A 60 kilomètres de Toulouse, Gaillac est une région viticole historique, l’une des plus anciennes de France, elle produit encore aujourd’hui une grande variété de vins et continue à grandir grâce à l’agriculture florissante de sa région. L’association de vigneronnes Les Z’Elles Gaillacoises s’est donné pour mission de mettre en valeur ce vin et son patrimoine. Leur événement-phare : un week-end œnotouristique (les 13, 14 et 15 juin) qui mêle dégustations, animations culturelles et activités en plein air, afin de soutenir la restauration d’un patrimoine architectural emblématique : les pigeonniers.
Pourquoi les pigeonniers ? direz-vous… Un peu d’histoire pour comprendre : Gaillac est un des plus anciens vignobles de France. La culture de la vigne, importée par les Phéniciens quatre siècles avant Jésus-Christ, se développe tout d’abord vers Montans (Tarn). L’essor du vignoble s’explique ensuite par les conditions climatiques très favorables au développement de la vigne, mais aussi par un facteur essentiel : la situation géographique. Gaillac est implantée au début de la zone navigable qui, rejoignant la Garonne, conduit à Bordeaux. Elle est également au carrefour de routes importantes. Ce réseau a permis de faciliter le transport des marchandises et en l’occurrence, du vin.
Avant les AOP, déjà l’un des vignobles les mieux protégés de France
Développée par les moines bénédictins de l’Abbaye Saint-Michel, La viticulture va très vite devenir une véritable force économique pour la région et ainsi gagner le soutien des comtes de Toulouse, avec la création de règles très strictes régissant la viticulture et la vinification.
Ainsi, huit siècles avant la création des AOC, le vignoble gaillacois est l’un des mieux protégés et organisés de France : interdiction de mélanger les vins avec des vins “étrangers”, taille règlementée, ban des vendanges, défense de fumer les vignes, organisation du temps de travail… Et le seul engrais autorisé est la “colombine” (les déjections de pigeons). C’est ainsi que l’on peut observer un nombre conséquent de pigeonniers dans le vignoble gaillacois.
Les pigeonniers, partie intégrante du patrimoine viticole
Aujourd’hui, ne servant plus, beaucoup d’entre eux sont à l’abandon et disparaissent peu à peu. L’aventure des Z’elles Gaillacoises a ainsi vu le jour grâce à une discussion entre Alix Gérard David du Château Terride et Louis de Faramond, vigneron du Château Lastours et propriétaire de pigeonnier.
Évoquant les défis liés à la préservation du patrimoine bâti du vignoble, l’idée de mobiliser les vigneronnes pour restaurer les pigeonniers, véritables symboles du Gaillacois, s’est rapidement imposée. Depuis ses débuts en 2016, l’association s’est peu à peu construite autour de valeurs telles que “le respect du patrimoine, la solidarité féminine et la passion pour les vins de notre région.”
“Les pigeonniers gaillacois font partie intégrante de notre patrimoine viticole.
Ils sont notre histoire. A nous de les préserver” commentent aujourd’hui Nathalie Caussé et Anne Marc, respectivement présidente et vice-présidente de l’association qui regroupe désormais une trentaine de femmes vigneronnes déterminées à
promouvoir les vins de Gaillac tout en participant activement à la valorisation de “leur” territoire.
Le vin, la passion, la solidarité et… les pigeonniers !
“En tant que présidentes, nous sommes fières de poursuivre cette aventure, portée par l’énergie et la créativité de tous nos membres. Chaque année, le week-end des Z’elles est un moment clé, où se mêlent œnotourisme, découverte du patrimoine et convivialité, dans un élan commun pour soutenir la restauration des pigeonniers et faire rayonner les vignobles du Sud-Ouest” poursuivent les deux responsables qui donnent rendez-vous à tous les vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 juin, à Montans dans le Tarn, pour la 9e édition du week-end des Z’Elles Gaillacoises (*).
Depuis sa création, l’association s’est donc engagée dans le projet de préserver un patrimoine architectural unique de la région, en se consacrant à la restauration des pigeonniers. Grâce à leur action, sept pigeonniers ont pu être rénovés à travers le terroir gaillacois (**).
Pour cette nouvelle édition du week-end des Z’elles, le pigeonnier autour duquel l’événement aura lieu et qui bénéficiera des fonds récoltés par l’association est situé à Montans chez monsieur et madame Stasiak. Ce pigeonnier date d’avant 1800 en raison de son architecture de type “Gaillacois” ayant été modifié au début du 19ème siècle. C’est un pigeonnier d’appellation courante de type “Pied de Mulet”, mais aussi “Type Toulousain”.
Au programme :apéro-concert, repas élaboré par un chef, randonnées, balades et exposition de voitures anciennes, dégustation de vins, conférence sur les pigeonniers et vente aux enchères. En détails : https://www.leszellesgaillacoises.fr/
Philippe MOURET
(*) https://www.leszellesgaillacoises.fr/
(**) Voici un aperçu des pigeonniers rénovés au fil du temps grâce aux week-ends œnotouristiques des Z’elles :
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Pigeonnier du Château Lastours à Lisle-sur-Tarn en 2016 : Le premier pigeonnier de la liste, classé Monument Historique, est construit en briques à doubles arcades (8 extérieures et 4 intérieures) et repose sur 9 piliers. Il dispose d’une tour carrée et a été restauré avec passion, permettant ainsi de préserver une précieuse époque du patrimoine local.
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Pigeonnier de la famille Zapata à Fayssac en 2017 : Situé au cœur du vignoble gaillacois, ce pigeonnier carré construit en pierres calcaires et disposant d’une belle hauteur avec une toiture 4 pans bas bordée par une triple génoise est accolé à la maison de la famille Zapata. Il a été restauré en 2017 par un artisan local, préservant ainsi son architecture d’origine et son charme historique.
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Pigeonnier de la famille Vincens à Brens en 2018 : Pour cette 3ème édition du week-end des Z’elles, c’est le pigeonnier de la famille Vincens, situé dans le village de Brens qui a été restauré. Il s’agit d’un pigeonnier sur 6 piliers en briques muni d’une toiture pyramidale avec une lucarne, l’ensemble étant surmonté d’un épi de faitage en zinc.
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Pigeonnier de Souel en 2019 : Pigeonnier de la famille Pagès à Labastide-de-Lévis en 2021 Pour la 5ème édition, l’association les Z’elles Gaillacoises a rénové ce pigeonnier sur arcades, muni d’une toiture 4 pans tronquée et surmontée d’un lanternon. Daté de 1695, il est construit en briques foraines.
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Pigeonnier de la famille Massoutier à Cadalen en 2022 : Pour la 6ème édition du week-end des Z’elles, l’association a restauré un pigeonnier sur piliers avec capels et chapiteaux. Il dispose d’une toiture 4 pans surmontée d’un lanternon avec un épi de faitage.
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Pigeonnier de la famille Nuyttens à Senouillac en 2023 : Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire accolé au corps de ferme. Le pigeonnier est muni d’une toiture à deux croupes dont la partie supérieure est ornée d’une frise en terre cuite. Les 4 angles du toit se trouvent bordés d’une très belle génoise protégeant ainsi les deux grilles d’envol percées de 10 orifices de passage pour les pigeons.
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Pigeonnier de la famille Albert à Gaillac en 2024 : Ce pigeonnier date d’avant 1800 en raison de son architecture de type « Gaillacois » ayant été modifié au début du 19ème siècle. Il se caractérise par sa toiture pyramidale bordée d’une génoise triple. L’ensemble du bâtiment est de type carré, avec trois niveaux intérieurs réservés aux pigeons.
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