L’ancien sportif de haut niveau y a vécu le coup de foudre pour Grace Laughlin, sa compagne de chanteuse, avec qui il a un fils, et ouvert une pension classieuse au bord du lagon de Tahaa avec vue imprenable sur Bora Bora…
Au coeur de l’océan Pacifique, celui de la démesure, l’Audois Mathieu Griffi, né à Carcassonne il y a 42 ans, a trouvé pleinement sa place en plein coeur du Pacifique. En Polynésie, poissons, mérous, thons et autres requins font leur poids. Lui aussi impressionne, par son accueil bienveillant, d’abord. “Ia orana” (bonjour) ; “mauruuru” (merci) ; “tam’a maita’i” (bon appétit)… qu’il dit parfaitement en Polynésien mais avec un accent trainant bien de chez nous. Et, bien sûr, sa carrure.
Airs accueillants d’un Jean-Marc Barr des tropiques

“Le Géant” : le matelot du bateau-taxi entre Tahaa, l’île-vanille, et Raitea, l’île sacrée, l’a baptisé ainsi, même si Mathieu Griffi ne mesure “que” 1,87 mètre et que de nombreux locaux sont tout aussi imposants que lui. Voire davantage. On les surnomme, d’ailleurs, “les deux sur deux”. En mètres. Lui, à Tahaa, c’est “Le Géant”. Que voulez-vous, fallait bien l’affubler. Peut-être davantage pour son corps parfaitement sculpté, crossfit, pêche sous-marine et raids comme le connu XTerra de Moorea, dans la nature et même Va’a (pirogue sportive qui essore grave !) l’y aident davantage que pour sa taille. Et puis, l’ancien treiziste a l’habitude de ce qu’il faut prendre ici comme une flatterie bien placée. Grâce rasé, il propose des airs doux et accueillants d’un Jean-Marc Barr des tropiques, qui fut l’idole de la génération Grand Bleu.
Un jardin de corail précède des tombants aux eaux marbrées et poissonneuses

Ici, le grand bleu, c’est chaque soir et chaque matin. Le sunset y est sublime ; le lever du soleil affiche une couleur toujours vanillé. Mathieu Griffi, que sa carrière de rugbyman avait surnommé à son époque La Griffe, s’est établi au bord du lagon de Tahaa, avec sa compagne, chanteuse reconnue, issue d’une famille d’artistes, Grace Laughlin, avec qui il a eu Toamana, deux ans et demi.
Devant sa maison, un platier et un jardin de corail précèdent des tombants aux eaux marbrées et poissonneuses. Et, en surface, un paysage à couper le souffle sur Bora Bora, “la première née” des 118 îles polynésiennes habitées. Mathieu gère une pension classieuse avec des fare (maisons) de style balinais en bois bankirai, Le Moana Beach, qu’il a ouverte en 2017. Après deux années covid difficiles, il a vu son activité se pérenniser. Et la réputation d’une pension très bien tenue, appréciée, se populariser.
Narbonne, Salses, Pia, Perpignan, Toulouse
Tout commence à ses 14 ans pour Mathieu Griffi, né d’un père policier et d’une mère cadre à la tour de contrôle de l’aéroport de Carcassonne. Dans la ville aux remparts classés à l’Unesco comme dans l’Aude tout entière, le rugby à XIII est une institution. La marmite culturo-sportive fait le reste. “C’est un copain qui m’a amené au XIII naturellement”, se remémore Mathieu Griffi. “Avant je tâtais du foot comme l’avait fait mon père dans notre village de Cazilhac.” Mathieu, le déjà costaud, se fait remarquer avec son quintal à 16 ans (contre 105 kg aujourd’hui). Il file ensuite en section treiziste sport-études, à Carcassonne, avant une parenthèse de rugby à XV à 18 ans. Talonneur, seconde ligne : du Racing de Narbonne à Salses 13, etc. (avec son ami William Paillès) ; Lézignan ; Pia ; Perpignan et même Toulouse… Toutes les Mecque de l’ovalie version 13. Il est aussi retenu comme international. L’expérience dure six ans.

