Millésime bio : Se retrouver (enfin !) et trinquer en faisant tinter les verres

A la santé du Millésime bio 2022 ! Photo DR

Au cœur de l’Occitanie, première région viticole bio de France, Millésime bio 2022 accueille plus de 1450 exposants venus des grandes nations productrices de vins biologiques telles que l’Espagne, la France, l’Italie, mais aussi des représentants du nouveau monde viticole ou à l’avenir prometteur…

“Les affaires ont repris avec une intensité forte” dès le premier matin de Millésime bio, comme le souligne Jeanne Fabre, présidente de la Commission MillésimeBio : “C’est avec un immense plaisir, vous l’imaginez, que nous avons accueilli les pemiers visiteurs au Parc des Expositions de Montpellier. Nous avions raison : l’attente était forte, exposants et visiteurs étaient au rendez-vous, impatients à l’idée de dégustations retrouvées. L’ADN de Millésime Bio est plus que jamais d’actualité : permettre l’échange simple mais efficace qui a fait de nous, au fil des années, la première place mondiale de business des vins et autres alcools biologiques.”

Plus de 1450 exposants et le plaisir des retrouvailles

L’inauguration de Millésime bio 2022, c’est Jean-Louis Cazaubon (vice-président de la Région Occitanie) qui a coupé le ruban… Photo Ph.-M.

Un sentiment que confirme Isabelle Mangeart (vigneronne du Clos des Nines, à Fabregues dans l’Hérault) : “J’attendais avec grande impatience de revoir mes clients qui pour la grande majorité, étaient là : canadiens, danois, hollandais, belges, roumains… Ils étaient au moins aussi contents que moi de revenir. Cela fait du bien de reprendre les relations et les échanges en face à face. J’ai également rencontré pas mal de prospects, qui sont venus me voir suite à leur passage par l’œnothèque.”

On pourrait certes abreuver le lecteur de chiffres et de statistiques (rassurez vous, il y en a, à lire plus bas) mais en cette année de retour au présentiel, c’est avant tout d’humain et de rencontres que l’on a envie de parler. Et les rencontres, il y en avait pléthore à faire, parmi les plus de 1450 exposants présents. Notamment avec les producteurs de produits “pas comme les autres…”

Une alternative aux alcools, sodas et autres

Rencontre, d’abord, avec Annick Devaux qui propose de découvrir et savourer son Bubbly Rosé, “rêvé en Belgique et réalisé en Italie…” une boisson 100% raisin bio, à seulement 1,5% d’alcool qui propose une alternative pour ces moments où l’on “a envie ni d’alcool, ni de soda, ni de café !” C’est en 2016 que cette belge a eu l’idée, alors qu’elle pédalait entre Bruxelles et Lucca en Italie…

Annick, au centre, sur le stand d’Annick Ethic drinks, à Millésime bio. photo Ph.-M.

“En Toscane, j’ai vu tant de fruits non récoltés je n’avais qu’une envie : trouver une boisson naturelle qui renforce mon énergie physique et mentale et qui permette de ne plus gaspiller (…) Annick Bubbly Rosé est né de ce désir de boire quelque chose d’agréable, seul ou entre amis, lorsqu’un bon verre d’eau pure ne suffit pas”, raconte-t-elle.

“J’ai compris que la fermentation contrôlée constitue le mode de conservation à la fois le plus antique et le plus moderne et le moins énergivore. En effet, la fermentation mieux que tout autre méthode de conservation préserve les qualités nutritionnelles et organoleptiques des aliments et des boissons. J’ai donc entamé des recherches et de nombreuses expériences dans ma cuisine à Marta, sur le lac de Bolsena et dans le laboratoire de l’Université de Viterbo avec des fruits comme le melon, la pomme, le kiwi, la mûre pour en arriver à la magie du raisin”  poursuit Annick.

“Et puis, grâce à David Volterrani de San Miniato qui nous a mis à disposition ses installations et son savoir-faire, nous avons développé une nouvelle méthode de production d’une boisson naturellement pétillante à très faible degré d’alcool, sans utiliser de conservateurs synthétiques, sans aucun traitement thermique, ni pasteurisation.” Pari gagné pour la pétillante Annick et Ethic Drinks à découvrir !

