Selon les travaux de l’association d’experts, Recherches & Solidarités, presqu’un quart des Français donnent de leur temps gratuitement. Le niveau voisine celui de 2019. Ce sont les 15-34 ans qui sont les plus représentés. En revanche, les 65 ans et plus se désengagent davantage.
Associations, organisations politiques ou religieuses, syndicats… Après les turbulences de la crise sanitaire, le nombre de bénévoles qui donnent de leur temps gratuitement et dont l’engagement prend toutes les formes de l’altruisme se rapproche enfin du niveau d’avant crise : un quart des Français (24 %) – et autant en Occitanie – étaient bénévoles dans des associations en 2019. Il y eut un net repli en janvier 2022 (20 %) ; puis, une remontée presque à l’identique habitude à 23 %, selon les résultats de l’enquête Ifop réalisée, en janvier 2023, auprès de 3 155 personnes de 15 ans et plus, à la demande de Recherches & Solidarités. (1)
Enfin la parité hommes-femmes
Les femmes qui affichaient, depuis 2010, un léger retard par rapport aux hommes, étaient parvenues à la parité en 2019 (24 %). “Plus affectées par les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire, elles ont perdu quatre points en 2022 et regagnent du terrain en 2023. Comme les hommes, 23 % d’entre-elles sont engagées dans les associations”, explique l’étude de Recherche et Solidarités.
Engagement croissant des moins de 35 ans et repli des + 65 ans
Des tendances observées depuis plusieurs années se confirment : on assiste à une certaine recomposition du bénévolat avec “un engagement croissant des moins de 35 ans et le repli continu des 65 ans et plus”, au point qu’ils affichent désormais une proportion identique de 25 % de bénévoles dans chacune de ces tranches d’âges.
Une colonne vertébrale des associations en danger avec une proportion de bénévoles agissant chaque semaine qui se situait à 10 % en 2019 et ne retrouve pas tout à fait ce niveau en 2023 (9 %). Ce constat ne vise pas à pointer du doigt les bénévoles qui interviennent ponctuellement, ne serait-ce que parce qu’ils sont susceptibles d’être plus présents demain, en fonction de leurs disponibilités et de leur projet de vie. Elle explique, pour partie, les difficultés rencontrées par de nombreuses associations pour mener à bien leurs activités.
L’association d’experts explique aussi qu’une “fracture associative toujours aussi marquée avec moins de 20 % de bénévoles en associations parmi les moins diplômés, près de 30 % parmi les plus diplômés. Cette situation prive les personnes concernées d’une source d’épanouissement et les associations d’une ressource humaine qui pourrait élargir leurs équipes.”
De 1,5 million à 1,370 000 million d’associations en France
Parmi les questions posées, on trouve par exemple : “Vous arrive-t-il de donner du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause, en dehors de l’aide apportée au sein de votre famille (ascendants, enfants, petits-enfants…) ?” ou encore : “Aux seuls bénévoles : Vous donnez ou vous avez donné du temps…” Ou enfin, aux bénévoles actuels : “À quelle fréquence donnez-vous du temps au sein d’une association ?”
On comptait, en 2018, peu ou prou, quelque 1,5 million d’associations dans l’Hexagone. Ces chiffres ont baissé. “La méthode de calcul s’est, certes, affinée mais il y a aussi, et ce n’est pas négligeable, de petites associations qui ont disparu. On estime ainsi à à 1,370 000 million d’associations en France”, précise aujourd’hui Viviane Tchernonog. Toutes prises ensemble, celles-ci représentaient un budget total de 113 milliards d’euros contribuant à hauteur de 3,3 % du PIB, la richesse nationale, “un chiffre qui a, d’ores et déjà, baissé de 3 % à 4 % en 2019-2020 ; ensuite, il y a eu un phénomène de rattrapage important en 2021”, précise-t-elle en pleine écriture du prochain panorama des associations qui sera publié en juillet au rythme de tous les six ans (2).
