Frontignan : Le futur quartier carbure à la dépollution d’une ex-raffinerie

"On est sur un projet qui va prendre dix ans", note Michel Arrouy, maire de Frontignan (23 000 habitants), lors d'une visite sur plusieurs sites jeudi 18 mars. Photos : Olivier SCHLAMA

C’est ce qui s’appelle se forger un avenir. Reconquête des friches industrielles, aide au commerce du centre-ville, déplacement de la gare envisagé sur le terrain de l’ex-raffinerie… Frontignan, 6e ville de l’Hérault, “site pilote”, s’engage dans un sacré défi, avec l’aide de la région Occitanie.

À hauteur de drone, l’emplacement a du potentiel, comme on dit : encadré par le canal du Rhône à Sète que l’on devine et la Méditerranée que l’on ressent, il y a un no man’s land de 11 hectares où volètent çà et là des herbes sèches. Une ligne de chemin de fer délimite le terrain qui supportait jadis une raffinerie. Démantelée, elle a laissé un lourd héritage : le sous-sol gorgé  d’hydrocarbures. Cette destinée aurait pu ne jamais s’éclaircir. La raffinerie appartenant à Exxon Mobil a fermé en 1986. Après une interminable bataille juridique, le chantier de dépollution a enfin pu démarrer. Pour trouver une nouvelle vocation à ces arpents. La bataille juridique a laissé place à la coopération.

Un site emblématique (…) où nous pourrons voir se développer des activités économiques et des activités de transition écologique…”

Michel Arrouy, maire de Frontignan
Carole Delga, aux côtés des élus de Frontignan, dont le maire, Michel Arrouy et l’équipe de dépollution du site. Ph : Région Occitanie.

Il faudra d’abord pas moins de quatre années pour dépolluer le site. Et au moins autant pour l’aménager. “On est sur un projet qui va prendre dix ans”, note Michel Arrouy, maire de Frontignan (23 000 habitants), lors d’une visite sur plusieurs sites jeudi 18 mars. Le maire ajoute que c’est “un site emblématique d’abord parce qu’il est dans l’axe du centre-ville ; nous pourrons y voir se développer des activités économiques et des activités de transition écologique ; de la production d’énergie propre comme un champ d’électricité photovoltaïque ; des entreprises de l’économie circulaire, etc. Tout près d’ici, aux anciens chais Botta, devrait prendre place également un miniplexe où le Cinémistral trouverait sa place avec quatre salles. C’est pour cela que nous venons d’adhérer à l’Arac.”

L’agence régionale d’aménagement et de construction (Arac), une émanation de la région Occitanie, va aider la commune à définir précisément ce projet urbain. De quoi réunir les partenaires potentiels de ce projet (agglomération, département, État, Banque des Territoires, Agence régionale de développement économique et l’agence environnement climat…)

Frontignan, “site pilote” en Occitanie

“Ce site est emblématique, a aussi repris Carole Delga. Cette ville a un riche passé industriel. “Mais il n’y a pas de fatalité. Avec notre agence, elle va pouvoir regarder vers l’avenir. Avec un objectif commun de toujours relier les gens en commençant par relier le centre ancien avec ce site industriel.” La présidente de région a aussi évoqué la possibilité d’y inclure un pôle administratif. “C’est aussi un site pilote en Occitanie”, a-t-elle précisé.

Miniplexe de quatre salles

Non loin de là, un nouveau pôle culturel et “ludique” prendra place dans les anciens Chais Botta, héritage eux aussi d’un passé économique qui se cherche un avenir. Ainsi, le Cinémistral de Frontignan, l’une des salles de référence de l’Hérault, tant pour sa programmation exigeante (Arts et essais), que pour son action de médiation, de rencontre et d’initiation des plus jeunes au cinéma. Il tient une place importante dans l’offre culturelle de la ville, qui prévoit depuis de nombreuses années de le relocaliser en proposant la création d’un miniplexe de quatre salles.

Frontignan, commune-test du dispositif Foccal

Un dossier de candidature de très bon niveau a, là aussi été déposé dans le cadre de l’appel à projet régional dit de “reconquête des friches”, dont les lauréats seront connus à l’issue de la prochaine commission permanente d’avril 2021. La ville muscatière devrait sans nul doute en faire partie. Ce n’est pas tout. Frontignan est aussi LA commune-test en Occitanie du dispositif Foccal, lancé en janvier dernier. C’est une nouvelle aide à la restructuration des commerces et de l’artisanat dans les centres-villes des petites et moyennes communes.

Les maires se sont aperçus que l’on consommait au fil des ans trop de terres, quelles soient agricole ou industrielles, et cherchent donc à valoriser certains terrains comme celui-ci”

Carole Delga, présidente de l’Occitanie

Frontignan, dont l’offre commerciale est fragile, est la première commune à l’expérimenter afin de soutenir son projet de redynamisation commerciale du coeur de ville. La Région Occitanie mobilise là encore son agence d’aménagement, l’Arac, qui doit rapidement préparer une analyse du territoire afin d’accompagner la commune. “Les maires se sont aperçus que l’on consommait au fil des ans trop de terrains, qu’ils soient agricoles ou industriels, et cherchent donc à en valoriser certains comme celui-ci. Comme installer un champ de panneaux photovoltaïques, comme c’est le cas non loin d’ici. Sur cet appel à réhabiliter les friches, nous avons déjà reçu 50 projets, dont 20 sont déjà retenus.”

“Racheter des locaux et les louer à loyers plus faibles”

L’idée est de créer un opérateur commun entre la commune de Frontignan, les intercommunalités et la région Occitanie dont le but est “de racheter du foncier commercial, des locaux en déshérence, et de le proposer, une fois réhabilité, à la location avec des loyers modérés. Et c’est nous qui allons fixer ces loyers plus faibles, permettant l’installation de nouveaux commerçants. De quoi permettre davantage de services à la population. Frontignan inaugure ce dispositif Foccal. Nous savons que dans les centres-villes l’une des solutions est d’alléger les loyers pour favoriser les installations. Nous n’étions pas satisfaits des aides classiques…”

Inspirer d’autres communes en Occitanie

“La démarche globale de Frontignan va inspirer d’autres communes en Occitanie et en France. Millau, Saint-Affrique ou d’autres communes dans les Hautes-Pyrénées qui ont ce genre de projet et qui nous ont déjà contactés”, a encore confié Carole Delga, présidente de la Région, notant que la participation de la région sur Frontignan serait de 5 M€ à 6 M€ cette année et de 10 M€ en 2022-2023.”

Un peu plus tôt dans l’après-midi, Carole Delga a aussi visité l’actuelle gare dont la configuration freine beaucoup de voyageurs à prendre le train. C’est pour cela que la Région Occitanie a lancé une étude pour faciliter son accessibilité, ce qui devrait ensuite augmenter la fréquentation de cette gare, actuellement d’un millier de voyageurs par jour, de “20 % à 25 %”, a t-elle avancé. 

Une étude sera aussi prochainement lancée pour déplacer cette gare justement sur le terrain de l’ancienne raffinerie, la rendant facilement accessible à tous les moyens de transports. “La Région Occitanie soutient ce projet ainsi que les aménagement urbains dans le cadre du contrat Bourg-Centre.”  Dans l’idée aussi de mettre sur rails le fameux et tant attendu RER littoral. Ce projet a besoin pour cela d’un dédoublement de la ligne SNCF actuelle. Un projet qui attend depuis trop longtemps, depuis fin 2017, d’être lancé.

Olivier SCHLAMA

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