Olivier Schlama Société

BD : Bienvenue au club des parents… indignes !

Lise Desportes est une jeune autrice haut-garonnaise. Elle signe un album frais. “Pour moi, dit-elle, les enfants, c’est plus un bonheur qu’une charge et pour profiter pleinement de ce bonheur, il faut savoir rire de certaines situations”. Les parents parfaits n’existant pas, autant dépasser ses angoisses !

Joyeuse. “Comme mes parents”. Née d’une mère au foyer et d’un père graphiste, Lise Desportes, qui habite près de Montauban, est autrice et illustratrice. La jeune femme de 36 ans, mère de deux enfants de 6 ans et 9 ans, sort dans quelques jours Bienvenue au Club des Parents Indignes (First). Elle a la voix claire, son album plein d’humour, un hommage aux enfants, l’est tout autant. C’est aussi une façon de rappeler, sans culpabilité, que les parents parfaits n’existent pas et heureusement !

“C’est parce qu’on le veut bien que les enfants sont tyranniques”

Pourquoi ce titre ironique ? “Cela part de toutes ces petites choses où on sait que l’on sait que l’on abuse parfois de la crédulité de nos enfants pour faire passer des choses qui nous arrangent bien…, dit-elle. Je crois surtout que nous sommes des parents martyrs !” D’enfants tyranniques… ? “Non, je ne le vis pas comme cela. C’est parce qu’on le veut bien que les enfants sont tyranniques. Je ne me sens pas martyrisée par mes enfants. La liberté que je leur donne c’est celle que l’on accepte chacun vis-à-vis de l’autre…” Lise Desportes met toutefois en exergue la fourberie des marmots… Celle-ci, selon elle, répond à… “la fourberie des parents !” rétorque-t-elle.

“On est tous face aux mêmes épreuves mais aussi aux mêmes bonheurs dans ce chemin de la parentalité”

Ses planches de BD sont singulières, sans filtre, qui décryptent un quotidien très familier à nombre de parents. Lise Desportes couche de nombreuses saynètes de la vie courante bien éloignées de la magie fantasmée de la parentalité. Et que personne ne nous apprend ! C’est une situation commune, classique d’auto-apprentissage… Les parents que l’autrice met en scène essaient d’être à la hauteur et ça les fait sourire. “On est tous face aux mêmes épreuves mais aussi aux mêmes bonheurs dans ce chemin de la parentalité”, formule Lise Desportes. “Pour moi, les enfants, c’est plus un bonheur qu’une charge et pour profiter pleinement de ce bonheur, il faut savoir rire de certaines situations”.

“Pour ne pas (trop) s’épuiser et décompresser, l’humour est notre arme secrète…“

En préambule, l’autrice donne le ton : “Toi aussi, tu manques de sommeil ? Toi aussi, ton sac préféré s’est transformé en cabas rempli des merdouilles ; T’as
des enfants ? Toi aussi, tu as dû faire une croix sur la tournée des bars (mais pas sur la bouteille de vin, faut pas déc*nner) ? Et toi aussi, tu te caches pour manger du chocolat ? Bref, toi aussi tu es parent…”

Tout le reste emploie ce ton. “Si nos enfants sont la prunelle de nos yeux, ils sont aussi les responsables des cernes qui les ornent depuis leur naissance…” Et : “Accompagner nos enfants au quotidien pour leur offrir soutien et protection avec optimisme et enthousiasme demande une énergie incroyable ! Pour ne pas (trop) s’épuiser et décompresser, l’humour est notre arme secrète…“

D’abord prendre en photo son enfant dans une situation amusante avant de l’aider

Lise Desportes et sa fille Ella. DR.

L’humour est sa marque de fabrique. Et aussi faire parler les gosses trop jeunes pour avoir dans la vie réelle une telle répartie. Pour mieux les défendre. Dans une planche, un parent dit : “Quand je serai grand, je serai président et j’interdirai qu’on force les enfants à se coucher !” L’enfant lâche un surprenant “Ouais” d’adulte désopilant.

Âme sensible s’abstenir ; j’ai tellement hâte qu’ils soient parents ; 3-0 pour papa ; Être une mère bienveillante en 3 leçons… Ces “têtes de chapitre” disent tout de la difficulté de l’éducation, de la bienveillance à la schizophrénie parentale. Comme aider son enfant dans une difficulté ou d’abord le prendre en photo dans une situation amusante…

“En fait, je ris de moi-même !”

Cette bande dessinée s’est imposée en quelque sorte. “À la base, j’alimentais mon blog et quand on a des enfants, eh bien on raconte sa vie avec ses enfants”, dit Lise Desportes. Dans cet album transparaît quand même une angoisse de transformation de sa vie : devenir parent. D’un état bienheureux, centré uniquement sur soi-même à un autre état, claquemuré avec son enfant. “Je ne vois pas les choses comme cela. En fait, je ris de moi-même ! J’observe tous les changements que je mets dans ma vie et que je n’aurais jamais imaginés comme cela.” C’est ce “regard un peu lointain” que l’autrice haut-garonnaise a traduit dans son ouvrage.

Personne ne nous prépare à être parent. “Oui, et puis on a beaucoup de principes au départ et ensuite on a des enfants…”, convient Lise Desportes.Ce livre peut rappeler à certains des peurs enfouies : celles de tomber gravement malade et de laisser son enfant seul ; de perdre son enfant ; de ne pas être à la hauteur. “On a des ambitions, des rêves et la parentalité se mélange à tout ça…”

Olivier SCHLAMA

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