L’événement que va accueillir (du 24 mars au 10 avril) le Mémorial du camp de Rivesaltes assume pleinement son parti pris : L’exposition “Terres fraternelles : Chemins d’Occitanie” propose “une lecture de l’histoire de l’Occitanie à travers des exemples et des engagement humains lumineux. L’exposition présentera (…) un panel, non pas exhaustif mais engagé, des épisodes marquants de solidarité et de fraternité en Occitanie, afin de les donner à voir à la jeunesse des collèges, lycées et universités.”
“Le cheminement de l’exposition dans l’histoire de l’Occitanie (1) permettra de comprendre comment, pourquoi et dans quelles conditions des femmes et des hommes ont choisi la fraternité au lieu de l’exclusion, l’universalité des valeurs au lieu de l’intérêt personnel ou de classe, l’entraide et l’accueil au lieu du rejet et de la violence. Plus qu’un parcours de mémoire, il s’agit de partager avec nos anciens la certitude de notre fraternité…”
De l’Aurignacien à nos jours, une terre d’accueil
L’idée de cet événement est à mettre au crédit de l’association Les militants des savoirs, créée il y a dix ans par trois universitaires, qui s’est engagée dès le début dans la démarche de la Fondation Anna Lindh pour la paix et la culture en Méditerranée.
Cette exposition itinérante comprend vingt panneaux (kakemonos) présentant, de
l’Aurignacien à nos jours, des gestes fraternels en Occitanie. Ces panneaux sont réalisés avec l’aide de douze historiens occitans et sont accompagnés d’un guide pédagogique.
Le projet comprend, également un ouvrage d’historiens (à paraître aux Éditions Loubatières), une bande dessinée sur les Justes d’Occitanie de Pierre-Roland Saint-Dizier et Alberto (chez Elidia éditions) et le récital Ami(e) entends-tu ? (*), co-écrit par Éric Fraj et Séraphin Alava (qui accompagnera le vernissage de l’exposition, le 4 avril).
L’exposition partira ensuite sur les routes d’Occitanie
Financée à travers un projet de budget participatif de la Région Occitanie, l’exposition fait donc l’objet d’un lancement au Mémorial du Camp de Rivesaltes dans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, avant d’entamer une itinérance dans les établissements scolaires, les Maisons de Région et différentes communes d’Occitanie.
“L’Histoire, nous le savons bien, n’est pas le récit exact de ce qui fut alors, dans son immédiateté, ni dans sa logique. Ce qui est subvenu est fait d’actes, de décisions, de hasards et d’existences forgeant ce réel que l’historien s’efforce d’approcher” précise Séraphin Alava, professeur émérite de l’Université de Toulouse et président de l’association Les Militants des Savoirs.
Simone Weil, Jean Jaurès, Olympe de Gouges… Et les mots pour le dire
Pour cela, plusieurs “grands témoins” historiques ont été convoqués, afin d’illustrer cet engagement à travers “le” mot qu’ils incarnent. A commencer par la philosophe Simone Weil (“Occitanie”) qui écrivait dans L’inspiration occitane (Les Cahiers du Sud, 1943) :
“Après le Xe Siècle (…) l’extraordinaire brassage accompli depuis la chute de l’Empire romain pouvait dès lors porter ses fruits. Il ne le pouvait nulle part au même degré que dans ce pays d’oc où le génie méditerranéen semble s’être alors concentré. […] Les richesses spirituelles affluaient de toutes parts sans obstacle (…) l’influence arabe pénétrait facilement dans des pays étroitement liés à l’Aragon ; un prodige incompréhensible fit que le génie de la Perse prit racine dans cette terre et y fleurit, au temps même où il semble avoir pénétré jusqu’en Chine…”
Mais aussi l’incontournable Jean Jaurès (“l’étranger”), Vladimir Jankélévitch (“l’antisémitisme”), l’abbé Grégoire (“l’esclavage”), Olympe de Gouges (“l’égalité”), Gaston Monnerville (“le racisme”), Jean-Paul Rabault (“la tolérance”)…
Le Mémorial du camp de Rivesaltes, point de départ idéal
Quel lieu, mieux que le Mémorial du camp de Rivesaltes, pouvait accueillir les premiers pas d’un tel événement ? Nul autre sans doute. En effet, le Mémorial est un lieu d’histoire et de mémoires, ouvert sur le monde contemporain. Un lieu qui, à travers ses expositions et sa programmation -scientifique et culturelle-, a pour vocation “la diffusion de la connaissance historique, notamment à destination de la jeunesse.”
Philippe MOURET
(*) Présenté comme “une promenade dans la chanson occitane et d’Occitanie” qui met “en avant l’apport de la poésie et de la culture dans la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de xénophobie. Une heure de musique permettant de se confronter au pouvoir des mots contre les maux, de Claude Marti à Big Flo & Oli en passant par les chants de la Retiradaet des troubadours.”
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