En 2019, pour la première fois en dix ans, le chômage a sensiblement baissé, même si l’on reste sur un chômage de masse. Le point avec le directeur de Pôle emploi Occitanie, Serge Lemaître, qui explique également les efforts entrepris pour diminuer les difficultés de recrutement et améliorer la prise en charge des demandeurs d’emploi.
C’est un recul inédit du chômage en Occitanie. “On est encore dans un chômage de masse mais c’est la première fois en dix ans que le nombre de demandeurs d’emploi baisse autant”, explique Serge Lemaitre, directeur régional de Pôle emploi. Quelque 11 000 chômeurs de moins en un an, passant de 578 900 à 567 000 inscrits.
Pôle emploi Occitanie a enregistré 29 000 créations nettes dans la région en 2019, soit davantage que la hausse de la population active (24 000) sur un an, là aussi. “C’est la raison pour laquelle il y a une baisse du taux de chômage d’une manière significative. Y compris en volume.” Le taux de chômage continue de reculer pour s’établir à 10,1 %, (8,6 % pour l’Hexagone) en baisse de 0,6 % sur un an. “Il y a moins d’entrées dans le chômage.” Et d’avantage d’offres satisfaites : “Il y a davantage de “retours à l’emploi” : 420 000 personnes ont travaillé au moins un mois en CDD (395 000 en 2017 et 411 000 en 2018).
Les formations, mieux ciblées, répondent mieux aux besoins des entreprises. Il y a davantage de recrutements et la machine économique est repartie. On bénéficie aussi globalement d’un environnement socio-économique général qui s’est amélioré. On est dans un cercle vertueux.
Avec un élément clef : la formation. “On commence à avoir les premiers résultats des gros efforts dans la formation professionnelle. On a formé cette année pratiquement 90 000 personnes Ce qui est intéressant c’est que 62,2% de ces personnes nouvellement formées ont obtenu un emploi dans les six mois (57,5 % en 2017).” Il ajoute : “Nous travaillons très bien avec le conseil régional sur cette question. On a un accord de partenariat sur les besoins. Les formations, mieux ciblées répondent mieux aux besoins des entreprises. Il y a davantage de recrutement, et la machine économique est repartie. On bénéficie aussi globalement d’un ‘environnement socio-économique général qui s’est amélioré. On est dans un cercle vertueux.” Dans une des régions les plus attractives, démographiquement, de France. “Ce qui est vraiment nouveau, ce n’est pas que le taux de chômage baisse ; il baisse continûment depuis un an et demi. Ce qui a changé c’est la baisse du volume brut de demandeurs d’emplois.”
Les nouvelles conditions d’indemnisation, plus strictes, jouent-elles sur les chiffres ? “S’il devait y avoir un impact, c’est trop tôt pour le savoir. On est sur des chiffres du chômage à fin décembre. Et les premières mesures sont entrées en vigueur le 1er novembre. Les suivantes le seront le 1er avril.”
Nouvelle prise en charge du chômeur
Le demandeur d’emploi, lui, va bénéficier d’un traitement personnalisé et rapide. “Nous venons de signer notre feuille de route tripartite valable jusqu’en 2022. Elle a deux enjeux principaux. Répondre aux difficultés de recrutement des entreprises. Et aussi répondre aux difficultés des chômeurs à retrouver un emploi. Pour cela, on va modifier profondément la prise en charge. Aujourd’hui, un demandeur d’emploi qui s’inscrit est reçu dans le mois et a un entretien de 40 à 50 minutes avec son conseiller. Et ensuite, l’accompagnement démarre le mois suivant. Désormais, on va remplacer cet entretien par deux demi-journées. C’est ce que l’on appelle le “pack de démarrage”. C’est la rupture la plus importante de contenus, de temps consacré.”
Sortir de ses ateliers en sachant ce que l’on a déjà acquis
Serge Lemaitre précise : “Quand le nouvel inscrit viendra à ces deux demi-journées que l’on ait fait le tour avec lui de ses compétences, de ses compétences détaillées. Et comment il se situe face au marché du travail. C’est un diagnostic. Il doit sortir de ces demi-journées en sachant ce qu’il a déjà acquis ; ses savoirs-être ; ses savoirs-faire, etc. Il y aura une succession d’ateliers avec des groupes de 14 ou 15 personnes, d’animation collective et individuelle avec trois intervenants : le conseiller qui suit le demandeur, celui spécialisé dans les droits, les aides, etc., et le conseiller entreprise qui va donner des informations sur le marché local du travail.” Une sorte de bilan ce compétence express. “C’est une vision exhaustive de soi-même. Est-ce que ce demandeur a des “freins” ? Il y aura un test d’aptitude au numérique par exemple. Dans la seconde demi-journée, on démarre quelque chose. Si on doit refaire un CV, on commence tout de suite. Les conseillers entre autres nous avaient dit qu’il faut mettre le demandeur d’emploi en mouvement plus vite.“
Plus de 50 000 nouveaux inscrits chaque année
C’est une évolution très lourde pour Pôle Emploi qui chaque année enregistre plus de 55 000 nouveaux inscrits par an. “Il faut au moins trois mois de préparation pour démarrer. Car on prévoit des choses mais il faut sans arrêt s’adapter. Il faut se mettre au niveau des publics. Il n’y a pas de modèle. Nous commencerons par les nouveaux inscrits et après nous élargirons le dispositif à ceux qui se réinscrivent. Le but c’est que ce pack de démarrage soit proposé à un maximum de personnes. Deux de nos 77 agences ont démarré depuis novembre : Carmaux (Tarn) et Alès Avène (Gard). Dix-huit autres les rejoindront en avril et la totalité au plus tard fin mars 2021″ Les retours “qualitatifs” des demandeurs d’emploi de ces deux agences sont “excellents”, selon Serge Lemaitre.
Gros efforts en faveur des entreprises
“Au niveau national, Pôle emploi a recruté 1 000 personnes, dont 90 conseillers pour l’Occitanie, tous affectés sur des conseillers entreprises. On en avait 470, ils sont 560. Soit + 23 %. Avec un objectif clair qui nous a été fixé : aujourd’hui quand une entreprise poste une offre d’emploi, en moyenne, on met 39 jours pour trouver et recruter le candidat. À l’horizon 2022, on doit diminuer ce temps de dix jours : à 29 jours pour limiter les difficultés de recrutement des entreprises. Avec une obligation, dans le mois qui suit, si l’entreprise n’a pas trouvé, un conseiller l’appelle systématiquement pour lui proposer un plan d’action, comme une formation.”
Olivier SCHLAMA