Ariège : “Avec la mine de talc et l’usine hydroélectrique, nous exploitons le tourisme industriel”

La plus grande mine de talc au monde à ciel ouvert est en Ariège ! Photo : A.Baschenis

L’Ariège a ajouté deux sites remarquables à son riche catalogue dès le 1er juillet : la plus grande carrière de talc au monde à Luzenac et la visite d’une centrale hydroélectrique, à Orlu. “L’idée, c’est d’exploiter le tourisme industriel que l’on a appelé ici Vallées Ingénieuses pour montrer le génie des hommes ; comment celui-ci a développé les atouts que la montagne lui a donnés”, explique Alain Naudy, président de la communauté de communes de la Haute-Ariège.

L’Ariège. Sa nature cousinant de beauté avec celle du Canada profond avec des lacs somptueux ; ses montagnes reposantes ; son château exceptionnellement conservé depuis le Moyen-Âge, à Foix ; son parc de la préhistoire, à Tarascon, avec, le 24 juin, une nuit – gratuite – avec spectacle cascade d’eau, jeux de lumières, projections sur les montagnes environnantes…

Sans oublier le monde sous-terrain avec les grottes, à l’instar de celles du Mas d’Azil, de Niaux ou de Bédeilhac. C’est aussi le Palais des Évèques, à Saint-Lizier… Ou encore les magnifiques installations touristiques du Plateau de Beille que Dis-Leur vous avait présentées ici. Et qui ont malheureusement été victimes d’un incendie (1).

Deux nouveaux grands sites : Talcaneô et Mountaneô

Et, pour cet été, il ne faut pas manquer deux nouveaux grands sites ouverts au public. La plus grande carrière de talc à ciel ouvert du monde à Luzenac issue d’une longue histoire et la montagne à Orlu qui ouvre dès le 8 juillet… Les deux ont déjà un nom de baptème : Talcaneô (pour le talc, ouverture le 9 juillet) et Mountaneô (dite l’Odyssée de l’eau, ouverture le 8 juillet, avec la visite possible de l’usine hydroélectrique). Qui seront inaugurés mi-septembre prochain et pour lesquels un pass est envisagé dans le futur.

Le talc est partout, même le chewing-gum !

Morceau de talc brut. Ph. Imerys

Le talc est partout ! Le saviez-vous ? Il sert, certes, à apaiser les rougeurs des fesses de bébé mais pas seulement : on le retrouve comme ingrédient essentiel dans la peinture ; la papèterie ; il en est fait usage dans l’industrie pharmaceutique ; en cosmétique ; dans les pots catalytiques et même le chewing-gum…! C’est un minerai neutre qui présente beaucoup d’avantages industriels.

Visites guidées de la carrière en bus

Carrière de talc d’Ariège. Ph. A.Baschenis

C’est un lieu unique. Culminant à 1 800 mètres d’altitude, la carrière de talc de Trimouns, à Luzenac, la plus grande à ciel ouvert au monde exploitée depuis le début du 19e siècle (Talcaneô, donc), sera accessible via des visites guidées d’une heure dans un bus avec des points d’arrêt (13,80 € pour un adulte, 9,60 € pour un enfant et gratuit pour les moins de cinq ans). La jauge est de cinquante personnes maximum par visite.

Centre d’interprétation sur le talc

Centre d’interprétation sur le talc, Talcaneô, en Ariège Ph. P.Benazet

Cela comprend la visite du centre d’interprétation du talc, à Luzenac, d’une surface de 400 mètres carrés, au bord de la RN 20. Là aussi, la visite se fait en une heure (de 10 heures à 19 heures, l’été). Et peut se faire indépendamment de la visite en bus de la mine (6,5 €, 4,5 € pour un enfant de plus de cinq ans). On peut, à se titre, se poser légitimement la questions de l’impact environnemental d’une telle exploitation en milieu montagnard. “Il y a beaucoup d’actions mises en place par l’exploitant, Imerys, pour reconstituer la flore détruite lors de l’exploitation, au niveau de la protection des espèces sur le territoire”, indique Gildas Michel, responsable du service communication et marketing au Sesta.

Réservation obligatoire sur le site du Sesta (Service d’exploitation des sites touristiques de l’Ariège). Les visites de la carrière – du lundi au vendredi avec six créneaux par jour (fermé le mercredi hors vacances scolaires), de mai aux vacances de la Toussaint – peuvent être annulées jusqu’au dernier moment et même pendant la visite pour cause d’aléas météo et notamment de pluie ou manoeuvre d’exploitation le nécessitant.

Biodiversité et savoir-faire en hydroélectricité

Barrage hydroélectrique d’Orlu, Ariège. DR.

Montaneô, lui, se situe à Orlu, après Ax-les-Thermes. C’est un projet en plusieurs parties. La première vise à valoriser la biodiversité de cette vallée. Dans un bâtiment, on va pouvoir déambuler en suivant la nivologie ; des différentes strates de végétation vernaculaire ; il y a aussi la visite de la reproduction d’une cabane d’un garde-forestier pour expliquer rôle et missions ; enfin, une autre maison est dédiée au parcours de l’eau. “Il s’agit de sensibiliser le public et les enfants, notamment”, précise Gildas Michel.

