{Modifié le 1er septembre avec la réaction d’Arnaud Viala, président du département de l’Aveyron}. “Le viaduc a placé Millau sur la carte du monde” : c’est la maire Emmanuelle Gazel qui emploie cette formule. L’ouvrage superstar a révolutionné l’image de la cité gantière tout en irriguant davantage le territoire économico-touristique. Vingt jours d’animations commencent lundi avec notamment un concert de Yannick Noah au pied du viaduc et le funambule Nathan Paulin…

Le viaduc, c’est notre Tour Eiffel !”, formule une Millavoise qui fit partie du demi-million de visiteurs du chantier qui dura trois ans. Il est loin le temps des fameux “bouchons de Millau” qui faisaient peur à la France en vacances qui débarquait dans le Sud en été ! Il est loin le temps des oppositions politiques au viaduc… !

On a l’impression que l’ouvrage, longtemps plus haut pont – payant – multi-haubanné du monde, de près de 2,5 km et haut de 343 mètres (1), a toujours existé et qu’il a toujours enjambé les gorges du Tarn ; comme s’il y avait poussé avec le reste de cette belle nature depuis la nuit des temps…! Il se fond littéralement dans le paysage. Dire que pendant des années, on ne savait même pas où poser son incroyable tablier ; que l’on avait peur de défigurer ce paysage millénaire. C’était il y a à peine 20 ans. Si loin, si proche.

Riche programme de festivités sur vingt jours

Maire de la cité gantière, qui organise un riche programme de festivités (lire ci-dessous), Emmanuelle Gazel valide. “Tout à fait, réagit-elle. L’ouvrage s’insère parfaitement dans notre territoire. Et on a l’impression qu’il a toujours été là. On avait beaucoup de crainte à l’époque ; il y a eu beaucoup de difficultés d’acceptation de cet ouvrage. La prouesse architecturale de l’architecte Norman Forster y a été pour quelque chose. Le viaduc s’intègre parfaitement et qui vient presque magnifier nos Causses. C’est une véritable réussite à tout points de vue.”

L’immense pont autoroutier, un chef d’oeuvre qui serait très rentable avec plus de un million de véhicules par an qui l’empruntent, a ouvert à la circulation le 16 décembre 2004, est devenu le site le plus visité en Aveyron. Il s’est imposé comme un atout. Fait de béton et d’acier, avec ses sept piles démesurées, il relie le Causse Rouge au Nord au Causse du Larzac au Sud. On ne voit que lui à des kilomètres à la ronde, parfois, les haubans dans les nuages…

Le viaduc a révolutionné l’image de Millau

Entièrement financé par la compagnie privée Eiffage – qui dispose d’une concession jusqu’en 2079 – pour 400 M€, le viaduc, superstar permet, en outre, de relier Clermont-Ferrand à Béziers, via la A 75. Avant 2004, Millau faisait la Une de la presse pour ses bouchons ; la cité était associée à la figure contestataire de José Bové qui avait démonté le McDo de la ville et à la lutte du Larzac. Le viaduc a révolutionné l’image de Millau.

Avec le viaduc, le tourisme marche sur deux “jambes”

L’impressionnant ouvrage, toujours selon la maire de Millau, Emmanuelle Gazel, fait sans le vouloir la promotion d’un tourisme qui a la chance de s’appuyer sur deux “jambes” aujourd’hui. Le viaduc, monument phare, qui reste une attraction pour beaucoup avec même des visites organisées et sur ce qui a fait déjà depuis longtemps à Millau : la capitale des sports de pleine nature – avec le Trail des Templiers, les Natural Games, les 100 Kilomètres de Millau et les multiples activités de plein air qui y existent et s’y développent. De quoi tisser des liens étroits entre les deux.

“Le viaduc a placé Millau sur la carte du monde”

Emmanuelle Gazel exprime à nouveau : “Il y a toujours l’effet viaduc, un peu moins que les toutes premières années mais l’intérêt de cet ouvrage, c’est qu’il a placé Millau sur la carte du monde. Maintenant, où que j’aille, on connaît la ville ; Millau n’est plus le point noir de circulation sur le trajet des vacances qu’il fut par le passé. Mais un lieu de destination.” Une révolution. “Tous les gens qui sont venus pendant les travaux ou juste après, ils ont aussi découvert notre territoire avec sa richesse naturelle, son environnement, toutes sortes de loisirs nature liés aussi aux sports en extérieur. Il y a aussi le côté culturel avec la mise en lumière de nos métiers d’art, par exemple.”