La “meilleure bière du monde” est bio et… Catalane !

Cap d’Ona, la bière catalane qui séduit le monde entier ! photo Ph.-M.

Non loin de là, des bulles encore. Mais celles-ci sont catalanes ! Tous les amateurs de bière connaissent la brasserie Cap d’Ona, à Argelès-sur-mer. Avec sa gamme de près de 30 bières aux parfums des plus classiques au plus surprenants, la marque a déjà conquis de nombreuses médailles internationales. en particulier aux prestigieux World Beer Awards, ce qui lui permet de s’afficher “meilleure bière du monde” !

Particulièrement mises en valeur, à l’occason de ce Millésime bio 2022, la gamme Wood Aged. Des bières vieillies en foudre de grands vins qui “sont le sommet de la créativité et de la technicité de la brasserie” catalane. Ces créations récentes sont vieilliées de 12 à 24 mois dans des barriques de Nuits-Saint-Georges, développant des arômes et des saveurs fruitées partisulièrement gourmandes…

Plus subtile encore,  une brune de dégustation, non filtrée doublement vieillie en foudre de Nuit-Saint-Georges et en barrique de grand Maury rouge. Embouteillée dans l’élégante bouteille Celeste, “son double vieillissement lui confère son caractère unique et une explosion aromatique en bouche. Étonnant mariage entre la puissance et la douceur. Cette bière a obtenu la médaille d’or à l’international Beer Challenge, une médaille d’or au France Beer challenge, et enfin une médaille d’or aux célèbres World beer Awards, précise avec fierté l’équipe de Cap d’Ona, présente sur le stand de Millésime bio.

Montrose, Histoire, tradition excellence et innovation

Mais le vin est naturellement le premier sujet de l’événement. Et le stand du Domaine Montrose, démontre que l’on peut être solidement ancré dans la tradition sans pour autant perdre de vue les nouvelles perspectives de consommation.

Les canettes de Solis Lumen, le pari d’avenir du Domaine Montrsoe. photo Ph.-M.

En effet, “dès le XVIee siècle on produisait du vin à Montrose, comme en témoignent les cuves souterraines situées sous la cave. En 1701, notre ancêtre Joseph Alazard, reçut le blason des Trois Lézards. Pour lui rendre hommage, ils ornent aujourd’hui toutes les bouteilles du domaine”, précise-t-on du côté de Tourbes, dans l’Hérault, où la famille Coste est propriétaire du domaine depuis neuf générations !

Ainsi, à côté de sa cuvée artisanale d’exception “1701” et de ses vins emblématiques en bouteilles, Montrose ose jouer la carte de la canette ! Comme le souligne Geoffrey Cohen, “c’est la deuxième année que le Solis Lumen (IGP Pays d’oc, NDLR) est proposé en canettes de 25 cl. Cela marche très bien auprès des food-trucks. et c’est bien reçu par les jeunes générations. Nos canettes sont bio et leur conditionnement les rend très facilement transportables.” La production est actuelement de 7000 à 8000 canettes…

Des exposants venus de nombreux pays

Des canettes, on commence en effet à en voir sur quelques stands. Par exemple, celui de la Cantina Pizzolato qui produit des vins bio depuis 1991. Ici c’est Guillaume Petit, le distributeur français (installé dans le Var) qui accueille les visiteurs attirés par la très esthétique gamme de bouteilles de cette maison italienne qui produit 5 millions de bouteilles.

La Cantina Pizzolato, l’un des nombreux exposants étrangers présents à Millésime bio 2022. Photo Ph.-M.

Prosecco et spumante, vins rouges et blancs, vins sans sulfites ajoutés, grappas, passiti et bitters, mais aussi la ligne des vins Piwi, de l’acronyme allemand Pilzwiderstandfähig (vigne résistante aux champignons), qui “représentent l’étape d’un voyage dans un monde encore inexploré qui, nous en sommes sûrs, marquera le début d’une nouvelle ère de la viticulture.”

