Livre : Dans la Vie Dévorée, Olivier Martinelli propose une poésie de l’espérance

Olivier Martinelli. Ph. DR.

L’écrivain sétois sort un nouveau livre où l’écriture est une épure. Une ode à la vie. Une réussite. Il sera suivi d’un album de chansons !

De l’angoisse pure à la poésie pure. Il y a, désormais, du génial Henry Bauchau chez Olivier Martinelli. Le rock, le rythme, oui, oui, tout ça c’est entendu. La sincérité y est comme toujours à fleur de peau, itou. Mais, désormais, il y a aussi autre chose : une poésie de l’espérance. Avec une simplicité et un oxygène rares. John Fante, encore oui il est toujours présent ; ou bien Céline, le conteur de la noirceur de nos âmes, qui s’y est aussi penché.

Cette poésie de l’espérance nous joue une musique que l’on fait sienne sans y penser

Les saynètes de son nouvel opus s’affranchissent désormais de ses quelques mots que chacun distille comme fétiches ; de ces bouées littéraires que tout romancier garde secrètement par-devers lui comme un nageur son pull buoy et fait usage comme d’un produit magique à incorporer au dernier moment. Comme une recette secrète. Mais à la manière d’un Harry Potter qui use de sa baguette : de façon innée, sans y réfléchir. Olivier Martinelli n’a plus besoin de baguette de sorcier : c’est un magicien de l’émotion ; ses mots sont redoutables de force. De puissance. Sa Vie Dévorée, c’est sa vie d’écrivain libérée ! On parle ici de son écriture, malheureusement pas encore de ce foutu cancer. Cette poésie de l’espérance nous joue une musique que l’on fait sienne sans y penser. De l’épure.

Tous ces mots empruntés à la nuit sont des lettres à mes enfants, un ensemble de phrases que j’aimerais qu’ils gardent de moi”

Son nouveau livre, c’est une édition augmentée de L’Homme de Miel à laquelle il a adjoint sa nouveauté : la Vie Dévorée. C’est la vie à pleines dents. Entre les deux, dix ans. De souffrance. De réflexions. D’inclinaison vers de l’humanité pure. On passe du héros Marvel, du footeux hargneux à la douceur immaculée du mot-force : “Mon cerveau embrumé ignore si ces phrases arrachées à mon sommeil sont de qualité. Le matin les éprouvera. Il les approuvera ou les foulera aux pieds. J’ai confiance en son jugement. Tous ces mots empruntés à la nuit sont des lettres à mes enfants, un ensemble de phrases que j’aimerais qu’ils gardent de moi.”

Talent minimaliste

Du myélome au miel-homme. L’homme de miel entre désormais dans la catégorie des hommes de lettres. Il faut lire ce passage sur ces lettres, justement qu’il écrit à ses enfants et qu’il déchire chaque soir. Déchirant de vérité et d’amour. Avec un minimum de mots, avec son talent minimaliste Olivier Martinelli “ne roule plus des mécaniques” face à la maladie. Sa parole se libère, la réflexion sincère s’impatronise. Et pourtant, Olivier Martinelli avoue avoir été “dans le même processus d’écriture qu’au moment de l’Homme de Miel, paru en 2017. J’avais déjà entamé ces chroniques-là…”

On y sent une pleine conscience. Davantage de lâcher prise. Les “double noeud”, comme il l’écrit, c’est fini. C’est une ode à la vie : “Cours, écris, mets de la vitesse dans ta vie…”, ordonne-t-il. C’est ce que fait Olivier Martinelli qui avoue être “sorti grandi de cette épreuve” et pas seulement parce que sa vertèbre en titane est plus grande… C’est parce qu’il mord dans la vie. Parce que même avec la mort qui le tanne de son inavouable vitalité, Martinelli arrive à tisser des liens qui nous libèrent. “Éternel optimiste”, Olivier Martinelli attend un traitement idoine.

Et maintenant un album !

Comme ses chansons (un album est bientôt en phase d’impression et disponible sur les plateformes), certaines en talk over (paroles sur musique). Très réussie, cette poésie chantée ! “J’étais parti pour réaliser cet album tout seul, confie-t-il ; j’avais passé une semaine de résidence en Bourgogne, chez une cousine. Et quand j’en suis sorti – j’ai été entouré de deux super musiciens – tout le monde m’a dit que c’était très bien. Et même des professionnels m’ont certifié qu’il fallait le présenter à des labels. J’ai été un peu grisé. Je me suis donné le temps de le proposer à des maisons de disque mais, bon, avec la crise du disque…” L’album est en écoute sur Soundcloud (ci-après). Jetez un oeil aussi à ses deux clips, Super Héros, et Arabesque : mariage réussi entre rock et de danse classique, où apparaît, sa fille Liz, magnifique danseuse, qui a même composé un morceau.

Olivier Martinelli a sa définition, tout en poésie, de la littérature, chantée ou non : “La littérature, c’est mon miel, ma violence. C’est mon sang, mes plaies, mes cicatrices. C’est une bouée jetée dans une mer démontée”… Universel. Car avoir une véritable vie, c’est avoir une vie d’amour. Comme le définissait le philosophe Vladimir Jankélévitch, “une existence sans amour (…) serait une mort perpétuelle”.

Olivier SCHLAMA

  • La Vie Dévorée, Kubik Editions

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