Semaine de l’emploi maritime : “L’économie bleue, un gisement de postes…”

arnaud brasseur Arnaud Brasseur, chargé du projet de Port-la-Nouvelle expliquait en 2019 à Dis-Leur que les "travaux qui vont démarrer dans ce port dureront un an pour que l'on puisse assembler les premiers flotteurs d'éoliennes au milieu de l'année 2020. Ce sont des "colis très lourds" qui nécessitent des installations très particulières et très résistantes." La Nouvelle intéresse a priori les porteurs de projets qui recherchent un port près des installations offshore, un secteur en expansion. Photo : Olivier SCHLAMA

La filière est en plein essor, y compris en Méditerranée pour la grande plaisance. Et les besoins en emploi progressent fortement, grâce à l’apport de nombreux nouveaux métiers. L’économie maritime mondiale pourrait représenter 40 millions d’emplois d’ici 2030. Avec le deuxième plus grand domaine maritime au monde (plus de 10 millions de kilomètres carrés), la France dispose d’un formidable potentiel de développement.

La 5e édition de la semaine de l’emploi maritime commence le 29 mars prochain et déjà plus de 600 offres sont accessibles sur le site mis en route exprès ! Lors de ces quelques jours par an où toute la filière se mobilise, des lycées maritimes en passant par le secrétariat d’Etat à la Mer jusqu’à Pôle emploi, vous pourrez assister à une série de conférences dématérialisées sur l’économie bleue ; des informations sur les formations… Le tout, via un écran d’ordinateur.

90 000 embauches dans 900 métiers différents

Thierry Lemerle, directeur régional Pôle Emploi. DR

L’économie maritime est composée de cinq filières (transports, pêche, industrie et construction navale, télécommunications et ressources énergétiques) et de cinq filières émergentes dont le tourisme, les ressources minérales, les biotechnologies, les énergies renouvelables et l’aquaculture). Sans oublier des secteurs transverses (environnement, formation, numérique, services…) “L’économie maritime est un atout majeur avec 470 000 salariés ; 60 000 entreprises qui procèdent à quelque 90 000 embauches par an ; 900 métiers différents et 70 000 formations pour demandeurs d’emplois” : Thierry Lemerle, directeur régional Pôle emploi a dessiné les contours de l’économie maritime de la France, deuxième nation maritime au monde.

Constructions navales, pêche, services nautiques, transformation des produits de la mer, éoliennes, travaux off shore, numérisation des activités… “Nous vivons une vraie révolution des métiers. Tous intègrent la dimension numérique et le souci du développement durable. Le port de Marseille, par exemple, essaie d’électrifier tous ses quais pour éviter que les bateaux ne laissent leur moteur polluant tourner.” C’est le cas également à Sète de la part de la Région Occitanie.

En Méditerranée, il y a un développement souvent minoré, celui des yachts de personnes richissimes ; c’est un secteur qui est en tension et en plein développement économique”

Au niveau national, câbliers – sait-on que l’ensemble de nos télécommunications, internet compris, passent par des câbles sous-marins ? – chef de cuisine, ingénieurs… sont des métiers “en tension”, très recherchés. Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du cluster français, qui réunit l’ensemble des entreprises du secteur, a pointé : “En Méditerranée, il y a un développement souvent minoré, celui de la grande plaisance, des yachts qui appartiennent à des personnes richissimes. C’est un secteur qui est en tension et en plein développement économique. Cela va de la conduite de bateaux à l’entretien et les services associés…”

“La reprise du yachting sera extrêmement vigoureuse”

Innauguration du Quai H, port commercial de Séte sud de france, par Carole Delga, Marc Chevallier, et le préfet. Ph P.M.

“Le tout, rayonne sur l’économie littorale. Suer les prestations et les services, y compris hôteliers. Il y a un gisement d’emploi important.” Il a aussi cité les emplois “dans les ports de plaisance”. Quant au yachting, l’activité a certes énormément été impactée depuis un an. En même temps, entre mai et octobre 2020, on a connu une activité extrêmement importante dans la plaisance, la location de bateaux… La reprise sera extrêmement vigoureuse.”

Il a ajouté : “C’est un moment important. Le ministère de la Mer a lancé une grande consultation appelée le Fontenoy dont le but est  promouvoir le pavillon Français et l’économie bleue avec pour but de créer plus 500 emplois en 2021 et plus 5 000 emplois en 2030. La France arrive de plus en plus et de mieux en mieux à prendre son destin en main.”