85 % des bénévoles dans les associations sans salarié
En 2017, les associations avaient bénéficié de 31 272 000 “participations bénévoles”, représentant un volume de travail bénévole de l’ordre de 1,425 millions d’emplois équivalent temps plein. Contre 22 millions de bénévoles actifs en 2020, en baisse à cause de la crise sanitaire où certaines avaient fermé. Enfin, les associations sans salarié concentrent 85 % du nombre de participations bénévoles. Ce panorama national a été effectué par la sociologue Viviane Tchernonog, du centre d’économie de la Sorbonne, à Paris, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.
38 % des Français n’ont jamais donné de leur temps libre
On apprend dans ce sondage effectué en janvier 2023 que 38 % des Français donnent de leur temps bénévolement à une institution, une organisation sans but lucratif (la tranche des 15 ans-34 ans étant le plus représentée) ; 24 % ont déjà donné mais ne sont plus bénévoles et 38 % n’ont jamais donné de leur temps libre. De quoi faire réfléchir.
Période charnière du passage à la retraite
En revanche, la proportion des personnes de 65 ans et plus qui donnent du temps à une association ne cesse de se dégrader depuis près de quinze ans. Comment l’interpréter ? “Ces personnes occupent souvent une position pivot entre plusieurs générations qui demandent leur soutien et peuvent les accaparer : leurs parents, leurs enfants et leurs petits-enfants”, souligne Pascal Dreyer, vice-président Recherches & solidarités et coordinateur scientifique d’un réseau de recherche. Il y a aussi une deuxième explication, plus invisible : “La période où l’on passe du travail à la retraite est une période charnière où “les retraités doivent effectuer une mue qui prend du temps.”
Le débat sur les retraites le montre : très conscients des crises, ils veulent aussi vivre pleinement cette période de leur vie…”
Enfin, 3e facteur : “Les baby-boomers n’ont pas connu la Seconde Guerre mondiale, les structures d’engagement collectif qu’étaient les patronages, les églises, les associations et les syndicats. Ils ont grandi et profité de la société de consommation. Leur attitude est plus hédoniste, moins contrainte par un engagement construit sur des valeurs normatives et des obligations morales.”
Le spécialiste ajoute : “Leurs conceptions du monde et leurs attentes sont donc différentes de celles de leurs ainés. Le débat sur les retraites le montre : très conscients des crises, ils veulent aussi vivre pleinement cette période de leur vie, et ne pas avoir de contraintes, même si ce désir est en partie illusoire. Les associations doivent aussi tenir compte d’une moindre disponibilité de ces personnes en raison de l’immense offre de loisirs que la société leur offre et de leur puissant désir de réalisation personnelle (au sens créatif du terme).”
Olivier SCHLAMA
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(1) Association sans but lucratif, Recherches & Solidarités s’est donné “pour objectif d’apporter aux acteurs et aux décideurs les informations les plus récentes, avec une préoccupation de complémentarité par rapport aux travaux publiés par ailleurs. Elle s’appuie sur des données provenant d’organismes officiels et sur ses enquêtes annuelles pour produire des publications nationales, régionales et départementales, en libre accès”.
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(2) Selon Viviane Tchernonog, les associations représentent toutes ensemble un budget de 113 milliards d’euros et une contribution à la valeur ajoutée (cad au PIB) de 3,4% soit : 1 850 000 emplois salariés et 7,6% du volume de l’emploi total public et privé et 22 millions de participations bénévoles. Quant à l’impact de la crise sur le bénévolat, il fait baisser le nombre de participations bénévoles ; de 600 000 à 650 000 associations sont concernées par des retraits de bénévoles, “forcés” du fait des confinements et des interdictions d’activité ou relevant de décisions individuelles des bénévoles. Et : 6,1 millions de bénévoles en retrait forcé du fait des confinements ou relevant de décisions individuelles. Par ailleurs, depuis cette crise, on enregistre que : 3,8 millions de bénévoles sont revenus contre 2,3 millions de bénévoles définitivement perdus par les associations.
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