Mèze s’apprête à expérimenter ce système, d’ici décembre, que quelque 150 villes ont déjà adopté dont Florensac, le Crès, le Grau-du-Roi, Valras-Plage, Narbonne, Perpignan… Les retours d’expérience sont flatteurs.
Il fallait l’inventer et surtout pour en équiper une rue, Garibaldi, au nom pourtant si révolutionnaire… Ni stationnement 100 % payant ni 100 % gratuit. Mais un mix des deux : la proposition de l’équipe municipale, à Mèze, c’est presque “le en même temps”, professé jadis par Macron.
Adjoint à la sécurité, à Mèze, qui y recourra dans une paire de semaines, Séraphin Parra, explique : “Dès le mois de décembre, nous allons mettre en place un premier horodateur d’un nouveau type : l’usager devra inscrire le numéro de plaque minéralogique de sa voiture stationnée sur l’horodateur ; il disposera de 1h30 le matin (de 9 heures à midi) de gratuité et autant l’après-midi (de 14 heures à 17 heures) s’il souhaite revenir se garer à cet endroit. Le système est actif du lundi 9 heures au dimanche 13 heures.”
Il n’y avait pas assez de rotations, en centre-ville de Mèze, notamment à cause d’incivilités venant d’habitués reculant l’heure limite de leur disque”
Séraphin Parra, adjoint à la sécurité
Au-delà de ce temps limité à 1h30, si une voiture est toujours stationnée au même endroit, c’est la prune assurée, pour autant que la police municipale le constate : 35 € l’infraction. Suffisamment dissuasif et bien plus efficace que la zone bleue dans laquelle pullulent les voitures-ventouses : car, avec le disque, il suffit de repousser régulièrement l’heure limite. “Il n’y avait pas assez de rotations, au centre-ville de Mèze, notamment à cause d’incivilités venant d’habitués reculant l’heure limite de leur disque”, confirme Séraphin Parra. La municipalité va donc expérimenter cette gratuité limitée par un horodateur sur 25 places. En dehors du centre-ville, le stationnement demeure, lui, gratuit dans tout Mèze.
Le Défenseur des Droits avait pointé des carences
Cette initiative remplace la traditionnelle zone bleue dont le but était de contribuer au dynamisme du commerce local et qui n’a pas convaincu. Cette possibilité d’un “forfait post-stationnement”, fixé par chaque municipalité, est assez nouvelle. Elle découle de la loi de 2018 sur le stationnement, même si le Défenseur des Droits, en 2020, avait pointé des carences. Mèze entre donc dans une phase de tests, y compris sur l’acceptabilité sociale de ce nouveau dispositif. Avant, peut-être de l’élargir à d’autres rues de son centre-ville.
Un confort pour l’usager qui peut aller sereinement dans les commerces de proximité sans avoir le risque de se faire verbaliser pendant le temps de la gratuité”
Yvon Marzin, de la société IEM
Le fabricant de ce genre d’horodateurs, IEM, basée en Haute-Savoie, assure que dans les communes où ce dispositif a été mis en place, il fonctionne. Son gérant, Yvon Marzin explique que la gratuité limitée par des horodateurs “est assez répandue, sans doute autour de 150 communes en France. En Occitanie, il cite les communes du Crès, du Grau-du-Roi, Mèze, Florensac (où il y a un peu le même système qu’à Mèze), Valras-Plage, Narbonne, Perpignan…”
Il complète : “Le dispositif fonctionne parce qu’il apporte un confort à l’usager qui peut aller sereinement dans les commerces de proximité sans avoir le risque de se faire verbaliser pendant le temps de la gratuité. Et cela permet un partage de l’espace puisque l’horodateur ne délivre qu’une gratuité par demi-journée à un seul et même numéro de plaque.” Est-ce aussi un confort pour les communes ? Certes, “il y a moins de personnels pour contrôler mais il faut toujours contrôler. Si vous ne contrôlez pas, ça ne fonctionne pas. Car la machine ne fait pas elle-même les PV, il faut une constatation de l’infraction. C’est d’un certain confort pour les agents de contrôle qui scannent juste les plaques pour savoir si le véhicule est ou non en infraction.”
“Quatre à cinq rotations par jour”
Quand on régule le stationnement juste par disque, “les véhicules restent toute la journée dans les trois-quarts des cas, affirme-t-il. Donc il y a très peu de rotations. Avec cette gratuité contrôlée, on enregistre quatre à cinq rotations par jour. Le gain est immédiat et au niveau de la fréquentation des commerces alentour. La nouvelle loi sur la dépénalisation du stationnement a été une bonne chose pour les communes.” Pour Mèze, Yvon Marzin estime que son horodateur a été choisi après appel d’offres “pour son prix peu élevé (5 000 € pièce) et pour son esthétique : il s’intègre bien dans son environnement, il effectue ses tâches rapidement”.