“Un chaudronnier fraîchement diplômé ne travaillera plus de la même manière qu’il y a 30 ans. Il travaillerait dans une chaudronnerie nucléaire sans doute…”

Denis Robin, secrétaire général à la Mer

Pour Denis Robin, secrétaire général à la Mer, une fonction rattachée au cabinet du Premier ministre, il a lui aussi a évoqué, lui aussi, le potentiel entrevu pour l’avenir : “C’est un moment capital. De nombreux métiers sont en tension.” Et de préciser, en substance, que les temps changent : “Un chaudronnier fraîchement diplômé ne travaillera plus de la même manière qu’il y a 30 ans. Il travaillerait dans une chaudronnerie nucléaire sans doute…”

Sète, son port de commerce, son port de pêche et son lycée maritime. Photo : Olivier SCHLAMA.

La construction navale d’antan, avec son image vieillotte, “c’est complètement terminé. Cette industrie comme les autres sont complètement investies dans le 21e siècle.” D’autre part, ces “industries classiques ne sont plus les seules existantes. Il y a un tas de nouveaux métiers dans le numérique ; dans la protection de l’environnement ; la planification d’activités… On recherche des informaticiens de haute performance, des biologistes, des ingénieurs, des urbanistes… Des tas de métiers nouveaux…” Enfin, le secrétaire général à la Mer a souligné que le monde maritime est en train d’être “bouleversé par un phénomène, celui de l’émergence des start-up”, dont il a souligné “l’agilité” et “l’ingéniosité”. Terminant son propos sur l’importance de “mobiliser les jeunes”.

“Le rôle de la mer et des océans sera de plus en plus important. Avec l’exploitation des ressources sous-marines, des grands fonds, de molécules d’avenir pour la médecine, de nouvelles ressources pour le numérique, l’électronique… C’est aussi un enjeu capital pour la régulation du climat et la vie de nos sociétés. Ce n’est pas l’affaire d’une année mais d’une génération.”

Olivier SCHLAMA

Photographie de la filière maritime :

  • Le top 3 de l’emploi salarié de la filière (hors tourisme), en 2019 ? Les services portuaires et nautiques (41 %), Travaux en mer (19 %), construction et maintenance navale (18 %). Celui des embauches, en 2020 :  les services portuaires et nautiques (56 %), pêches et cultures marines (21 %) et 6 % pour la transformation des produits de la mer.
  • Les métiers les plus recherchés au niveau national : soudage manuel, maintenance électrique, chaudronnerie-tôlerie, management et ingénierie études, recherche et développement industriel, maintenance mécanique industrielle, réalisation et montage en tuyauterie, réalisation – Installation d’ossatures bois, peinture industrielle, conduite de grue, poissonnerie.
  • Les activités économiques en lien avec le secteur maritime et fluvial sont en plein essor et les besoins en emploi et compétences progressent fortement. L’économie maritime mondiale pourrait représenter 3 000 milliards de dollars et 40 millions d’emplois d’ici 2030, selon un rapport de l’OCDE. Avec le deuxième plus grand domaine maritime au monde (plus de 10 millions de kilomètres carrés), la France dispose d’un potentiel de développement économique majeur.
  • Poids économique. L’évaluation économique du poids du secteur maritime est complexe. Une étude réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) pour la Fondation de la Mer avance toutefois que l’espace maritime français, le 2ème au niveau mondial, générerait l’équivalent de 14 % de notre PIB, soit près de 270 milliards d’euros par an. Le secteur de la mer pèserait ainsi près de trois fois plus que le secteur automobile et plus de cinq fois plus que le secteur aéronautique. En 2019, le secteur maritime et fluvial employait près de 471 000 salariés, hors personnels militaires, dans plus de 58 000 structures.
  • Le tourisme reste incontestablement l’activité qui génère le plus de valeur ajoutée. Un potentiel reste encore à exploiter, notamment via le soutien des secteurs d’avenir (biotechnologies, énergies renouvelables, etc.) ou l’accompagnement de la transformation des activités « historiques » (ports, construction navale, filière pêche, etc.) Cependant, les prévisions d’ensemble sont optimistes. En 2020, hors tourisme, 123 000 embauches ont ainsi été enregistrées au sein de la filière mer.

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