310), personnels de ménages chez les particuliers (3 240), employés de libre-service (2 650), serveurs (2 480), conducteurs routiers (2 280) et professionnels de l’animation socio-culturelle (2 260). Il y a aussi le “palmarès” des métiers les plus saisonniers comme viticulteurs, arboriculteurs (8 620), agriculteurs (11 440), maraîchers, horticulteurs (2 280), employés d’hôtellerie (4 400), agents d’accueil et d’information (2 490).
Efficace préparation opérationnelle à l’embauche
Dans cette ambiance, deux dispositifs, plutôt, plébiscités avec de nombreuses demandes, dont un 100 % occitan, illustrent cette belle résistance. Pour chacun d’eux, il faut se rapprocher de son conseiller France Travail. D’abord, la Préparation opérationnelle à l’embauche (POE). Cette solution efficace, si l’on en croit les résultats, offre la possibilité, sur un métier identifié et en tension, de former des candidats. Avec un taux d’emploi, de 80 %, à l’arrivée.
Il manquerait, par exemple, quelque 500 techniciens de maintenance (dans la climatisation, le chauffage, la maintenance…) Partout, aéronautique compris, en Occitanie. C’est Carine Andrieu, responsable emploi territoire d’Engie qui a expliqué le principe de cette formation qualifiante : “Nous avons mis en place deux sessions de formation assurée par l’Afpa pour 8 à 12 personnes maxi. Et, ensuite, nous les embauchons en alternance.” Les besoins sont importants : entre 100 et 150 techniciens peuvent y trouver aisément leur place dans l’entreprise en CDI. Engie a aussi besoin “d’ingénieurs commerciaux, responsables d’équipes, ce centres de profit…”
Succès du dispositif Job Chef, solution 100 % occitane
Directrice France Travail Occitanie, Karine Meininger a aussi rappelé le succès du dispositif Job chef. Une originalité 100 % occitane qui débute sa seconde saison. C’est peu de dire qu’il manque des cuisiniers et des personnels de salle dans la région. Pour y pallier, France Travail, à la demande du principal syndicat hôtelier, l’Umih, a mis en place Top Chef : dispositif où le candidat doit passer un concours avec jury pour voir s’il a profil et motivation. Tous types de candidats peuvent être acceptés, de 16 ans à 58 ans, y compris ceux qui ont un handicap ou qui sont au RSA. La formation commence en avril. Au total, 200 personnes suivent cette année cette formation cofinancée par la Région Occitanie à hauteur de 180 000 €.
France Travail sort aussi de plus en plus du CV classique en promouvant la possibilité d’immersion dans un métier, notamment au travers de stages (avec un taux de retour à l’emploi par ce biais de sept candidats sur dix). Pas moins de 22 857 personnes ont bénéficié dans la région en 2024 de cette façon pragmatique de découvrir un métier avec “un fort impact sur l’emploi : 72 % à 12 mois contre 55 % pour les témoins)”. Il y a aussi le recrutement basé sur les “habiletés” et non plus les diplômes, les “entretiens par simulation”, etc.
France Travail organise également une opération baptisée du Stade vers l’Emploi où recruteurs et candidats se retrouvent autour d’une passion sportive – notamment le foot -, pouvant déclencher des embauches avec des annonces diffusées sur écran géant pendant les matches ! Et plus besoin de se souvenir de l’annonce : sur le site de France Travail, un mot-clé suffit dans le moteur de recherche. Autre initiative, Parrain d’Oc, dispositif par lequel 285 demandeurs d’emplois ont bénéficié du réseau de leur 242 parrains.
Les équipes de France Travail sont à pied d’oeuvre et “anticipent les besoins” des entreprises, a commenté Karine Meininger, précisant que les gros bataillons d’embauche sont, sans surprise, situés dans l’Hérault et la Haute-Garonne. Ils émanent le plus souvent des TPE et de PME. Par ailleurs, 64 % de ces 218 000 promesses d’embauches – à 57 % des recrutements permanents – pour 2025 par les entreprises de la région concernent, conformément à la structure économique régionale, à des services : aides-soignants, employés de libre-service, emplois dans l’hôtellerie-restauration…
“Le but : prospecter cette année 40 000 entreprises”

Pour 2025, a encore dit Karine Meinenger, une partie des projets d’embauche sont jugés difficiles (47 %). En réponse, France Travail s’est mis en ordre de marche avec 550 conseillers pro coordonnés avec ses partenaires : Missions locales, Cap Emploi, Conseil régional, Etat. “Le but c’est de prospecter cette année 40 000 entreprises”, a-t-elle confié. La prospection est des plus importantes : “Quand une entreprise nous connaît, elle est satisfaite de nos services. A la fin du mois de février, ce taux de satisfaction était de 91 %. Le problème, c’est que seulement 30 % des entreprises nous connaissent.” Pour cela, France Travail a déployé 37 task Force pour aider les entreprises à recruter, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.
Action Recrut, Team RH
En Occitanie, la moitié des projets de recrutements sont difficile à mener. Et sont concentrés sur à peine 17 métiers. Ces difficultés d’embauche dans certains secteurs sont liés en majorité à une pénurie (80 %), à des candidats n’ayant pas le profil adéquat (79 %). Quels sont les métiers dont les taux de difficulté est le plus élevé ? Maçon, aides ) domicile et auxiliaires de vie, ouvriers mécaniciens, coiffeurs, esthéticiennes, assistants maternels, professionnels de l’animation socio-culturelle, cuisiniers, personnels de ménage chez des particuliers, ingénieurs, notamment dans l’informatique, et agriculteurs.
Ainsi, 44 084 offres difficiles à pourvoir ont bénéficié d’un coup de pouce, d’une action, celle du dispositif Action Recrut dont huit entreprises sur dix se disent satisfaites, avec une réduction de deux jours du délai de recrutement (et de cinq en Occitanie). C’est aussi la raison pour laquelle France Travail a créé “Team RH”, où la prospection des entreprises est coordonnée entre les différents acteurs du Réseau pour l’emploi.
Pour mener à bien cette enquête de besoins de main d’oeuvre, France Travail Occitanie a sondé 170 240 entreprises dont 44 890 ont répondu (26 %) entre octobre et décembre 2024. Au niveau national, France Travail évalue pour 2025 à 2,4 millions le nombre d’embauches potentielles. Un chiffre en baisse de – 12,5% par rapport à 2024 qui touche l’ensemble des secteurs d’activité – services aux particuliers (- 8,4%) jusqu’aux métiers de la construction (-22%). Au total, sur 217 métiers passés au crible, seule une vingtaine devraient connaître une évolution positive et notamment les infirmiers et sages-femmes (+ 4,9%), les aides-soignants (+ 3,9%) ou encore les agents hospitaliers (+ 1,1%).
Il y a un peu plus d’un an, le directeur général de France Travail avait fait le déplacement à Montpellier dans le cadre d’une tournée des solutions, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.
Olivier SCHLAMA
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