Vacances : Les touristes qui partent en France ont le porte-monnaie en berne

Le soleil et la mer, un rêve de vacances pour plus de la moitié des Français. Photo (archive) Laurent LACOMBE - OT d'Argelès-sur Mer

Seulement 24,1 millions de Français sur 31,3 millions qui partiront en vacances cet été s’offriront un séjour dans un hébergement payant, camping, hôtel… Un chiffre en nette hausse de 1,3 million. Le budget hébergement baisse de 7 %, pour ceux qui restent en France, à 1 725 €, soit 140 € de moins qu’en 2023. Inflation et coût du logement rendent les vacances très onéreuses.  Deux-tiers des vacanciers indiquent avoir réalisé des arbitrages avec d’autres dépenses de la vie quotidienne.

Les vacances d’été débutent entre deux avanies : la météo plus que capricieuse et les législatives plus qu’angoissantes. C’est le moment choisi par Didier Arino, fondateur du cabinet spécialisé Protourisme de dresser un état des lieux dans un “contexte d’inflation et chamboulé par l’actualité”. Pour le moins.

Il dit s’appuyant sur une étude en plusieurs étapes notamment grâce à un institut de sondage : “Certes, 31,3 millions de Français envisagent de partir en vacances en juillet-août, soit 200 000 de moins qu’en 2023 mais avec 1,3 million de plus de Français cette année qui renoncent à s’offrir un hébergement payant pour leurs vacances d’été.” Didier Arino précise : “En 2024, seulement 24,1 millions de Français s’offriront un séjour dans un hébergement payant (dans un camping, un hôtel, une location de meublés ou un village de vacances) soit 36 % des Français et 74 % des partants de l’été, contre 25,4 millions l’an dernier (38 % des Français et 75 % des partants).”

Habitants des zones rurales, villes périphériques…

Didier Arino. Photo : DR.

Parmi ceux qui renoncent le plus à s’offrir un hébergement payant on retrouve les habitants des zones rurales, des villes périphériques des grandes agglomérations, des petites villes tandis que le taux de départ des habitants des métropoles reste stable comme Montpellier et Toulouse. Voire en hausse pour certaines telles que Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes, Strasbourg. L’écart des taux de départ atteint d’ailleurs 10 points cette année contre 7 points l’an passé entre les habitants des grandes agglomérations et des petites villes ou villes moyennes 52 % contre 42 % de taux de départ en juillet-août cet été 2024, contre 51 % et 44 % l’été 2023.

Artisans, commerçants, agriculteurs et salariés ayant des revenus compris entre 1 et 1,6 fois le Smic

Les plus touchés par la baisse du budget vacances (on parle de vacances à partir de quatre nuitées d’affilée) cette année sont les artisans et les commerçants, les agriculteurs et les salariés ayant des revenus compris entre 1 et 1,6 fois le Smic. Le décalage des taux de départ entre les salariés des grandes entreprises, du secteur public et les salariés des TPE, les indépendants s’accroît fortement passant de 9 points l’an dernier à 12 points cette année (52 % contre 40 % en 2024, c’était 52 % contre 43 % en 2023).

Dix millions de vacanciers partiront à l’étranger cet été

Une fois ce constat effectué, l’étude de Protourisme indique que “10 millions de vacanciers partiront à l’étranger en juillet-août en privilégiant les destinations soleil
Si les Français seront moins nombreux à partir en vacances en France, 500 000 de plus vont choisir l’étranger pour leurs vacances d’été. 10 millions de Français choisissent en effet des vacances hors de nos frontières au bénéfice des destinations de la Méditerranée, avec ; en tête de liste l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Maghreb, mais également une progression des départs vers nos voisins européens et vers l’Asie.”

Si 40 % des vacanciers franciliens envisagent un séjour à l’étranger cet été (+5 points versus 2023) et 36 % des habitants des grandes agglomérations (+4 points), ils ne sont qu’un peu plus de 20 % des habitants des villes moyennes et des petites villes (-3 points) à envisager de partir hors des frontières hexagonales.

Budget en hausse pour ceux qui partent à l’étranger

Il en résulte un budget en baisse de 7 % pour ceux partent en France et en hausse de 6 % pour ceux qui partent à l’étranger. Le budget des séjours en hébergement marchand s’élève à 2 262 € avec cependant de très fortes disparités entre ceux qui choisissent des vacances en dehors de l’Hexagone dont le budget augmente de 6 % pour atteindre un chiffre record de 3 730 € par foyer (soit 215 € de plus qu’en 2023) et ceux qui resteront en France dont le budget est en moyenne de 1 725 € en baisse de 7 % (soit 140 € de moins qu’en 2023).

34 % des vacanciers ont un budget vacances en baisse

La Maison Carrée de Nîmes, ph. Nîmes-tourisme – Spl Agate.

Le budget vacances des Français victime de l’augmentation des charges contraintes et de l’inflation. C’est ce qu’indique aussi cette étude : 34 % des vacanciers disent avoir un budget vacances en baisse et seulement 10 % affirment avoir un budget en hausse, tandis que 56 % disent consacrer un budget équivalent à l’an passé pour les vacances d’été. Deux-tiers des vacanciers indiquent avoir réalisé des arbitrages avec d’autres dépenses de la vie quotidienne pour s’offrir des vacances d’été en réduisant le budget restaurant, le shopping et 50 % les sorties payantes de loisirs ou culturelles.

Pour les 34 % des vacanciers ayant un budget en baisse, les arbitrages pour les vacances se font en partant moins souvent à 46 %, en réduisant les dépenses de restauration à 40 %, en partant moins longtemps à 36 %, en partant moins loin à 33 %, en attendant les promotions et les bons plans pour 23 %.

Et encore : 22 % des foyers partants en vacances cet été disent consacrer un budget inférieur à 1 000 € ; 30% un budget compris entre 1 000 € et 2 000 €, 20 % un budget entre 2 000 € et 3 000€ et 28 % un budget supérieur à 3000 €.

Jamais les écarts de taux de départ n’ont été aussi forts entre une France modeste, rurale ou périphérique et une France urbaine de centre-ville, de cadres de grandes entreprises et de la fonction publique”

“Jamais les écarts de taux de départ n’ont été aussi forts entre une France modeste, rurale ou périphérique et une France urbaine de centre-ville, de cadres de grandes entreprises et de la fonction publique. Après avoir puisé dans leurs économies les années précédentes, la majorité des Français a beaucoup de mal à accroître son budget vacances, ce qui rend donc compliquée l’adéquation entre le désir de vacances et les prix pratiqués par les opérateurs.”

La Grande-Motte. Office du tourisme de la Grande-Motte

À noter que “près d’un quart des vacanciers n’avait toujours pas réservé son séjour estival notamment dans l’attente des promotions à un mois du départ. Si le mois d’août est quasiment autant plébiscité que l’an dernier avec 22,6 millions de partants (23 millions en 2023), le mois de juillet accuse une forte baisse avec 1,8 millions de partants en moins soit 17,2 millions de partants (contre 18,8 l’an passé). Les régions les plus impactées par la baisse du mois de juillet sont celles au nord de la Loire, les destinations rurales et de montagne”. Et qu’a priori “il n’y aura pas de touristes français en masse aux JO, à Paris ; nous l’aurions constaté dans notre étude”. Le mois de septembre devrait être bon avec tous ceux qui – policiers, agents SNCF, etc. – n’auront pas pu partir cet été, à cause des contraintes notamment celles liées aux JO. Un report sur l’automne bienvenu, avec des prix moins onéreux.

Olivier SCHLAMA