Découvertes : Cadène et Mocquet, deux lieux, deux artistes, deux expositions…

Image d'illustration. L'Occitanie offre tant d'occasions d'apprécier les artistes les plus varié ! Photo par Freepik

Au cœur du centre historique de Montauban, la galerie Art 27 propose une riche palette de talents et de couleurs, à la découverte des œuvres de peintres, sculpteurs et plasticiens contemporains. A Montpellier, la Fondation d’entreprise GGL a ouvert ses portes au public en 2021, au sein d’un bâtiment du XVIIe siècle, inscrit au titre des monuments historiques : l’Hôtel Richer de Belleval, situé place de la Canourgue. Ces deux lieux accueillent actuellement deux artistes hors des sentiers battus…

A l’occasion de ses 80 ans, Bernard Cadène, ancien publicitaire de renom et artiste-peintre, a publié son cinquième ouvrage, un livre haut en couleur rassemblant une sélection de toiles : “Bernard Cadène, 80 pinceaux.”

Un atelier qui ressemble à ses oeuvres

Bernard Cadène dans son atelier… Photo DR

Cette rétrospective célèbre la carrière du peintre qui ne cesse de créer dans son atelier, près de Toulouse (*), au rythme de morceaux de jazz qui influencent ses peintures. L’artiste (exposé dans plus de 15 galeries à travers le monde, dont le Japon et les Etats-Unis) a réalisé quelques 2000 œuvres.

Bernard Cadène prétend que la couleur est entrée en lui par effraction, prenant le contrôle de son imaginaire il y a de cela plus de trente années. Une fulgurance que l’artiste s’avoue incapable d’expliquer, laissant aux autres le soin d’analyser son sens inné de la couleur : “La couleur c’est la lumière, c’est la gaieté, la musique, les copains, c’est l’amour et l’humour, c’est toute ma vie”, confesse-t-il.

Il évolue dans un merveilleux capharnaüm, baigné de lumière et barbouillé de peinture du sol au plafond, qui donne l’impression d’avoir pénétré d’un bond dans l’une de ses œuvres. Bienvenue dans l’atelier de Bernard Cadène !

En passant sa porte, on est immédiatement projeté dans son univers, composé d’une multitude de couleurs et de phrases décalées avec lesquelles l’artiste joue : sur les murs, les plafonds, les objets… des phrases rédigées au fil ses de inspirations, telle que “Vive la liberté, surtout la mienne !”

“A l’époque la peinture ne nourrissait pas son homme…”

Bord de la Garonne et Saint Sernin – 120X120 – Une toile de Bernard Cadène

Amoureux du mouvement, c’est d’abord dans la publicité qu’il a projeté sa créativité débordante. Ainsi naît un studio de création publicitaire, pour raison alimentaire, précise-t-il. Il est producteur de plus de 200 films de pub dont “Tropico c’est trop”, “Lapeyre y’en a pas deux” ou encore “Vas-y Wasa !” Des slogans qui ont marqué leur époque : “A l’époque, la peinture ne nourrissait pas son homme, encore moins sa famille… Je suis donc tombé dans la Pub, puis l’audiovisuel. Mais je ne l’avais pas vraiment quittée…” dit-il.

Et pour le bonheur de ceux qui auront la bonne idée d’aller à Montauban, il l’a bien retrouvée. Regardez bien ses tableaux, comme un tourbillon au premier regard, puis qui peu à peu se révéle et nous explique ce qu’il a à dire… Stupéfiant !

Du 19 novembre au 25 décembre, il est donc à la Galerie Art 27 de Montauban (vernissage, imanche 19 novembre de 15h à 19h) autour de son livre : “80 pinceaux, c’est le livre de l’école buissonnière, de la joie et du retour à la source des couleurs primaires. A l’image de ces mélanges où la couleur est prémice de tous les bonheurs, j’ai voulu ces pages turbulentes, effrontément fantaisistes, moqueuses, rieuses et foncièrement hédonistes, du fantasque, de la musique un peu forte et même quelques frasques.”