Toute une production qui illustrent un véritable “art de vivre” et qui symbolise à merveille la philosophie que l’on croisait au détour de chacune des allées de ce Millésime bio 2022 à l’humanité pleinement retrouvée.

Philippe MOURET

L’évolution de la consommation de vin bio

L’un des éléments forts de ce Millésime bio 2022, c’est le résultat de cette étude Ipsos pour Millésime bio et l’Observatoire européen de la consommation de vin biologique. Il en ressort que les préoccupations environnementales atteignent un sommet. En 2015, 73 % des Européens se disaient préoccupés par le futur de la planète. Ils sont 81 % aujourd’hui. Aussi, les critères de consommation des Européens évoluent-ils rapidement…

77 % des Européens (+ 2 points) considèrent désormais qu’il est important de connaître l’origine des produits alimentaires qu’ils achètent. 63 % estiment que le bio est meilleur pour leur santé (+ 6 points). La même proportion d’Européen est prête à payer plus cher pour des produits qui contribuent à préserver l’environnement (+ 6 points).

Ces chiffres sont en hausse partout, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni.
Conséquence : la consommation de produits bio progresse. 48 % des Européens (+ 11 points) déclarent en acheter souvent. Les Français sont les meilleurs : 53 % achètent souvent des produits bio (+ 15 points en six ans soit une augmentation de 39 %).

39% des européens

ont déjà consommé

un vin bio”

73 % des Européens ont consommé du vin au cours des six derniers mois contre 82 % en 2015. Mais si la consommation de vin baisse, celle du vin bio croit. 29 % des Européens l’ont ainsi intégré à leurs habitudes, contre 17 % en 2015. Les Français sont même 36 % à en consommer de façon habituelle, régulièrement ou de temps en temps, contre 17 % en 2015 : c’est plus du double !

Et ces chiffres sont appelés naturellement à grossir puisque le consommateur de vin bio est structurellement plus jeune que le consommateur de vin moyen. Les Français sont plus nombreux (54 %) que les Allemands (33 %) et les Britanniques (29 %) à avoir eu l’occasion de goûter à un vin bio.

46% des moins de 35 ans ont déjà consommé un vin bio. Huit points séparent ainsi les moins de 35 ans (46 %) et les plus de 55 ans (38 % seulement). Le niveau d’éducation est un autre facteur de disparité : 48 % des plus diplômés ont déjà consommé du vin bio contre 25 % des moins diplômés.

Le lieu de résidence aussi crée des écarts : ainsi 75 % des habitants de l’agglomération parisienne ont déjà eu l’occasion de goûter à un vin bio, c’est près du double de la moyenne européenne (39 %).

61% des européens

considérent que le vin bio

est plus respectueux

de l’environnement”

Dans un contexte de montée en puissance des préoccupations environnementales, le premier levier de consommation est partout l’empreinte écologique du vin bio. Ainsi, parmi les principales motivations à consommer du vin bio, 58 % des consommateurs allemands, 54 % des français et 50 % des britanniques citent le respect de l’environnement.

Toutefois, les critères se diversifient depuis 2015. Ainsi la dimension équitable prêtée au bio, dont on sait notamment qu’il crée plus d’emplois que le conventionnel, est une motivation majeure pour 35 % des Européens : c’est six points de plus en six ans.

2,90 €, le surcoût

consenti pour

l’achat d’un vin bio”

En moyenne, les Européens dépensent 13,90 euros pour un vin bio contre 11 euros pour un vin non bio. L’écart se creuse donc. En 2015, il était de 90 centimes. Cette dynamique est probablement à relier avec les débats en cours relatifs à la juste rémunération des producteurs et plus largement avec le consentement à payer plus cher pour consommer mieux. Aujourd’hui, 63 % des Européens (consommateurs ou non) sont prêts à payer plus cher pour des produits qui contribuent à préserver l’environnement, contre 57 % en 2015.

