Pas moins de 660 artistes ouvrent leurs ateliers gratuitement au public, un peu partout dans treize départements, dans une semaine, les 14 et 15 octobre. Pour la 6e année consécutive, la Région Occitanie, deuxième en France pour le nombre d’artistes, organise les Journées des ateliers d’artistes, “un succès qui ne se dément pas”, qualifie Claire Fita, vice-présidente.

Dans le milieu de l’art, il y en a pour tout les goûts. Et c’est ce qui génère un pouvoir d’attraction à nul autre pareil. En Occitanie, les artistes sont partout et il y a des Mozart même qui s’ignorent dit-on, si, si. Certains, parmi les centaines de ses représentants, connaîtront peut-être l’ascension fulgurante du très jeune et très parisien Pol Taburet, pas même 30 ans et déjà coqueluche du Tout-Paris qui lui-même a eu besoin de tremplins et autres galeries pour se faire connaître. La presque-star voit ses prix s’envoler dans ce secteur avide de chair et de peintres frais. L’Occitanie a ses propres maîtres inégalés et ses galeries d’artistes plus modestes néanmoins intéressants qui ne demandent qu’à rencontrer son public.

Assister à l’art en train de se faire chez des plasticiens, sculpteurs, peintres, dessinateurs, performeurs…

On ne parle pas là de l’intouchable Soulages, par exemple, mais d’artistes à la carrière en devenir certain. C’est ainsi que l’on peut se promener, comme un pinceau sur la toile, dans l’un de ces 582 ateliers individuels ou collectifs et résidences d’artistes qui seront ouverts gratuitement au public pour cette occasion. Plasticiens, sculpteurs, peintres, dessinateurs, performeurs, vidéastes, photographes et graffeurs partageront aux curieux et aux amateurs les secrets de l’art en train de se faire. L’événement s’étend sur deux jours pour permettre au plus grand nombre de découvrir près de chez soi des savoir-faire exceptionnels, d’observer les techniques de création artistique, voire d’acquérir des œuvres originales.

Cette année, 660 artistes – volontaires – répartis sur 276 communes inviteront les habitants à pousser les portes de leurs lieux de travail lors des Journées des Ateliers d’Artistes d’Occitanie qui cette année se conjuguent au pluriel : sur deux jours, les 14 et 15 octobre. Pendant que les feuilles mortes tombent, s’élèvent les jolis tableaux… A découvrir ici la carte interactive.

Soutenir la création et à démocratiser l’accès à l’art

C’est la sixième année consécutive pour ces Journées des ateliers d’artistes d’Occitanie. Face à l’engouement des éditions précédentes, l’événement se déroulera cette année sur deux jours, les samedi 14 et dimanche 15 octobre, dans les treize départements du territoire. Organisées chaque année depuis 2018 à l’initiative de la Région Occitanie, ces Journées visent à renforcer la visibilité des artistes de la région, à soutenir la création contemporaine et à démocratiser l’accès à l’art et à la culture sur tout le territoire, aussi bien en milieu urbain que rural.

“Démocratiser l’art près de chez soi, goûter à la culture”

Claire Fita tire un bilan “très positif” de ces Journées “qui se confirme année après année. Avec 660 artistes participants cette année contre 558 artistes sur 255 communes et près de 20 000 visiteurs l’année dernière. Qui étaient venus découvrir leurs métiers et leurs univers”, précise Claire Fita, vice-présidente de la Région Occitanie. “L’initiative de soutien et de visibilité, nous l’avions prise lors du précédent mandat après avoir concerté les artistes. Nous avions une vraie préoccupation sur l’art contemporain avec ce vivier de talents. Et nous connaissons toutes leurs difficultés à en vivre. Et nous voulions arriver aussi démocratiser l’art près de chez soi ; goûter ainsi à la culture. Il y a de véritables artistes tout autour de nous. Et le fait d’aller dans les ateliers d’artistes.” Des artistes qui sont aussi inscrits dans des métiers d’art. La frontière est ténue. Claire Fita confirme.“Parfois, cela va de pair. On a beaucoup d’artistes, par exemple, dans la céramique, qui sont des métiers d’art.”

