Économie : Les associations se recréent en nombre, le bénévolat, lui, est en “mutation”

Les clubs sportifs ne représentent pas 6 % de l'ensemble des associations. Photo : Olivier SCHLAMA

En Occitanie, où vivent plus de six millions d’habitants, on compte entre 150 000 et 160 000 associations actives que 550 000 à 570 000 bénévoles réguliers font vivre. Justement, des craintes percent quant au recrutement des bénévoles. Par ailleurs, 50 000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2022.

Culture, sport, loisirs, environnement, éducation… C’est ce qui s’appelle une bonne nouvelle : pas moins de 71 130 associations se sont créées en 2022-2023 sur un total de quelque 1,5 million existantes dans le pays réunissant – ce n’est pas une broutille – 12,5 millions de bénévoles ; 144 000 volontaires en service civique. Et aussi : 1,885 million de salariés (en hausse de 2,7 % en 2022). En revanche, il est impossible de savoir combien d’associations ont été “désactivées” : la déclaration de leur cessation d’activité n’est pas obligatoire.

Le secteur médico-social représente à lui seul 56 % des effectifs associatifs

Avec, enfin, ses 153 000 associations employeuses, soit environ 9 % des salariés du secteur privé et une masse salariale de plus de 46 milliards d’euros, les associations représentent un “enjeu économique et social”, affirme experts et universitaires de Recherches & Solidarités dans leur 21e étude annuelle, parue il y a quelques jours, réalisée avec le soutien de l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), en coopération avec le Mouvement associatif. Le secteur médico-social représente à lui seul 56 % des effectifs associatifs, très loin devant les clubs sportifs (5,6 %). Mieux, le nombre d’associations employant au moins un salarié a encore progressé, retrouvant, là aussi le niveau d’avant 2019, avec 153 000, soit une sur dix environ (+ 4,4 %) sur un an.

Occitanie : 15 210 associations employeuses de 173 680 salariés

Ph. Olivier SCHLAMA

En Occitanie où vivent plus de six millions d’habitants, on compte entre 150 000 et 160 000 associations actives que 550 000 à 570 000 bénévoles réguliers font vivre. Dont, là aussi, de quoi en tirer une bonne nouvelle : 7 760 associations qui se sont créées en 2022-2023, retrouvant le niveau de 2018, celui d’avant crise sanitaire. Ce secteur dans notre région représente 15 210 associations employeuses de 173 680 salariés, soit 10,4 % du secteur privé représentant, dans la région, 4 milliards d’euros de masse salariale. Pour plus de la moitié, elles se situent dans le secteur social, six points au-dessus du pourcentage national.

Près d’un quart des Français sont bénévoles

Chaque année, au printemps, Recherches et Solidarités prend le pouls du secteur en sondant des responsables associatifs. Certes, le secteur se relève admirablement de la crise du covid avec 23 % des Français bénévoles dans au moins une association, mais “la situation reste tendue concernant le bénévolat avec une large majorité (58 %) d’associations en difficultés.” Avec un sujet central d’inquiétude, tant au niveau national que régional pour l’avenir : le recrutement (+ 10 points) ; le renouvèlement des dirigeants, eux aussi bénévoles (+ 5 points) et la situation financière générale des structures (+ 14 points).

Les 65 ans et plus se désengagent davantage

Car le pur bénévolat, s’il est gratuit par définition, a, en revanche, un coût… Toujours selon les travaux de l’association d’experts, Recherches & Solidarités, que Dis-Leur ! a expliqués ICI, presqu’un quart des Français donnent de leur temps gratuitement. Le niveau voisine celui de 2019. Ce sont les 15 ans-34 ans qui sont les plus représentés. En revanche, les 65 ans et plus se désengagent davantage.

50 000 contrats d’apprentissage signés en 2022

“Les dirigeants d’associations vont devoir s’adapter”, précise Cécile Bazin, directrice de recherche chez Recherches & Solidarités. Mais l’espoir est permis : en 2022, pas moins de 50 000 jeunes ont signé un contrat d’apprentissage dans des associations de l’Hexagone ! Bien entendu, celles-ci ont profité d’une carotte fiscale avec une aide de 8 000 € la première année et 6 000 €, tout de même, pour la seconde. Et les jeunes intéressés par un premier emploi l’ont bien compris également.

C’est aussi une occasion rêvée pour faire découvrir “l’univers associatif pour des jeunes qui cherchent du sens à leur vie professionnelle, davantage que le côté lucratif”, d’autant qu’il existe parallèlement des possibilités associées comme le bénévolat du mécénat de compétence. “Cela se pratique notamment dans de grandes entreprises dont certains salariés peuvent donner une ou deux journées de leur temps à une association”. De quoi leur donner l’eau à la bouche à ces mécènes et de quoi, pour les associations d’imaginer une nouvelle voie de recrutement pour renouveler son personnel bénévole.

Les effectifs de bénévoles ne progressent pas au même rythme

Photo D.-R.

Cette belle appétence pour les associations doit donc néanmoins être nuancée. Davantage d’associations signifie un besoin accru de bénévoles. Or “cette ressource” ne progresse pas avec le même rythme non plus et se dispute les mêmes aides publiques… L’étude parle, d’ailleurs, de “bénévolat en mutation” (…) Près de 90 % des associations fonctionnent exclusivement grâce à leurs bénévoles. Le bénévolat est même “vital” pour plus de 10 % d’entre-elles.

“Des associations qui sachent s’associer entre elles, ce serait (…) une bonne nouvelle pour les associations elles-mêmes, mais également pour la démocratie”

“Il reste que des associations qui sachent s’associer entre elles, comme l’espéraient les associationnistes du XIXème siècle, serait non seulement une bonne nouvelle pour les associations elles-mêmes, mais également pour la démocratie”, décrypte Roger Sue, sociologue, professeur à l’université de Paris Cité et chercheur au Centre d’étude et de recherche sur les liens sociaux, au CNRS, et président du comité d’experts et administrateur de Recherches et Solidarités.

Face à leurs difficultés récurrentes, plus de la moitié (52 %) des associations employeuses déclarent avoir déjà été accompagnées par des spécialistes ou qu’un accompagnement est en cours, de la part de services d”une mairie ou d’une intercommunalité. Cet accompagnement est souhaité pour 23 % d’entre elles et dans 17 % des associations, “les responsables ne font pas directement le lien entre leurs difficultés éventuelles et ce que ces services pourraient leur apporter. Enfin, dans 8 % des associations, il n’y a pas d’attente particulière, de la part de ces services”.

Olivier SCHLAMA

  • Selon la sociologue Viviane Tchernonog, les associations représentent toutes ensemble un budget de 113 milliards d’euros et une contribution à la valeur ajoutée (cad au PIB) de 3,4% soit : 1 850 000 emplois salariés et 7,6% du volume de l’emploi total public et privé et 22 millions de participations bénévoles. Quant à l’impact de la crise sur le bénévolat, il fait baisser le nombre de participations bénévoles ; de 600 000 à 650 000 associations sont concernées par des retraits de bénévoles, “forcés” du fait des confinements et des interdictions d’activité ou relevant de décisions individuelles des bénévoles. Et : 6,1 millions de bénévoles en retrait forcé du fait des confinements ou relevant de décisions individuelles. Par ailleurs, depuis cette crise, on enregistre que : 3,8 millions de bénévoles sont revenus contre 2,3 millions de bénévoles définitivement perdus par les associations.

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