Enfin, 22 % des Européens ont déjà goûté une bière bio dans les pays interrogés, et même 30 % des Français. 16 % en achètent régulièrement ou de temps en temps. Les Français sont 24 % ! Si la curiosité est le premier levier, l’environnement arrive en suivant : il s’agit en effet d’une raison d’avoir déjà essayé la bière bio pour 38 % des consommateurs (42 % pour les consommateurs français).

Méthodologie : enquête menée auprès de 3 000 personnes de 18 ans et plus (1 000 pour l’Allemagne, 1 000 pour la France et 1 000 pour le Royaume-Uni) constituant un échantillon représentatif des populations concernées. Du 22 septembre au 8 octobre 2021. Échantillon interrogé par Internet. Méthode des quotas : sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, région et catégorie d’agglomération. (réalisé par Ipsos).

La viticulture bio en France

Les nouveaux chiffres du vin bio en France confirment le boom du secteur. Entre 2012 et 2020, les surfaces (x2.1) et les ventes ont plus que doublé. La filière a vu son chiffre d’affaires dépasser les 1,2 milliard d’euros, tiré par une offre particulièrement
dynamique, qui grossit au rythme des conversions, et une demande de plus en plus soutenue, tant sur le marché français qu’à l’export. La France est d’ailleurs devenue le premier vignoble européen cultivé en bio, dépassant l’Espagne.

Dans un contexte positif de progression de l’agriculture bio française toutes filières confondues avec 2,5 millions d’hectares cultivés en bio (soit 9,5 % de la SAU française), le secteur viticole tire bien son épingle du jeu. Le vignoble cultivé en bio a progressé de 22 % par rapport à 2019, dépassant 137 000 ha en bio (AB + conversion) en 2020, répartis au sein de 9 784 exploitations (+ 21 % vs 2019).  Au total, fin 2020,
les surfaces certifiées en bio et en conversion représentaient plus de 17 % du vignoble national.

Une dynamique très positive

Le bilan de l’année 2020 est très positif. On note en effet une forte progression des conversions de vignobles : en 2020, 3186 nouvelles exploitations se sont engagées en bio contre 1313 en 2019, 891 en 2018, 572 en 2017 et 87 en 2016. Les conversions du vignoble à l’agriculture biologique progressent largement avec une augmentation de 27 % des surfaces en première année de conversion, soit 26 564 ha.

Cinq vignobles représentent 79 % des volumes mis sur le marché (Languedoc-Roussillon, Rhône, Bordeaux, Provence et Corse). Le rendement moyen est en hausse par rapport à l’année précédente et les surfaces ont légèrement augmenté, en raison de nouvelles conversions et de jeunes vignes arrivées en production.

L’Occitanie représente

37% des surfaces

viticoles bio françaises”

L’Occitanie représente 37 % des surfaces viticoles bio françaises, soit 51 101 ha (certifié AB + conversions) et environ 1.4 million d’hl de vin biologique en 2020, ce qui en fait la première région française productrice de vin bio tous secteurs confondus.

Tiré par une demande dont la dynamique tend à excéder la progression des capacités de production, le marché du vin bio en France affiche un taux de croissance annuel moyen de 13 % en valeur sur la période 2012-2020.

Des circuits de distribution diversifiés

La valeur des achats de vins biologiques par les ménages en France a été estimée à 1.103 milliard d’euros en 2020, en augmentation de 13 % par rapport à 2019. Le vin bio représentait 4,7 % de la consommation de vin en France (en volume, d’après les données OIV 2018 sur la consommation en France). Il représentait 6,7 % des volumes exportés depuis la France et 4,8 % en valeur.

45 % des ventes de vins bio (en valeur) étaient effectuées via la vente directe et 10 % en magasins spécialisés bio. Les autres circuits sont, dans l’ordre, les cavistes (23%) et la GMS (21 %). Le secteur des vins bio est le seul pour lequel la vente directe est le circuit de commercialisation principal.

On en a parlé dans Dis-Leur !

Économie / Vin : Confiants dans l’avenir, les professionnels s’apprêtent à (re)faire salon

Vins : Un Millésime bio 100% digital, pour soutenir la filière