“Toute la vie économique du département a été impactée”

L’aire du viaduc de Millau (500 000 visiteurs par an) serait devenu le site touristique le plus visité du département, devant la cathédrale de Rodez et le musée Soulages pour lequel de nombreux visiteurs viennent pourtant de loin. Dans le Monde, l’Agence d’attractivité économique de l’Aveyron, que nous avons tenté de joindre, en vain, comme le conseil départemental, itou, va plus loin : “L’ensemble de la vie économique du département a été impactée durablement par la construction du viaduc, avec une augmentation de l’offre touristique, une montée en gamme des hébergements, ou encore l’implantation et la création de nouvelles entreprises.”

“Cela a permis de faire redécouvrir notre territoire”

Le viaduc a-t-il donné un second souffle à ce territoire ? A-t-il remis en lumière des activités ancestrales comme le travail du cuir…? Au Roquefort ? “Cela a permis de faire redécouvrir notre territoire. Millau est devenue une véritable destination touristique avec les gorges du Tarn, des sports de pleine nature qui s’y développent, c’est très fort. Cette notoriété vient aussi du viaduc.” Au point d’imaginer des coopérations gagnant-gagnant avec tous les voisins de l’Aveyron ? “Nous sommes déjà labellisés Grand Site d’Occitanie avec trois lieux emblématiques : le viaduc, les caves de Roquefort et le Parc naturel des Grands Causses qui comprend l’ensemble du Sud Aveyron. Nous avons déjà tissé ce lien.”

“1,6 million de nuitées en 2024, trois millions de visiteurs”

Difficile de quantifier de cet engouement économico-touristique et l’évolution du nombre de touristes : “Les marqueurs ont changé en vingt ans ; les gens vont davantage sur internet pour trouver leurs infos qu’ils ne poussent la porte de l’office de tourisme. Mais depuis que je suis en fonction chaque année, le nombre de touristes augmente chaque année. Nous avons ainsi 1,6 million de nuitées en 2024 et trois millions de visiteurs. C’est une hausse de 40 000 nuitées par rapport à 2022, par exemple. Mais la hausse est régulière sur les quatre dernières années au moins.” Un peu aussi la conséquence de l’effet covid qui avait “empêché les gens de prendre l’avion” et a permis à certains de (re)découvrir les pépites de notre région. Arnaud Viala, président du département de l’Aveyron, partenaire des festivités.

“Beaucoup d’entreprises se sont installées le long de son linéaire et pas seulement autour de Millau”

L’ancien député détaille : “Ce viaduc est une chance pour le développement économique. En premier lieu parce qu’il a parachevé le désenclavement du département autour de l’axe de l’A 75, vers Paris et la Méditerranée. Beaucoup d’entreprises se sont installées le long de son linéaire et pas seulement autour de Millau. Cela s’est passé par cercles concentriques jusqu’aux frontières du département. C’est une fierté pour les Aveyronais. Nous avons saisi l’occasion pour “rafraîchir” l’aire du viaduc qui est propriété du département et sur laquelle nous avons comme locaux une ferme caussenarde. Elle dispose d’un grand hall d’accueil dont nous allons nous servir pour accueillir des événements.”

“Rayonner et de faire rayonner notre territoire au niveau national et international”

Quant aux festivités, il est un événement “populaire et festif” qu’Emmanuelle Gazel aime à retenir : “Le concert gratuit de Yannick Noah, au pied du viaduc, sur notre site de la maladrerie. Et puis on avait vraiment envie que ce soit une fête populaire et un moment de partage. Yannick Noah l’incarne comme il incarne la générosité.” Parmi les événements, il y aura aussi Nathan Paulin, le funambule de l’extrême, d’une pile à l’autre du viaduc avec la promesse d’images exceptionnelles ! “L’idée de ces vingt ans du viaduc est de rayonner et de faire rayonner notre territoire au niveau national et international ; c’est aussi ce que nous a apporté le passage de la flamme olympique sur le viaduc.”

Olivier SCHLAMA

• (1) Ce viaduc multihaubané a été dessiné par l’architecte britannique Sir Norman Foster et conçu par l’ingénieur français Michel Virlogeux. Il culmine à 343 mètres de hauteur et s’étend sur 2 460 mètres. Il est composé de sept piles en béton et d’un tablier en acier. Sa construction a nécessité 85 000 m3 de béton et 36 000 tonnes de charpente métallique. Il aura fallu quatorze ans de préparation, trois ans de construction (2001-2004), la mobilisation de toutes les branches d’Eiffage et l’engagement de près de 600 compagnons au plus fort des travaux pour le réaliser. Son inauguration par Jacques Chirac alors président de la République a eu lieu le 14 décembre 2004. L’IABSE (International Association for Bridge and Structural Engineering) a décerné à Eiffage, pour la construction du viaduc de Millau, l’Oustanding Structure Award 2006, soulignant «l’élégance du viaduc et l’audace du procédé de construction utilisé”.

• Explosion des tarifs… De 6,50 € l’été on est passé à 13,30 € pour les voitures (+104,6 %)… Et à 20,30 € pour les camions (+ 125 %)…

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