©M.Cabirol

Là aussi, il s’agit de mettre en valeur le savoir-faire industriel local, avec la possibilité de visiter l’usine d’hydroélectricité (1). Sur place ou sur réservations sur le site du Sesta (10,80 € pour un adulte ; 8,40 € pour un enfant de plus de cinq ans). En complément, il est possible d’effectuer des randonnées accompagnées, là aussi sur réservation. Randonnées d’une durée de 4 heures (10 heures à 14 heures) les mardis, jeudis et week-ends en juillet et août. Et seulement les week-ends en dehors de ces périodes.

L’idée, c’est d’exploiter le tourisme industriel que l’on a appelé la Vallée Ingénieuse pour montrer le génie des hommes ; comment celui-ci a développé les atouts que la montagne lui a donnés…”

Alain Naudy
Alain Naudy, président de la communauté de communes de Haute-Ariège. Ph. Olivier SCHLAMA

Maire d’Orlu, président de la communauté de communes de Haute-Ariège et vice-président du département, Alain Naudy explique la genèse de ces deux nouveaux sites : “L’idée, c’est d’exploiter le tourisme industriel que l’on a appelé Vallées Ingénieuses pour montrer le génie des hommes ; comment celui-ci a développé les atouts que la montagne lui a donnés : l’eau chaude, la neige. C’est notre outil spécialisé du département, le Service d’exploitation des Sites Touristiques de l’Ariège, qui s’occupe aussi de ces deux sites. C’est comme cela qu’est née Moutaneô. Au départ, EDF voulait faire un projet basé sur l’eau à Ax-les-Thermes. Avec l’eau sulfureuse ; celle des cures ; pour les canons à neige. Le projet s’est rapidement élargi au-delà de la commune d’Ax, à la communauté de communes. Et on travaille d’arrache-pied à ces projets depuis quatre à cinq ans.”

On y a reproduit les conditions de travail dans la carrière, avec un pneu de camion de 2,50 mètres de haut, pour se rendre compte de la taille des engins. C’est magnifique”

Alain Naudy poursuit : “On a ensuite intégré à ce projet la carrière de talc. On faisait déjà des visites de la mine, via l’office du tourisme, mais les jours ne mauvais temps, on ne voyait rien. Là, on a réalisé, avec la commune de Luzenac qui avait acheté une maison plus bas, au bord de la RN 20, une muséographie. On y a reproduit les conditions de travail dans la carrière ; il y a un écran circulaire. On y a placé l’un des pneus de camion qui est géant, deux mètres cinquante de haut, pour que les gens se rendent compte de la taille des engins. C’est magnifique.”

À l’usine hydroélectrique, il y a un espace immersif où l’on explique tout ce que l’on peut faire avec l’eau”

Paysage d’Orlu, en Ariège. DR.

Pour le site d’Orlu, “on peut visiter l’usine hydroélectrique. Il y a aussi un espace immersif où l’on explique tout ce que l’on peut faire avec l’eau. On y a ajouté la version “eau” d’un l’Escape Game, un “hydrogame” avec un scénario catastrophe où tout se détraque sur le barrage ; où il faut courir ; ça sonne de partout ; c’est un jeu amusant, pointu et dans l’air du temps. La commune d’Orlu, dont je suis le maire, a aussi racheté l’espace de la Forêt des Sons. On reprend aussi l’Observatoire de la montagne que l’on a transformé en lieu pour la biodiversité, avec un parcours qui suit l’étagement de la végétation. Avec des films, des présentations tout au long du parcours. Tout cela c’est le concept de Vallées Ingénieuses. Il va quand même y avoir, à Ax-les-Thermes, plus tard, un projet sur l’eau.”

La communauté de communes a investi 5 M€

Au total, le double projet aura nécessité 5 M€ d’investissement de la communauté de communes. “Il faut faire venir au minimum 25 000 visiteurs pour être à l’équilibre financier. Ce devrait être réalisable. Rien que la maison des loups, c’est 46 000 visiteurs par an. Là le parking devient payant, comme dans la plupart des lieux touristiques.”

L’Ariège prépare-t-elle d’autres projets sur le tourisme industriel ? Alain Naudy confie encore : “Nous voulons aussi nous réapproprier le thermalisme. C’est un groupe qui possédait les thermes d’Ax-les-Thermes, Eurothermes. La convention arrive à terme en fin d’année 2023. Nous travaillons avec la commune, la Région et le département à reprendre, peut-être avec une Sem, ces thermes-là…”

Olivier SCHLAMA

  • (1) C’est une visite offerte par EDF. Avec des billets d’accès à Mountaneô (Visite de l’espace muséographique, avec accès à la forêt des sons, hydrogame et visite de la centrale hydroélectrique.
  • Réservations pour les sites touristiques majeurs de l’Ariège, cliquez  ICI.
  • S’agissant de l’incendie qui avait, cet hiver, ravagé les nouvelles installations touristiques de la station du Plateau-de-Beille, Alain Naudy explique que “les enquêteurs n’en ont pas fini : ils doivent revenir faire des prélèvements, avant de rendre leurs conclusions. Il leur manque encore plusieurs mois. Nous voulons ensuite reconstruire le plus rapidement possible. Nous sommes bien assurés. Mais dans ce complexe, il y avait aussi la maison Lacube et comme nous n’avons pas la même assurance, cela risque là aussi de prendre du temps, elles pourraient se renvoyer la responsabilité… Car les assurances vont devoir rembourser 5 M€ à 6 M€ sur les 8 M€ HT du projet initial.” 

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