Frontières : En Ariège, comme dans le Midi, la lutte contre les trafics face à une dure réalité

Contrôle routier lundi 17 février 2025 à Tarascon-sur-Ariège. Ph. préfecture de l'Ariège.

Les résultats d’un contrôle, hier, parachèvent la démonstration d’une “nette hausse des saisies” en Ariège dans un contexte où les P.-O., département proche, est la nouvelle “autoroute” de la cocaïne et où, plus généralement, le Midi est la porte d’entrée de nombreux trafics.

Hier, lundi 17 février, le contrôle routier, à Tarascon-sur-Ariège, en pleines vacances scolaires, a été payant, montrant combien les trafics sont prégnants entre la France et Andorre. C’est une nouvelle fois ce qui a été constaté, en Ariège, département limitrophe de la péninsule ibérique. Encadré par la gendarmerie de Foix, il a duré seulement environ 1 h 30.

Au final, sur ce seul contrôle, 34 véhicules et 47 personnes ont été contrôlés, deux conduites sous influence de stupéfiants ont été constatées ; une amende forfaitaire délictuelle pour conduite sous stupéfiant et une amende forfaitaire délictuelle pour conduite sans assurance ont été données. Du côté des services des douanes, 12 véhicules ont fait l’objet de fouilles approfondies, 2040 grammes de tabac de contrebande saisis.

“Nette augmentation des saisies entre 2023 et 2024, qui résulte de l’intensification des contrôles”

Simon Bertoux, préfet de l’Ariège et Olivier Mouysset, procureur de la République étaient présents avec Jean-Claude Tribolet ambassadeur de France en Andorre, Frédéric Wagner colonel de gendarmerie et Manel Peregrina, inspecteur principal de l’unité des frontières et étrangère d’Andorre, lundi 17 février 2025, sur le contrôle routier mené conjointement par les services de la gendarmerie et des douanes, au rond-point de Sabart à Tarascon-sur-Ariège.

Dans la foulée, les autorités ont établi un point de situation et effectué le bilan de la lutte contre le trafic transfrontalier. S’agissant des chiffres des saisies et des interpellations, la préfecture de l’Ariège a noté “la nette augmentation des saisies entre 2023 et 2024, qui résulte de l’intensification des contrôles sur la RN20, initiés par le préfet de l’Ariège et le procureur de la République”.

“Démarche globale de contrôle de l’importation de marchandises de contrebande, de lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité…”

Dans le détail, sur le tabac : 18 536 cartouches de cigarettes ont été saisies en 2024, soit une hausse de + 73% par rapport à 2023 (10 723 cartouches en 2023, contre 14 311 cartouches sur toute l’année 2022). Pour l’alcool : 3 032 litres d’alcool ont été saisis en 2024, soit une hausse de + 136 % (1 284 litres en 2023 et 824 litres en 2022).
Pour les numéraires : En 2024, sous l’impulsion du procureur de la République et afin de lutter contre le blanchiment, 21 090 € de numéraire ont été saisis en Ariège, soit une hausse de 37 % (contre 15 411 € en 2023).

“La lutte contre les trafics répond à une démarche globale, de contrôle de l’importation de marchandises de contrebande, de lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité en bandes organisées (dont les filières n’hésitent pas à recruter des étrangers en situation irrégulière pour les passages de tabac depuis l’Andorre) et enfin de sécurité routière sur un axe déjà très accidentogène”, rappelle la préfecture.

Contrôles du fret postal, des trains, bus…

Contrôle routier lundi 17 février 2025 à Tarascon-sur-Ariège. Ph. préfecture de l’Ariège.

Outre la multiplication des contrôles et le développement de la coopération transfrontalière, des moyens renforcés ont été mis en œuvre par les services de l’État pour lutter efficacement et avec des résultats probants contre les trafics : augmentation des opérations conjointes avec la guardia civil et la police andorrane, contrôles sur le fret postal en provenance d’Andorre, contrôles dans les trains et les bus de tourisme, contrôles des établissements et des commerces susceptibles de revendre du tabac de contrebande.

Davantage de moyens, davantage de contrôles

Une centaine d’opérations Codaf – avec plusieurs administrations ensemble – ont ainsi été menées en 2024 en Ariège. Des mesures de fermeture administrative sont systématiquement prises en cas de revente de tabac ou d’alcool de contrebande. Lors des trois opérations place nette conduites en 2024, les forces de sécurité ont également saisi du tabac et de l’alcool de contrebande d’Andorre. Et la préfecture de valider : “Le renforcement des effectifs avec la création de la brigade territoriale mobile de gendarmerie de l’Hospitalet-près-l’Andorre et l’augmentation des personnels de la brigade des douanes d’Ax-les- Thermes a contribué à l’augmentation des opérations de terrain.”

P.-O., nouvelle porte d’entrée de la cocaïne en France

Ces saisies importantes font écho aux déclaration de Jean-David Cavaillé, procureur à Perpignan, dans les P.-O., département voisin de l’Ariège : “Depuis le début de l’année, douaniers et policiers postés sur l’autoroute Barcelone-Perpignan ont déjà mis la main sur 545 kilos de cocaïne venus d’Espagne, a-t-il dit, il y a quelques semaines à l’AFP. C’est plus que sur la totalité de l’année 2023 (400 kg) et 2024 (495 kg). La multiplication de ces saisines de cocaïne atteste d’une nouvelle porte d’entrée pour cette drogue en France. Jusque là, c’est le port du Havre qui était considéré comme la principale porte d’entrée de la poudre blanche en France.”

Go fast en Méditerranée en juin 2024

Plus généralement, le Midi est une porte d’entrée de nombreux trafics. En juin 2024, par exemple, grâce à une opération conjointe franco-espagnole 2,4 tonnes de pollen de cannabis ont été saisies le 15 juin, embarqués sur go fast en Méditerranée. “C’est comme la pièce du boucher pour les amateurs de viande…”, rapportait dans dis-Leur ! Dominique Sistach, sociologue à l’université de Perpignan, à propos de ce produit beaucoup plus concentré et plus cher.

Quant au trafic de stups, hors Paris, la délinquance se concentre sur l’arc méditerranéen, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICIPort-Bou, Le Boulou, Lunel, Beaucaire, Millau, Palavas… Plus de 90 % des mis en cause pour trafics de stup l’ont été dans à peine 3,5 % des communes, selon une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur. Le département des Pyrénées-Orientales est sur le “podium”.

Olivier SCHLAMA

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