“De plus en plus d’artistes du spectacle vivant qui se produisent dans des ateliers collectifs d’autres arts”

Elle ajoute : “Quand l’on dit art contemporain, on pense tout de suite, peintre, plasticien, sculpteur mais il y a aussi de plus en plus d’artistes du spectacle vivant qui se produisent dans des ateliers collectifs d’autres arts. On peut avoir, par exemple, des plasticiens avec des artistes du spectacle vivant. On vit une évolution qui va de p lus en plus vers l’hybridation ; vers un décloisonnement esthétique. On peut trouver un musée où l’on va assister à une pièce de théâtre dont le but est d’animer et de mieux s’approprier un patrimoine ; on trouve de l’art contemporain qui vient compléter un concert...” Ce qui est important, rappelle Claire Fita, c’est que dans le détail, on trouve, au-delà des passionnés – dont elle fait partie avec Carole Delga – beaucoup de voisins de ces ateliers d’artistes, ce qui signifie que le but de l’art de proximité est atteint ! “Et c’est aussi ces journées-là, une animation touristique qui n’est pas négligeable”.

“L’important, la proximité qu’elles offrent”

Et depuis 2018, ces Journées “c’est devenu un événement incontournable. Ce qui est important, c’est la proximité qu’elles offrent”, dit-elle. “Cet événement, que nous soutenons depuis le précédent mandat, véhicule des valeurs de partage, de transmission et de convivialité.” Ce qui fait dire à la présidente de la Région, Carole Delga : “Ces journées participent au rayonnement culturel de la Région et s’inscrivent dans l’ambition régionale de rendre l’art et la culture accessibles partout et pour tous en Occitanie.”

“C’est un enjeu d’émancipation et un enjeu démocratique. Faire société, c’est partager des émotions, de la réflexion”

“Hors Ile-de-France, la Région Occitanie est la deuxième en France en nombre d’artistes-auteurs, après Paca. C’est également la deuxième région qui compte le plus de centres d’art sur son territoire”, précise Claire Fita. Cette année, 135 000 euros ont été mobilisés pour soutenir les artistes d’Occitanie (aide à la production d’œuvres d’art et de livres). Cet accès à la culture est “important“, juge Claire Fita. “C’est essentiel de démocratiser l’accès à la culture. En région, nous sommes convaincus, Carole Delga en premier, que les deux piliers sont l’éducation et la culture pour un projet émancipateur de notre société et de notre jeunesse.”

“Défi perpétuel d’interroger la société”

“Il ne peut pas y avoir de liberté, d’égalité, de fraternité sans artistes, sans spectacles, sans la provocation ou le fait d’être bousculés par quelque chose que l’on ne connaît pas. Qui peut nous déranger mais, surtout, éveiller notre esprit critique, proclame Claire Fita. C’est un enjeu d’émancipation et un enjeu démocratique. Faire société, c’est partager des émotions, la réflexion.”

“Dans l’art contemporain, il y a ce défi perpétuel d’interroger la société. La critiquer. Personnellement, je suis attirée par ces associations comme le street art, dans une logique de performance qui donne à voir, qui côtoie plasticiens, peintres plus classiques qui travaillent ensemble. J’aime voir comment on peut dialoguer dans ces différents qui ne sont que des apparences. Un enrichissement mutuel.” Claire Fita se dit “en admiration face au courage des créateurs. Je ne suis pas dénuée de courage (sourire) mais je n’ai pas ce talent de création…! Ça demande aussi de se livrer…”

Olivier SCHLAMA

• Depuis 2018, la Région organise le Prix Occitanie-Médicis, dont l’objectif est de découvrir, promouvoir et soutenir les talents émergents d’Occitanie sur la scène internationale. Le lauréat du concours bénéficie d’une résidence de trois mois à la Villa Médicis, d’un prix de la Région Occitanie de 10 500 € et de la prise en charge par la Région de son hébergement à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

• Les travaux de Naomi Maury, lauréate du Prix Occitanie-Médicis 2022, seront exposés à partir du 14 octobre 2023 au Musée Régional d’Art Contemporain (MRAC) à Sérignan.