Arrive le moment de la reconversion. Il devient commercial en bonbons de la société Fimar-Marty auprès des bureaux de tabac notamment. Expérience enrichissante mais ce n’est pas une vocation. “Et puis en France, claque-t-il, on subit un racket fiscal de toutes parts”, dit-il. Avec un caractère “entier“, Mathieu Griffi commence à regarder par-dessus l’horizon. Professionnel, géographique et personnel. Tahaa va réunir ses trois lignes de vie qui correspondent parfaitement à son for intérieur : “C’est une île authentique, à l’écart du tourisme de masse ; les habitants sont accueillants et souriants. Pas comme à Papeete, la capitale. Le fait aussi qu’il n’y ait pas d’aéroport à Tahaa maintient cette destination un peu à l’écart ; il faut le vouloir pour venir jusqu’ici.” Et ce, même si l’île est très bien desservie, notamment en bateaux-taxi (15 minutes) jusqu’à Raiatea où se trouve un bel aéroport.
“Tahaa est authentique ; le cadre de vie y est fabuleux…”
“Tahaa est authentique, redit-il écarquillant les yeux ; le cadre de vie y est fabuleux…” Mathieu Griffi n’est pas arrivé là totalement par hasard. “Venir en vacances est une chose, vivre le quotidien ici en est une autre. Le conseil majeur que je donnerais à un volontaire à l’expatriation, c’est de venir quelques mois en totale immersion…” Titulaire du BNSSA (brevet de premier niveau pour encadrer activités nautiques et natation), Mathieu Griffi avait imaginé proposer quelque chose dans ce domaine. Avant de se raviser.
Et puis, la vie, même sur une île préservée y est très chère ; la météo peut y être épuisante surtout quand souffle le Mara’mu, le mistral local, ou quand la moiteur se fait pénétrante ou encore que la pluie se fait diluvienne. Et si l’on est un indécrottable citadin, faut passer son chemin : pas de ciné ni d’activités indoor (lire notre dossier ICI) comme en métropole. En revanche, c’est aussi le paradis pour la plongée, la nature si puissante et révélatrice… Pour peu que l’on ressente le mana, la force sacrée et invisible de ce peuple…
“Ici, ce n’est pas la société de consommation !”

Lui, avant de faire partie du décor, il s’était fait passe-muraille. D’abord bien observer ; se faire accepter… “Je suis venu avec mes parents une première fois, rembobine Mathieu Griffi ; faut dire que ma soeur, amoureuse de l’endroit, était déjà installée à Tahaa comme orthophoniste. Puis, j’ai eu l’occasion d’acheter un terrain en bord de lagon…” Une rareté au pays de l’indivision. Il y a bâti une volée d’habitations à louer. Il loue aussi, ici, “les gens sont gentils et agréables pas comme à Bora où c’est business avant tout… Tahaa, ce n’est pas la société de consommation ! Les boutiques, les grands restos, le ciné, le théâtre, faut oublier.” Ses amis viennent lui rendre visite jusqu’ici. Lui, en famille, part en vacances aux USA, en Nouvelle-Zélande…
“La Polynésie ne va pas trop évoluer ; il n’y aura pas de tourisme de masse”
Que lui a apporté sa vie d’avant, en métropole ? Il répond du tac-au-tac : “L’hygiène de vie. J’ai eu la chance d’avoir été sportif de haut niveau, dit-il. Ici, c’est malbouffe partout ; du sucre à profusion {même les boissons sont cinq fois plus sucrées !, Ndlr} ; des sodas à tous les repas ; beaucoup de gâteaux… Nous, ici, nous mangeons équilibré et à l’occidentale.” Pour continuer dans cette veine, Mathieu Griffi confie qu’en septembre il fera en famille un périple en Occitanie – avec une halte attendue aux Grands Buffets, à Narbonne, restaurant unique que Dis-Leur vous a narré ICI !
De Perpignan, Narbonne, puis, Barcelone, et Marbella (“Ce que j’aimais quand j’étais plus jeune !”) Puis, Tanger et Marrakech. Quatre semaines au total. Mathieu ajoute aussi que sa vie en métropole lui a également appris les valeurs du sport. “Quand je m’engage, je m’engage à 200 %. Parfois, confie-t-il encore, je peux être déçu par des gens. Alors, ici, rester en famille me convient bien…” Que deviendra la Polynésie demain ? “Je pense qu’elle ne va pas trop évoluer ; il n’y aura pas de tourisme de masse.”
“Beaucoup d’effort, y compris pour le bien de Grace”
Il n’y a pas de hasard : il y a cinq ans, Mathieu Griffi a rencontré sa compagne à l’aéroport de Tahiti, à Papeete ! “Grace, qui propose elle aussi maintenant des locations, ramenait ses neveux à Tahaa que je connaissais ; je leur ai dit bonjour et… ça a été le coup de foudre…!” La Polynésie apporte à Mathieu Griffi un supplément d’âme. “Bien sûr que le rugby me manque, entre autres choses, mais ici j’ai trouvé un cadre de vie apaisé, sans stress. Je suis à l’origine un latin quelque peu explosif et j’ai fait beaucoup d’effort, y compris pour le bien de Grace.”
De notre envoyé spécial à Tahaa, Olivier SCHLAMA