Il exposera également à Toulouse au mois de mars 2024 à la Galerie In Arte Veritas.

La création contemporaine dans un écrin du XVIIe

A Montpellier, : l’Hôtel Richer de Belleval regorge de décors anciens et de surprises architecturales ; fontaine, bustes en pierre, sculptures, escaliers à vis, fresques XVIIe, voûtes de différentes époques rythment la composition de ce palais labyrinthique…

Acquis en 2017 par des investisseurs privés, il a été restauré par l’Atelier d’Architecture Philippe Prost pour accueillir un hôtel cinq étoiles de 20 chambres, membre du groupe Relais & Châteaux, ainsi qu’une fondation d’art dédiée à l’art contemporain : la Fondation GGL.

Cette fondation d’entreprise a pour objet d’encourager la création contemporaine et de valoriser le dialogue entre art et patrimoine en investissant l’hôtel particulier
par des interventions artistiques monumentales et pérennes et en proposant régulièrement des expositions temporaires et des événeents culturels.

Aujourd’hui sous la direction artistique de Richard Leydier, la Fondation GGL convie Marlène Mocquet, pour une toute nouvelle exposition temporaire. Après quatres premières expositions d’artistes de renom (Jim Dine, Claude Viallat, Tadashi Kawamata et Olympe Racana-Weiler).

Marlène Mocquet au coeur de ses oeuvres… “Diiférent parfois, Libre toujours” Photo DR

Sculptrice, peintre et plasticienne, l’artiste “n’a de cesse de repousser les limites de sa créativité à travers l’exploration audacieuse de divers matériaux et techniques. Sa capacité à marier la céramique, la peinture, le dessin et l’installation, lui permet de créer des œuvres puissantes, fruits d’une véritable maîtrise et alchimie créative”, souligne l’organisation.

Une exposition, comme une toile en trois dimensions

Conçue spécialement pour la Fondation GGL, l’exposition “Différent Parfois, Libre toujours” est un hommage aux hommes qui ont rendu ses lettres de noblesse à l’Hôtel Richer de Belleval. Entre peintures, sculptures et installation, Marlène Mocquet “réinvente et s’approprie avec maestria l’espace d’exposition, conçue telle une toile en trois dimensions qui invite, dès l’instant où l’on franchit la porte, à découvrir un monde où la matière prend vie, où l’imaginaire rencontre la réalité…”

Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, l’artiste s’est fait connaître par ses toiles et sculptures (céramiques) qui composent “un univers singulier et foisonnant. On dit qu’il y a du surréalisme et du conte dans le bestiaire
merveilleux de Marlène Mocquet. Ses créatures hybrides et ambivalentes, tantôt menaçantes, tantôt joyeuses, évoquent à la fois la naïveté de l’enfance et un monde plus sombre et inquiétant…”

Horaires : du mardi au samedi de 14h à 18h. Accès libre. Tarifs visites guidées : Plein tarif : 8 euros; Tarifs réduits : 5 euros (étudiants, demandeurs d’emplois, -26 ans); Gratuit : pour les enfants de 10 ans inclus. Durée une heure; Horaires 15h à 16h, de 16h à 17h et de 17h à 18h. Réservation des visites uniquement sur le site internet de la Fondation.

Philippe MOURET

(*) Bernard Cadène, né le 9 septembre 1942, d’origine Aveyronnaise, est un artiste peintre, sculpteur, et publicitaire français qui vit à côté de Toulouse. Petit-fils d’un chef de musique de l’Aveyron, fils d’un accordéoniste et d’une mère professeur de collège en arts ménagers, il est élevé à Albi puis à Toulouse. Ses parents veulent faire de lui un comptable mais déjà inspiré par la tradition familiale, il se passionne pour la musique et de manière plus personnelle, pour la peinture. Ainsi, il étudie le violon pendant douze ans puis la contrebasse, et en 1961, il rejoint les Beaux-Arts de Toulouse. Le jour il étudie, la nuit il est musicien dans divers orchestres. Cette passion du jazz l’amènera plus tard à cocréer, le Festival Jazz en Comminges.

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