Autoroute A69 : Les élus réagissent, les opposants campent sur leurs positions

L'A69 en perspective... Image source CD 81 (département du Tarn)

“Désenclaver le sud du Tarn et notamment le bassin économique Castres-Mazamet grâce à une liaison autoroutière est une priorité pour le Conseil départemental du Tarn” peut-on lire sur le site officiel. Le dossier de l’A69 a été qualifié de “prioritaire pour le maintien de l’emploi, la sécurité et la qualité de vie dans le bassin de Castres-Mazamet” par Christophe Ramond, président du département qui, à l’unanimité des 46 élus, a d’ailleurs voté une participation de 31 millions d’euros au projet…

Il y a donc de quoi faire monter au créneau ces élus de terrain, lorsque des milliers d’opposants se mobilisent pour venir sur-place dénoncer un projet qu’ils jugent, eux, “inutile et mortifère…”

Les opposants, les premiers à mettre la pression

Ils étaient entre 4 200 et 8 500 (selon les sources) les 22 et 23 avril, à Saïx pour manifester contre le projet autoroutier, à l’appel des collectifs La Voie est libre, Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion et de la Confédération paysanne.

A l’issue de ce rassemblement, le collectif La Voie est libre publiait un communiqué affirmant “Un recours en annulation de l’autorisation environnementale va être déposé prochainement, avec un référé suspension contre l’autorisation environnementale qui ne tient sur aucun argument sérieux. D’ici à notre victoire juridique, il faut donc tenir, stopper la stratégie du fait accompli et le passage en force des travaux. Nous annoncerons donc d’autres rassemblements et manifestations si celle-ci ne suffit pas à nous faire entendre…”

Détail de l’illustration accompagnant la pétition sur change.org

Lundi 24 avril, le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, assurait sur France Info qu’il avait demandé une revue de “tous les projets autoroutiers” en cours et que la réponse “sur tous les projets routiers arrivera d’ici le début de l’été.” Précisant toutefois que l’A69 est “un projet spécifique parce qu’il est le projet le plus avancé (…) Il y a des travaux qui ont commencé, on est dans un état de droit. Il y a eu des règles et des procédures et à chaque fois la justice a confirmé ce projet.” Une sorte de “en même temps” quelque peu embarassé… Lire plus sur franceinfo:

Les élus tarnais défendent le projet

La riposte n’a pas tardé de la part des élus tarnais et de la Région Occitanie, à l’occasion d’une conférence de presse, le 25 avril. Autour du président du Tarn, Christophe Ramond (PS), le député (Renaissance) Jean Terlier et le sénateur centriste Philippe Folliot, ainsi que le maire de Castres Pascal Bugis (DVD) et le président de la CCI Michel Bossi ont répété leur soutien à l’A69.

Ils avaient reçu le renfort de Claire Fita, élue tarnaise au Conseil Régional d’Occitanie (vice-présidente, déléguée à la Culture et Patrimoine) qui a récemment rappelé le soutien de Carole Delga, à l’autoroute. La présidente de la Région s’est exprimée à ce sujet sur France Bleu Occitanie : “J’ai financé une étude pour proposer des solutions alternatives. Cela n’a rien donné. Il faut avoir cette honnêteté de le dire. Il n’y avait pas d’autre solution opérationnelle que l’autoroute…”

Une réponse aux opposants qui affirment que “cette autoroute saccagerait plus de 400 ha de bonnes terres, de bois, de zones humides vitales contre le bouleversement climatique (…), tout ça pour gagner douze minutes !”

Mais ce gain de temps qui peut sembler négligeable vu de loin, apparaît essentiel à de nombreux habitants de la zone concernée, soit 17 communes du Tarn et 7 en Haute-Garonne. Comme le souligne La Voix du Midi : “Pendant la conférence de presse, des représentants de la Chambre d’agriculture du Tarn, le directeur de l’hôpital de Castres ou encore le président de la CCI du Tarn se sont exprimés en faveur de l’autoroute.”

Lire l’entretien complet avec Carole Delga sur le site ICI (par France Bleu et France 3) : https://www.francebleu.fr/infos/transports/carole-delga-sur-la-future-a69-il-n-y-a-pas-d-autres-solutions-les-etudes-alternatives-n-ont-rien-donne-2041400
Source ATOSCA

Si de leur côté, les élus favorables à l’A69 ont adressé un courrier à Elisabeth Borne, la Premier ministre, les opposants lancent une pétition sur le site change.orghttps://www.change.org/p/autoroute-castres-toulouse-arr%C3%AAtons-tout-de-suite-ce-chantier-inutile-et-mortif%C3%A8re?source_location=search

La construction et l’exploitation de l’A69 ont été confiées au concessionnaire Atosca, le siège social de la concession étant situé à Puylaurens, dans le sud du Tarn. “Avec la création de près de 1 000 emplois locaux, l’A69 va contribuer à la dynamique du tissu économique local en impliquant les entreprises d’Occitanie et plus particulièrement du Tarn” souligne le concessionnaire. Ce dernier présente l’A69 comme “une autoroute nouvelle génération”, à “faible impact écologique” et précise que “23% du coût de l’opération sont consacrés à la préservation de l’environnement.”

Les tarifs annoncés sont de 6,77 € pour un trajet complet, pour un véhicule léger classique. Atosca s’est par ailleurs “engagée à offrir 20 % de réduction aux conducteurs circulant en véhicules à très faible émission, pour tous les trajets effectués sur l’A69.” Par ailleurs, des réductions de 30 à 70 % seront proposées aux usagers fréquents.

Après Sainte-Soline, ce combat autour du chantier de l’A69 pourrait bien devenir le nouveau point de fixation de deux conceptions de la route à suivre pour l’avenir…

Philippe MOURET

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