Moyens de protection accrus, effarouchements… : “Malgré une hausse de la population ursine, les prédations d’ovins ont reculé de 8,5 % sur l’ensemble du massif”, claironne la préfecture de région Occitanie, à l’issue de la réunion du groupe Ours.
“Le bilan des actions engagées au cours de l’année 2024 dans le cadre du plan d’actions ours brun avec un maître mot : la sécurité” : c’est la définition qu’en a donnée la préfecture de la Région Occitanie, à l’issue de la dernière réunion du groupe Ours, pastoralisme et activités de montagne du 17 décembre 2024.
Avec ces 4,5 M€, investis au profit des éleveurs et des utilisateurs de la montagne, ainsi que de la bonne conservation de l’ours brun, l’État poursuit sa stratégie de long terme pour “concilier le maintien des activités et de l’accès à la montagne avec la préservation d’une espèce qui demeure fragile, et anticipe les nouveaux défis posés par l’augmentation prévisible de la population ursine”.
Réunion du groupe ours

Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, préfet coordonnateur du massif des Pyrénées et du plan national Ours brun, a donc réuni le 17 décembre 2024 le groupe Ours pastoralisme et activités de montagne avec Thierry Hegay, préfet en charge de la mission ours, en présence du préfet de l’Ariège, des préfets des départements pyrénéens, des parlementaires, des représentants des élus de collectivités territoriales, des professions agricoles, des associations de protection de l’environnement, des fédérations (randonnées pédestres, chasse…) et des parcs naturels.
Expérimentation des bombes à poivre étendue en 2025
Il s’agissait avec ce budget de mieux garantir la sécurité des hommes, avec notamment une expérimentation de dotation de bombes à poivre au bénéfice des professionnels du pastoralisme en estive qui a été menée. Au vu des résultats, cette expérimentation sera étendue en 2025 et la réglementation sera adaptée en conséquence. “L’État a ainsi répondu à une demande des éleveurs.”
Ce n’est pas tout. Les usagers de la montagne ont également été pris en considération. “Tout contact rapproché avec un animal sauvage peut présenter un risque. L’ours n’est pas une exception. Les panneaux d’information sur le comportement à adopter face à un ours ou un ourson ont été totalement revus et seront installés sur les lieux de passage les plus fréquentés”, confie-t-on auprès de la préfecture de région.
Dans le même esprit, et à l’aune de l’expérience de l’ours dit “M129” dont le comportement était trop familier à l’égard de l’homme cet été, le protocole ours à problèmes est en cours de révision et sera présenté “en 2025 dans une version permettant une meilleure rapidité dans la prise de décisions”.
“Malgré une hausse de la population ursine, les prédations d’ovins ont reculé de 8,5 % sur l’ensemble du massif”
Après la sécurité des hommes, celle des troupeaux. L’État a ainsi accompagné les efforts des éleveurs qui se dotent de moyens de protection. Avec une enveloppe de 3,4 M€, cette dotation augmente de 20 % par rapport à celle de 2023. “Pour être le plus efficace possible, un diagnostic des mesures de protection au sein des estives pyrénéennes a été réalisé lors de la saison d’estives”. Ce travail donnera lieu à de nouvelles conventions dès 2025. À ce titre, l’État constate que, “malgré une hausse de la population ursine, les prédations d’ovins ont reculé de 8,5 % sur l’ensemble du massif. Il est à souligner que des simplifications ont été apportées au dossier de demande d’aide”.
Lors de cette réunion, il a été évoquée la sécurité juridique. Un travail important a été consenti par tous les services de l’État permettant une sécurité juridique accrue des actes. “Là encore, c’était une demande du monde agricole qui est satisfaite et qui va dans le sens de l’intérêt de la population ursine, dit-on dans l’entourage du préfet. Il est à souligner que si des arrêtés d’effarouchement ont été pris, en 2024 l’Office français de la biodiversité (OFB) n’a pas eu à les mettre en application.”
Thèse de doctorat sur les populations d’ours
Enfin, concernant la conservation de l’espèce, l’évolution des effectifs, le suivi des reproductions, la connaissance de l’aire de présence, ainsi que l’identification individuelle par la génétique réalisée par l’OFB, sont autant d’éléments qui permettent de bien comprendre le fonctionnement de la population d’ours des Pyrénées. Cette population progresse à un rythme de 10 % par an. “Cependant, l’objectif d’un bon état de cette biodiversité commande d’anticiper cette évolution notamment au regard des effets de la consanguinité. Une thèse de doctorat est en cours et viendra apporter des éléments objectifs sur ce sujet.”

Avec 4,5 M€ investis au profit des éleveurs et des utilisateurs de la montagne, ainsi que de la bonne conservation de l’ours brun, l’État poursuit sa stratégie de long terme pour concilier le maintien des activités et de l’accès à la montagne avec la préservation d’une espèce qui demeure fragile, et anticipe les nouveaux défis posés par l’augmentation prévisible de la population ursine.
76 ours dans le massif des Pyrénées
Depuis sa réintroduction en 1995, la population de l’ours a fortement augmenté dans le massif des Pyrénées, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Sur une centaine de prédateurs, environ 80 sont répertoriés en Ariège, et plus particulièrement dans le Couserans. La prédation exercée par les ours en estive met à mal les activités humaines, pastorales, touristiques ou encore économiques en montagne.
Plus précisément : avec 76 individus dénombrés par l’Office français de la biodiversité, on assiste à une vraie dynamique dans le massif. Mais la population de plantigrades n’est pas encore viable, selon le directeur de l’association Pays de l’Ours-Adet. Alors que l’ours est responsable, en 2022, de 331 attaques pour 590 animaux tués ou blessés sur le cheptel domestique, l’État met davantage de moyens pour mieux protéger les troupeaux et former les bergers.
Reste que la cohabitation est difficile. Le 16 mai dernier, Christine Téqui, présidente du département de l’Ariège lâchait : “Si l’État ne veut pas parler de régulation, il y aura des morts”. Forte des enseignements d’un voyage d’étude dans le Trentin, en Italie, où l’on peut désormais abattre des ours, sous certaines conditions, la présidente du département, qui participe à deux réunions publiques sur la cohabitation avec le plantigrade, monte au créneau. Et demande à l’État de prendre ses responsabilités.
Olivier SCHLAMA
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