On connaît tous le fameux “petit train”, notamment ; ou ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, affirmaient aux gardiens que le ticket ne marchait…”
Au Grau-du-Roi, dans le Gard, la station-porte de la Camargue, on a aussi adopté les machines de la société IME. Et on a quelques années d’expérience sur le sujet pour dire que “cela fonctionne bien”. Stéphane Spalma, chef de service d’une ville forte d’un important attrait touristique, est chargé des parkings et des horodateurs.
“Nous avons implanté 56 machines de la société IEM. Nous avions anticipé sur la loi de 2018 et installé ces machines dès 2017. Il s’agissait pour nous de mieux gérer les rentrées d’argent et économiser nos coûts induits. Avant, nous avions des parkings avec barrières automatiques. Mais ce système fonctionnait mal et puis, il y avait des tricheurs. On connaît tous le fameux “petit train”, notamment ; ou ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, affirmaient aux gardiens que le ticket ne marchait pas et qui, pressés par la file d’attente, finissaient par se faire ouvrir les barrières…”
Grau-du-Roi : “Pass grauléen” pour les habitants
Selon Stéphane Spalma, ces horodateurs, qui offrent entre 30 minutes (en centre-ville) et deux heures de gratuité de stationnement, a permis davantage de rotations de véhicules, ce qui est important dans les zones touristiques comme celles du Seaquarium ou du centre commercial, ciblées. Pour les habitants, la commune a concocté un “pass grauléen” : “Les habitants peuvent demander une carte spéciale style carte bleue avec une puce et bénéficier de deux heures de stationnement par jour. Ils n’ont pas besoin dans ce cas de prendre un ticket et ces deux heures sont fractionnables…”
Au début, pendant les deux premiers mois, il y a eu beaucoup de verbalisations. Mais c’est fini. Depuis, des commerces ont même ouvert. Les habitants sont enchantés de ce dispositif”
Vincent Gaudy, maire de Florensac
À Florensac, rapporte Vincent Gaudy, le maire, “les commerçants avaient averti en 2008 : si vous ne faites rien, tout le monde va fermer boutique et on partira…” le premier magistrat explique la démarche : “Nous avons instauré quatre zones où chacun peut stationner une heure gratuitement”, sous le contrôle d’horodateurs. Théoriquement, chacun peut bénéficier au total de quatre heures de stationnement gratuites maximum le matin et autant l’après-midi. “On peut donc stationner à Florensac gratuitement, reprend Vincent Gaudy. Au début, pendant les deux premiers mois, il y a eu beaucoup de verbalisations. Mais c’est fini. Depuis, des commerces ont même ouvert. Les habitants sont enchantés de ce dispositif. En plus, les machines ne demandent pas trop d’entretien.”
“À Perpignan, la fréquentation est en hausse et qu’il y a une bonne rotation sur les places de stationnement”
À Perpignan, la municipalité RN a fait ce choix “dès après notre élection en octobre 2020 ; nous avions eu des remontées sur le stationnement qui était très complexe, notamment au centre-ville où nous avons posé des dizaines d’horodateurs”, rapporte Frédéric Guillaumon. Élu au commerce, au domaine public et aux mobilités, il explique qu’il n’y “avait pas assez de rotations”.
Le dispositif mis en place s’appuie sur un cycle de deux heures : “La première heure est payante, la seconde gratuite. Et si on revient prendre un ticket au bout de deux heures, on bénéficie du même cycle. avec gratuité à partir de 18 heures au lieu de 18h30 et le samedi matin, de quoi aller à la brocante et visiter ses commerces.” Trois zones ont été définies pour les trois tarifs. “Ce système est satisfaisant”, argue l’élu. “Malgré le manque à gagner de la seconde heure, nos recettes restent identiques. Cela signifie que la fréquentation est en hausse et qu’il y a une bonne rotation sur les places de stationnement.”
Deux cents villes équipées en France
Les horodateurs de IEM sont présents dans quelque deux cents villes en France – sur environ 9 000 villes équipées – et quelque 10 000 de leurs horodateurs ont déjà été installés. Le rythme moyen d’installation ? “Entre 1 000 et 1 500 machines par an, confie Yvon Marzin. D’une valeur de 5 000 €, hors taxes, l’horodateur est muni d’un panneau solaire, d’un système de “communication”, d’une imprimante intégrée et toute une partie de sécurisation de paiement.”
Olivier SCHLAMA
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